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Craintes de saturation à la Santé: trop de signes d’essoufflement

6 septembre 2021, 21:00

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Craintes de saturation à la Santé: trop de signes d’essoufflement

Le service de santé semble être saturé par la recrudescence des cas de Covid-19 dans l’île. Malgré l’assurance des autorités, les signes ne trompent pas, la seconde vague nous frappe de plein fouet. Les morts s’accumulent, les places se font rares au cimetière de Bigara et les respirateurs manquent…

Dans la course contre le Covid-19, l’île Maurice s’essouffle-t-elle ? Prenons d’abord le temps d’aller respirer l’air venu ailleurs. Sauf qu’il charrie à pleines bouffées des chiffres inquiétants. Ceux qui classent Maurice à la première place parmi les pays où le nombre de cas confirmés de Covid-19 dépasse les 10 000. Le taux de croissance des cas chez nous étant de 4,64 % contre celui du Bénin, le pays le plus proche, avec un taux de croissance des cas de 3,84 %.

Triste record que d’être le premier pays d’Afrique à porter cette «médaille» décernée par Roylab Stats. Son compteur s’affole, rapportant en temps réel les cas confirmés, ceux qui sont guéris et ceux qui sont décédés du Covid-19, dans le monde.

Vite, rentrons dans le service de Santé. Un dispositif qui privilégie l’autoisolement, jouant la carte de l’allègement de services hyper sollicités. Un système de Santé qui malgré les dispositions prises reste sous pression, à en croire ceux qui, de l’intérieur, le font fonctionner.

Les syndicats des infirmiers parlent carrément de saturation à l’hôpital ENT où sont admis les patients positifs présentant des symptômes. Selon eux, il y a de plus en plus de patients ayant des besoins en oxygène lors des hospitalisations. Et une lecture des décomptes journaliers montre qu’il y a en moyenne un décès du Covid-19 chaque jour ou chaque deux jours, à l’hôpital ENT.

Alors que l’hôpital ENT serait en situation de quasi saturation, les hôpitaux régionaux commencent aussi à recevoir des patients positifs. Des salles d’isolement et de traitements y sont aménagées pour les patients positifs.

Une source au sein du personnel soignant indique que ces mêmes hôpitaux régionaux commencent aussi la prise en charge des cas suspects présentant des symptômes, ainsi que des cas ayant besoin d’une hospitalisation.

Mais encore une fois, ce qui leur manque, ce seraient des bras. Selon une source, le recrutement d’une cinquantaine d’infirmiers fraîchement diplômés de Polytechnics Mauritius, n’est pas suffisant. La raison : les infirmiers et des médecins sont surtout nécessaires à l’hôpital ENT, dans les centres de traitements des hôpitaux régionaux et dans les centres de vaccination. Ce déploiement, qui a tendance à disperser les ressources a un impact sur le système de soin dédié au Covid-19.

Un syndicat d’infirmiers est d’avis qu’il est urgent de recruter davantage des infirmiers. Toutefois, force est de constater que les patients ne se rendent pas aussi souvent aux urgences pour des consultations. Il a été constaté que le taux de fréquentation est en deçà de celui enregistré lors des années précédant la crise sanitaire.

Qu’en est-il des Covid Testing Centers installés dans les Flu Clinics. Selon les sources contactées, c’est encore une autre histoire. Ces centres sont pris d’assaut à cause de l’explosion des cas à travers le pays. Pour réduire la pression sur le système, le triage dans ces Covid Testing Centers refuse systématiquement le test PCR aux personnes n’ayant aucun symptôme. Alors que les tests antigéniques restent un moyen de détection rapide, la validation de la positivité d’un cas doit passer par le test PCR.

Or, depuis hier, tous les Covid Testing Centers appliquent un nouveau protocole. Même si les tests rapides sont utilisés pour les personnes présentant des symptômes ou ayant été en contact direct avec des cas positifs, seules les personnes symptomatiques nécessitant une hospitalisation devront subir un test PCR de confirmation, comme c’était le cas pour des admissions classiques. Alors que ceux qui sont positifs au Covid-19 suivant un test antigénique n’ont pas besoin de subir les tests PCR de confirmation pour avoir des traitements.

Dans la plupart des cas, il sera demandé aux personnes positives de s’auto-isoler chez elles pour dix jours, sauf dans des cas qui requièrent une hospitalisation. Ce sera au médecin de la Flu Clinic ou de la Domiciliary Unit de juger de l’état des patients.

Xavier Duval : «une clinique n’a accepté un patient positif que pour 48 heures seulement»

Une expérience «très traumatisante». C’est ce qu’à vécu Xavier Duval, leader de l’opposition, samedi. Pire, cette expérience pourrait bien se prolonger aujourd’hui.

«J’ai cherché désespérément une place pour l’un de mes amis très proches. C’est un ami qui est cardiaque et qui est maintenant atteint du Covid-19. Il n’y avait aucun lit avec un respirateur disponible samedi», raconte-t-il. «J’ai été choqué.» Alors que les membres de la famille «pleuraient», il est «intervenu personnellement». Mais, affirme Xavier Duval, «nous avons eu toutes les peines du monde pour lui trouver une place».

Deux cliniques privées ont refusé de l’admettre. «Il y avait une place dans un hôpital, mais sans respirateur», précise le leader de l’opposition. Malgré le concours de médecins d’une clinique privée, qui ont à leur tour appelé les hôpitaux publics, le lit avec respirateur restait introuvable. «Nous avons cherché à Jeetoo, à l’hôpital Victoria, ils ont pris contact avec l’hôpital de Rose-Belle. Toujours la même réponse, il n’y avait pas de place disponible.»

Ce n’est qu’au bout de plusieurs heures d’effort que la Clinique Wellkin «a accepté de l’admettre, mis pour 48 heures seulement». Résultat, aujourd’hui Xavier Duval poursuit ses démarches pour aider son ami. Ce qui lui fait dire que «tout cela indique que le système est débordé. Si on continue à avoir des cas, ce qui semble inévitable, on pourrait arriver à une situation où le système hospitalier aura à choisir qui garder en vie, qui sauver. Ce qui est la chose la plus horrible qui puisse être».

Le leader de l’opposition souligne que l’un des paramètres importants dans la lutte contre le Covid-19, c’est d’une part le nombre de lits disponibles dans les centres de traitement et, d’autre part, le nombre de respirateurs en service aux urgences. «J’ai toujours cru qu’avec le préavis qu’on a eu (NdlR, après la première vague l’an dernier) que nous avions une capacité d’accueil importante en termes de traitement du Covid-19.» Il appelle instamment les autorités à faire preuve de transparence sur le nombre de lits et de respirateurs disponibles dans le service public. «Combien sont dis- ponibles en ce moment ou est-ce qu’ils sont tous pris ?» Il se demande aussi, «qu’est-ce qu’on va faire la semaine prochaine vu que la situation paraît alarmante ?»