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Kit de dépistage - cannabis au volant: le tant redouté test est arrivé…
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Kit de dépistage - cannabis au volant: le tant redouté test est arrivé…
Les conducteurs consommateurs de cannabis n’auront bientôt plus le choix : il est temps de raccrocher le joint ; et le plus tôt le mieux. Des exemplaires des tests kits pouvant déceler la présence de THC (et d’autres drogues) dans l’urine ont été remis à la police. Quand on sait que le cannabis peut rester dans l’urine pendant un mois, les fumeurs risquent gros… plus gros qu’une infraction routière.
Voici l’équipement qui va être utilisé : un petit récipient en plastique dans lequel les conducteurs soupçonnés d’être sous l’influence de la drogue vont uriner. Et hop, comme par magie, votre urine va dire aux policiers qui vous ont interpellé pour un contrôle routier si vous avez fumé un joint. En fait, le récipient contient des réactifs au THC (tétrahydrocannabinol) la principale molécule active du cannabis. Ce résultat positif devra ensuite être confirmé par un test sanguin qui va également préciser la quantité exacte de THC dans le sang. Attention, vous ne pourrez pas dire : «Monn fim zis 2 taf boss, lés mwa alé», car le THC figure dans la section 1 du «twelfth schedule» de la loi, soit la partie «zéro tolérance» au même titre que la cocaïne ou les amphétamines. IBL HealthActiv Ltd, le fournisseur, a présenté ce «urine test kit» à une quarantaine de policiers cette semaine, et ils ont tous été formés à son utilisation ainsi qu’instruits sur les aspects juridiques, administratifs et procéduraux des kits de dépistage.
Si la police veut, à juste titre, rendre nos routes plus sûres en traquant ceux qui consomment des produits pouvant altérer leur maîtrise du volant, un problème majeur se pose: contrairement à l’alcool qui est évacué au bout de 48 heures, le THC lui reste dans l’urine pendant très longtemps. Pour celui qui fume un joint trois fois par semaine, son urine peut le trahir plus de cinq jours après son dernier joint. Pour un fumeur quotidien, les traces d’urine vont rester pendant deux semaines, voire plus. Fumer un joint chez soi un samedi soir – sans prendre le volant – peut ainsi vous coûter très cher durant la semaine lors d’un contrôle routier.
«Un comité va se pencher sur toutes ces questions d’ici mi-octobre», explique-t-on du côté du ministère du Transport, qui avait chapeauté ce texte de loi en 2019. «La loi n’a pas encore été promulguée justement à cause des questions comme celles-ci et il faut aussi passer des regulations, c’est-à-dire, inclure le test kit, sa marque, ses références, dans la loi», poursuit le préposé du ministère.
Kunal Naik, psychologue spécialiste en addictologie qui dit adhérer parfaitement à l’objectif de rendre les routes plus sûres, émet cependant des réserves sur la particularité mauricienne. «Le THC est détecté, mais la drogue synthétique dont la composition change tout le temps, et dont les effets sur le comportement sont nettement plus dangereux que le cannabis, risque fort de passer à travers les mailles du filet», argue-t-il. Danny Philippe, coordonnateur de plusieurs ONG engagées dans la lutte contre la drogue, avance, lui, un autre problème: «alors que la réflexion mondiale porte vers la légalisation du cannabis récréationnel pour combattre le trafic, nous risquons de voir les noms des petits consommateurs être listés dans un carnet de l’ADSU pour des traces d’urine lors d’un contrôle routier. Va-t-on utiliser la route pour trouver et faire condamner des consommateurs ?»
D’ailleurs, personne ne peut garantir que l’infraction ne sera que routière. Un automobiliste pourrait bien être traduit sous deux charges: infraction au Code de la route, mais, aussi et surtout, consommation de drogue…
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