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Kinsley, 25 ans, porte sa croix
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Kinsley, 25 ans, porte sa croix
Le confinement et le Covid-19 n’ont rien arrangé. Il est complètement perdu. Du haut de ses 25 ans, Kinsley Silva sillonne les rues de Port-Louis au quotidien pour trouver de quoi se nourrir. Financièrement, le jeune homme parvient difficilement à garder la tête hors de l’eau. Il a tout enduré dans sa vie, dit-il, les yeux rivés sur la grande croix, dans l’enceinte de la cathédrale St-Louis, où il a accepté de se livrer à nous. Il n’a cependant pas voulu exposer son visage. «Monn fer fas à boukou kritik dimounn, mo pa envi retann kozé…»
Son enfance, raconte-t-il, a été source de tristesse et de malheur. Il n’a pas de souvenirs de joie ou de moments agréables passés avec sa maman. Sa famille a toujours eu des problèmes d’argent et il a rapidement dû quitter les bancs de l’école. «Ma mère et mon beau-père ne pouvaient pas m’offrir la vie que je méritais et je suis parti de la maison assez tôt. Jusqu’à mon départ, j’étais enfant unique. Aujourd’hui je ne sais pas. Je n’ai pas de contact avec eux.»
À son départ de la maison familiale pour une vie meilleure, la rue sera son nouveau domicile où il sera, raconte-t-il, aidé et guidé par d’autres sans domicile fixe, qui sont aujourd’hui toujours ses amis pour la plupart. «Mo ankor trouv enn-dé. Moi je ne suis plus à la rue. Mais je ne les oublie pas pour autant. Zot inn fer seki zot kapav pou mo pa al dan pli mové simé.»
Il a pris la mauvaise pente à un moment mais il a très vite rebroussé chemin. «Zordi mo enn dimounn drwat.» Depuis peu, Kinsley Silva soutient qu’il a été «accueilli» par une personne et qu’il a une place au chaud la nuit, travaillant comme gardien à Cité La Cure. Demander l’aumône, il a essayé, mais il a su que cela n’est pas une solution à long terme, étant encore jeune et ayant toutes ses capacités physiques. Il a donc arrêté. «Je peux travailler. Mo ena kouraz-la...»
Il s’est donc réinventé. Avec une bouteille d’eau mélangée à du savon dans une main et un morceau de tissu dans l’autre, il «tras enn ti la vi». Il nettoie des voitures, vitres et pare-brise, entre autres, mais cela ne suffit toujours pas pour qu’il parvienne à trouver un toit digne de ce nom. Son futur, il n’ose même pas l’imaginer. Des «je ne sais pas» et des «si seulement» le hantent tous les jours.
C’est pour cela qu’il demande l’aide de tous ceux qui pourraient lui offrir un travail fixe, en ce temps de crise sanitaire. Chose pas toujours évidente.
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