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Enquête judiciaire: selon le Dr Satish Boolell, l’ex-agent du MSM a été étranglé à mort
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Enquête judiciaire: selon le Dr Satish Boolell, l’ex-agent du MSM a été étranglé à mort
Les théories du Dr Ananda Sunnassee, de la police et d’une certaine section de la presse selon lesquelles Soopramanien Kistnen serait mort brûlé et, dépendant de la version, qu’il se serait immolé lui-même ont été malmenées au tribunal de Moka. Avant d’être écartées. Hier, Me Azam Neerooa du bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) avait des questions précises pour le Dr Satish Boolell, médecin-légiste et ex-Chief Police Medical Officer.
Est-il possible que Kistnen soit mort par asphyxie ? «Oui.» Pourrait-il s’agir d’un homicide ? «Oui.» Avant de venir à ces questions déterminantes, Me Neerooa a commencé de loin, selon son habitude. «Pourquoi y avait-il des oeufs de mouche sur le cou du défunt ?»
On apprendra que ces mouches vertes ou à viande aiment pondre dans les orifices du corps et qu’elles ne le font qu’au crépuscule et environ douze heures après le décès. Ces mouches ont permis donc au médecinlégiste de dire que selon toute probabilité, Kistnen est bien mort vendredi, soit deux jours avant la découverte de son corps sans vie un beau dimanche d’octobre 2020, le 18 pour être plus exact et à 18 h 30.
Cependant, ces nids de mouches n’indiquent pas nécessairement qu’il y avait une blessure à l’arrière du cou du malheureux. S’il y en avait une, a dit le docteur, elle se serait rapidement cicatrisée par le feu, sans pratiquement laisser de traces visibles. À la lecture du rapport médico- légal, le Dr Boolell est d’avis que de toute façon, il n’y avait pas de blessure profonde au cou de Kistnen. Ce qui le pousse à conclure que si l’ex-agent du MSM a reçu un coup à l’aide d’un objet contondant à la nuque, le coup n’était pas assez fort pour le tuer, juste l’assommer.
Mais comment est-il mort ? Réponse : «Probablement par asphyxie.» Est-il possible, demande alors l’avocat du DPP, qu’il ait été étranglé ? «Non», répond Satish Boolell – créant la stupeur dans la salle –, «pas avec les mains, car cela aurait laissé des traces si quelqu’un l’avait étranglé avec les mains et il y aurait eu des fractures au niveau des os du cou». Ce qui n’est pas le cas. Comment aurait-il alors été asphyxié sans qu’aucun des trois cartilages du cou ni la vertèbre cervicale ne soit fracturée ?
Me Neeroa revient alors sur des traces de tissus consumés par le feu retrouvées sur le cou de Kistnen. «Serait-il possible donc qu’il ait été étranglé non avec les mains, avec pression exercée sur le cou, mais à l’aide d’une large bande de tissu autour du cou ?» demande l’avocat. «Oui», répond le médecin-légiste, «ainsi, Kistnen aurait pu être asphyxié sans qu’il y ait de fractures».
Écume rougeâtre
Et la langue qui sortait de la bouche du mort serait causée, toujours selon le Dr Boolell, par la chaleur du feu, qui endurcit le muscle de cet organe et le fait sortir de la bouche de par son poids. Toutefois, s’empresse d’ajouter le médecin-légiste, il est plus probable que cette sortie de la langue ait aussi ou totalement été provoquée par une asphyxie. Il penche plutôt pour cette éventualité, au vu des traces d’écume rougeâtre qui étaient présentes autour de la bouche du défunt. «C’est le signe d’une suffocation qui engendre une activité intense du poumon qui sécrète alors cette substance qui ressort de la bouche comme une mousse rougeâtre.» Les yeux exorbités et de couleur rouge du défunt avec enflement de la conjonctive plus des signes d’éclatement des artères des voies respiratoires sont tous des indications, selon le Dr Satish Boolell, que Kistnen aurait bien été étranglé et étouffé en même temps.
Pour rappel, le Dr Sunnassee avait, lui, cité l’oedème pulmonaire comme cause possible de la mort, sans plus, alors que l’oedème pulmonaire serait une conséquence de tant de causes de décès.
À une question de Me Rouben Mooroogapillay qui représente les intérêts de la veuve Simla Kistnen, le Dr Boolell fera des observations qui laissent encore plus perplexe sur la façon dont Kistnen, même mort, a été traité. «Si j’étais en présence d’une telle mort mystérieuse, j’aurais commencé par radiographier le cadavre de la tête aux pieds.» En tout cas, intervient Me Neerooa, aucun rapport en ce sens n’est disponible.
«Je me serais assuré également», a continué le Dr Boolell, «que les mains et les pieds soient couverts de sac plastique pour prévenir toute perte de fibre ou traces.» La magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath qui écoutait attentivement les explications du médecin a alors jugé bon de faire remarquer qu’il ne semble pas que cela ait été fait. Le docteur dira à la fin, toujours en réponse à une question de Me Mooroogapillay, qu’il est plus que probable que Kistnen ait été tué ailleurs avant que son corps inerte ne soit jeté et brûlé dans un champ de cannes à Telfair.
C’est sur ces explications macabres, dérangeantes et intenables, surtout pour les proches du défunt, que la fin de la séance, mais aussi de l’enquête judiciaire sur la mort de l’ex-agent du MSM Soopramanien Kistnen, dit Kaya, a été annoncée. Le public a eu droit à un large sourire de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath qui a semblé lui exprimer sa gratitude pour sa discipline. Me Azam Neerooa et son assistante Me Aubeeluck ont pour la première fois échangé quelques mots avec des membres du public. Le soulagement se lisait sur son visage, exténué il est vrai.
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