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Ouverture des frontières: l’île Rodrigues divisée
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Ouverture des frontières: l’île Rodrigues divisée
Deux manifestations sont prévues ce week-end à Rodrigues contre la reprise des vols commerciaux sans quarantaine. De leur côté, les opérateurs touristiques, membres de l’Association touristique de Rodrigues (ATR), se réunissent aujourd’hui pour discuter de leur avenir. D’un côté, on parle de sauver des vies et de l’autre, il y a un risque de fermeture et de licenciement qui pourrait déboucher sur une crise sociale.
Si le report de l’ouverture des frontières à Rodrigues au 1er novembre au lieu du 1er octobre complique davantage la situation des opérateurs touristiques, l’autre camp ne veut rien lâcher. La Rodrigues Government Employees Association (RGEA) invite les Rodriguais à descendre dans les rues de Port-Mathurin ce matin. Alain Tolbize, le président de ce syndicat, explique leur démarche. «Notre message est clair. Il ne faut pas qu’il y ait des vols sans la quarantaine. Cependant, les vols de rapatriement doivent continuer», insiste-t-il.
Pour ce qui est des arrivées touristiques, le syndicaliste affirme que le gouvernement doit continuer à prendre en charge les employés de ce secteur en attendant que l’île soit mieux préparée. Depuis la suspension des vols en mars dernier, les employés dans le domaine touristique faisaient un travail alternatif payé par le gouvernement régional, mais ce soutien a pris fin le 10 septembre. Même un fort taux de vaccination ne convainc pas Alain Tolbize. «Le ministre Steven Obeegadoo a déclaré que 42% de la population sont vaccinés alors que le commissaire à la Santé maintient que c’est 60%. Le taux de vaccination n’est pas un critère. Il faut la quarantaine», insiste-t-il.
Ravina Jameson est l’un des organisateurs de la deuxième manifestation de dimanche. Il est conscient que les frontières ne pourront pas rester fermées pour toujours, mais il exige la quarantaine, même pour les touristes. Estce qu’un visiteur paiera Rs 45 000 comme frais de quarantaine pour visiter Rodrigues par la suite ? «Si un touriste aime Rodrigues et veut protéger la population rodriguaise, il doit le faire», exige-t-il. De plus, il croit que le gouvernement doit accorder un budget additionnel pour les employés du secteur touristique jusqu’à ce que la situation retourne «à la normale».
Cependant, il n’y a pas que les employés du secteur touristique qui en souffrent. Au sein de l’ATR, on nous affirme que les propriétaires d’auberges et autres établissements hôteliers ont accumulé des dettes qui avoisinent les millions de roupies alors que des entrepreneurs peinent à écouler leurs marchandises. Mc Gill Meunier, directeur de l’Auberge du Lagon, exprime son exaspération. «Si l’aéroport ne s’ouvre pas, le gouvernement régional doit venir payer mes factures, mon emprunt auprès de la banque et faire le salaire de mes employés. Il doit aussi acheter de quoi manger à mes enfants. Le gouvernement régional a eu plus de sept mois pour se préparer, mais ce n’est qu’à la veille de l’ouverture qu’il se réveille», s’insurge-t-il. D’ajouter qu’il n’y a pas que les propriétaires d’auberges qui peinent à joindre les deux bouts. «Les marchands d’oeufs, les pêcheurs, les artisans du marché, les marchands d’achard, les propriétaires de magasins ou les petits éleveurs, nous sommes tous dans le même bateau. Les personnes assurées d’avoir un salaire fixe ne connaissent pas nos douleurs. Ils sont contre la reprise des activités», fait-il remarquer.
Christian Léopold, un opérateur touristique, était l’un des Rodriguais bloqués à Maurice pendant plusieurs mois. «Il y a un sentiment mitigé à Rodrigues. Nous attendions la reprise du 1er octobre car nous souffrons. Le gouvernement régional disait sans cesse qu’il était prêt à faire face au Covid, mais a quelques semaines de l’ouverture, il vient dire qu’il n’est pas prêt. Qu’at- il fait depuis le 1er cas à Maurice en 2020 ? Cette maladie est sérieuse. Comment peut-on lui faire confiance maintenant ? Au lieu d’investir des millions dans des routes à la veille des élections pour avoir des votes, il aurait dû utiliser cet argent pour améliorer notre service de santé», fustige-t-il. Comme le gouvernement ne paie plus les employés du secteur touristique depuis le 10 septembre, il craint une vague de licenciements. «Nous avons des dettes à payer. Il n’y a aucune rentrée d’argent. Comment faire pour payer nos employés en même temps ? Je crains que beaucoup ne perdent leur travail», dit-il. D’ailleurs, il regrette qu’avec le report de la reprise au 1er novembre, des Rodriguais bloqués à Maurice aient encore à attendre avant de retrouver leur famille.
Un mois pour se préparer
<p>Le bureau du Premier ministre, apprend-on, suit la situation à Rodrigues où le nombre des antivaccins est très élevé. <em>«Le gouvernement régional a un mois supplémentaire pour s'organiser. D'ici à la fin d'octobre, nous prendrons les mesures appropriées»</em>, déclare une source au bureau du Premier ministre. Rodrigues a reçu 5000 doses de vaccins au cours de la semaine. Une autre cargaison y sera envoyée à l'épuisement du stock. </p>
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