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Affaire Kistnen - Yogida Sawmynaden: «Mo bien sagrin pou li. Mo ti prevenir li (…)»

5 septembre 2021, 19:00

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Affaire Kistnen - Yogida Sawmynaden: «Mo bien sagrin pou li. Mo ti prevenir li (…)»

Drôles de conversations entre Yogida Sawmynaden et les proches de Kistnen après la mort de celui-ci. Le lundi 19 octobre 2020, après que les proches de Soopramanien Kistnen ont appris que le corps retrouvé à Telfair pourrait bien être le sien, un de ces proches a appelé Yogida Sawmynaden au téléphone pour lui faire part de la nouvelle. Et que lui réplique l’ex-ministre ? «Mo bien sagrin pou li. Mo ti prevenir li. pa pou kapav fer narien.» Ce proche de Kistnen n’avait, à l’époque, pas bien saisi le sens des ces paroles prononcées par Yogida Sawmynaden. Pour lui, à présent, tout s’éclaire. L’ex-ministre ajoutera qu’il passera chez la famille Kistnen dans la journée, lors des funérailles. Ce qu’il fera d’ailleurs, mais juste pendant deux minutes et trente secondes, montre en main. «Une telle visite-éclair pour les funérailles de son plus ‘grand’ agent du no 8 !» ne peut s’empêcher de faire remarquer ce proche. De son côté, Simla Kistnen, l’épouse du défunt, dira en cour qu’après cette visite, elle ne verra, ni n’entendra plus Yogida Sawmynaden. «Même pas un coup de téléphone pour demander des nouvelles de la famille.»

Insensible à la mort violente de son agent

Deuxième préoccupation des proches de Kistnen aussi connu comme Kaya : Yogida Sawmynaden a affirmé au tribunal le 7 juin 2021 que le 18 octobre 2020, alors qu’il priait dans un temple à St.-Julien, il avait reçu un coup de téléphone d’une personne qu’il n’a pas pu ou n’a pas voulu identifier et que nous, nous avons pu identifier et joindre. Cette personne a informé l’ex-ministre que Kistnen était mort et que son corps avait été retrouvé. Encore une fois, l’ex-ministre s’est montré plutôt désinvolte et s’est contenté d’un «je sais»… Avant de dire qu’il allait raccrocher car il devait réceptionner un autre appel en même temps. Nous savons aussi qui l’appelait, mais nous ne pouvons divulguer son identité à ce stade…

L’homme qui en savait trop

Selon les proches de l’ex-agent, avec la conclusion de l’enquête judiciaire, qui démontre que Kaya a bien été assassiné, toutes les pièces du puzzle s’emboîtent. D’autres souvenirs de certaines conversations remontent à la surface. Pour eux, et comme il a été démontré dans l’enquête judiciaire, Kistnen était devenu trop dangereux parce qu’il en savait trop en ce qui concerne de nombreuses magouilles. De plus, il avait menacé de tout dévoiler. Ce qu’il avait déjà commencé à faire d’ailleurs. À part l’argent que Kaya attendait et qu’il ne recevait pas, il avait confié à plusieurs proches : «Mo pou pliy-pliy zot mo pou met zot dan mo pos. Zot finn tro servi mwa.» Au chapitre des dénonciations, nous disent ces proches, figure le dossier sur ces fameux Bangladais que Kistnen avait véhiculés vers différents centres afin qu’ils puissent voter lors des dernières élections générales. Pour rappel, l’organisation Rezistans ek Alternativ a saisi les autorités d’un autre élément relatif à ces mêmes élections, en l’occurrence le financement, en se basant sur le carnet de campagne que Kistnen avait remis à Bruneau Laurette.

Vu l’importance de ces documents, d’aucuns se demandent maintenant si Kaya ne s’est pas fait assassiner en raison de ce carnet de campagne. Lors de l’enquête judiciaire, on a longuement parlé de papier et d’un sac à dos que l’on ne retrouve plus et qui pourtant étaient bien sur Kistnen le jour du drame. Toutefois, l’agenda avait déjà été placé en lieu sûr, à savoir entre les mains de Bruneau Laurette. Mais les tueurs, eux, ne le savaient visiblement pas. Puisque c’est après que l’on apprendra que l’activiste social avait l’agenda en sa possession depuis août 2020.

Kistnen, alors, tué pour rien ? «Il est plus que probable, nous dit un avocat, que l’on voulait éliminer Kaya pour plusieurs raisons, y compris celles ayant trait à l’octroi de contrats pendant la pandémie de Covid.» Ces contrats constitueraient en fait le point de convergence de beaucoup de personnes appelées à la barre des témoins à Moka et qui ont presque tous donné des explications qui sont d’être convaincantes.

Sivom Arian contredit Pravind Jugnauth

C’était mercredi que Roshi Bhadain s’adressait aux journalistes, à un après l’enquête judiciaire. Alors certain moment, il a interpellé Sivom Arian, qui était très proche de Kistnen et du MSM, pour lui demander ce que Pravind Jugnauth avait déclaré exactement lors d’une fête organisée à Quartier-Militaire, le jeudi 10 décembre 2020. Sivom Arian a alors confirmé que le Premier ministre avait dit qu’il avait fait une enquête et non qu’il avait rassemblé des informations. De toute façon, «qu’est-ce que ça veut dire ‘rassembler des informations,’ si ce n’est faire une enquête ?» s’est demandé Roshi Bhadain.

Questions au Dr Sudesh Kumar Gungadin Chef du service médico-légal : «Je n’ai pas signé le rapport d’autopsie de Kistnen»

Est-ce votre signature ou paraphe qui figure sur le rapport d’autopsie de Soopramanien Kistnen ?

Non, c’est complètement faux ! Je n’ai pas signé le rapport d’autopsie. À Maurice, deux médecins ne peuvent pas travailler sur la même autopsie, même si cela se fait ailleurs. Premièrement, parce que nous ne sommes que cinq médecins légistes. Deuxièmement, chaque médecin a ses propres conclusions et opinions. Cela pourrait être la source de contradictions en cour. Il faudra voir si ce fameux document a été falsifié. J’attends la conclusion du tribunal de Moka pour décider de la marche à suivre.

C’est vous qui avez décidé que la Dr Shaila Prasad-Jankee ne ferait pas l’autopsie de Kistnen ? Si oui, était-elle au courant ?

C’est elle-même qui a envoyé le corps du défunt à l’hôpital Jeetoo. Il faut savoir qu’à l’époque, un médecin légiste était en congé, un autre à Rodrigues, tous les corps qui devaient être autopsiés avaient été regroupés. C’est une pratique courante, que l’autopsie soit faite par un médecin autre que celui qui s’est rendu sur le site où l’on a découvert le corps. Il est important que ce soit le même médecin légiste qui le fasse quand la mort est récente mais pas lorsque le corps est déjà en état de décomposition ou calciné. Prenons le cas de Rodrigues, quand il y a un meurtre, il n’y a pas de médecin légiste sur le lieu du crime. Je voudrais ajouter que c’est d’une bassesse de venir maintenant associer les liens de parenté du Dr Sunnassee à Vinay Appana ou autre. Il faut savoir qu’entre le jour de la découverte du corps de Kistnen et l’autopsie, Soopramanien Kistnen n’avait même pas encore été identifié. Venir dire que c’est mon nom qui figure sur le rapport est indigne. Mo ena fami, lakaz, mo kontan mwa plis ki dimounn !

J’ai travaillé dans le cas de la MITD impliquant Pravind Jugnauth et celui de Ramdonee dans lequel était mêlé Navin Ramgoolam, j’ai travaillé avec tous les gouvernements. Je ne protègerais personne. Il se peut que le Dr Sunnassee et le Dr Prasad-Jankee aient dit certaines choses en cour lors de l’enquête judiciaire mais c’était sans doute parce qu’ils étaient sous pression et stressés.

Revenons à Soopramanien Kistnen, est-ce que son corps a été scanné de la tête au pied ? Oui. From head to toe. C’est le protocole pour toutes les autopsies. Dans le cas de Kistnen, des radiographies ont également été faites.

Mais pourquoi ce rapport n’a-t-il pas été remis au bureau du Directeur des poursuites publiques ?

Les radios sont stockées dans un file et peuvent être consultées par tout le monde, dont le bureau du Directeur des poursuites publiques.

La police aurait-elle pu objecter au fait que le corps de Kistnen soit incinéré lors de ses funérailles ?

Oui, si un foul play est suspecté, la police peut y objecter.

Que pensez-vous des conclusions du Dr Satish Boolell sur la mort de Kistnen ?

Le Dr Boolell peut exprimer ses opinions mais celles-ci sont basées sur les résultats de l’autopsie menée par le Dr Sunnassee, qui pourrait, au final, être biaisé. Il ne faut pas oublier aussi que Boolell est un politicien. Il ne peut pas venir interpréter les résultats mieux que le médecin qui a conduit l’autopsie. Sur les photos, il se pourrait qu’il y ait des contradictions.