Publicité

Trafic allégué de psychotropes et enquête de l’ICAC: Les pharmaciens Bissonauth et le CP Dip dans une guerre de tranchées

21 septembre 2021, 17:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Trafic allégué de psychotropes et enquête de l’ICAC: Les pharmaciens Bissonauth et le CP Dip dans une guerre de tranchées

Lalldhun Bissonauth, propriétaire de pharmacies, arrêté dans l’enquête sur le trafic allégué de psychotropes dans la région nord, est le père du gendre du chef de la police. Son fils, Pritesh, est en instance de divorce de la fille d’Anil Kumar Dip et c’est lui qui avait, il y a deux mois à l’ICAC, dénoncé un séjour supposément gratuit du commissaire de police au Club Med d’Albion. Cette guerre qui comprend divorce, secrets de famille, enquête de l’ICAC, trafic allégué de psychotropes ressemble à un champ miné où il faut avancer sur la pointe des pieds…

Accuser un policier d’abus d’autorité quand on est arrêté est courant. Ce qui l’est moins, c’est de montrer du doigt nul autre que le no 1 de la police. C’est pourtant la ligne de défense qu’adopte Lalldhun Bissonauth, le pharmacien arrêté samedi pour trafic de psychotropes. «Je garde mon droit au silence et tout ce que je peux vous dire, c’est que j’ai consigné une Precautionary Measure (PM) le 12 mai pour prévenir que le commissaire de police, le beau-père de mon fils, a une dent contre ma famille et qu’il a menacé de planquer de la drogue dans ma pharmacie», at-il dit aux policiers de Piton, avant d’invoquer son droit de se faire soigner et de se faire admettre en clinique car il s’est dit malade. Cette phrase a bien été enregistrée sous forme de statement ; et voilà que le commissaire de police (CP) Dip se retrouve, noir sur blanc, au milieu de cette affaire.

«Incriminating exhibits»

Pour un enquêteur, «il est trop facile de consigner une PM avant d’être arrêté pour se sortir d’affaire». De plus ajoute-t-il, ce n’est pas le CP qui a balancé le nom des Bissonauth «out of the blue». En effet, si plusieurs éléments peuvent plaider en faveur des Bissonauth (voir plus loin), c’est un médecin, le Dr Divish Soobhug, arrêté avec des psychotropes et des prescriptions pour ces mêmes drogues, qui a incriminé d’abord un collègue puis l’oncle de celui-ci, soit nul autre que Lalldhun Bissonauth. «On peut croire à toutes sortes de théories, mais ces deux faits sont indiscutables : le Dr Soobhug avait des incriminating exhibits sur lui et il a volontairement incriminé les Bissonauth.»

Mais les faits plaidant en faveur des Bissonauth valent aussi le détour. D’abord, le CP n’est pas un illustre inconnu pour les Bissonauth. Pritesh, un des fils de Lallchand Bissonauth, est marié à nulle autre que la fille de… Dip ! Ils sont actuellement en instance de divorce et cette séparation semble avoir creusé un fossé entre les deux familles. Au point où Pritesh Bissonauth a porté plainte à l’ICAC contre son beau-père le 21 juillet.

Photos à l’appui, il a expliqué qu’Anil Kumar Dip (alors assistant commissaire de po- lice) avait séjourné gratuitement au Club Med d’Albion entre le 3 et 5 août 2018, cela alors que la région ouest tombait sous sa tutelle et que l’hôtel aurait bénéficié d’un déploiement policier exceptionnel pour assurer la sécurité des clients sur la plage. L’ICAC a estimé que la déposition est «recevable» et elle a ouvert une enquête préliminaire. Avant cela, Lalldhun Bissonauth avait consigné sa fameuse PM contre le CP au poste de police de Trou-Fanfaron, (voir fac-similé), que nous reproduisons dans sa quasi-intégralité : «That my son one Mr Madhoo (sic Pritesh) Bissoonauth is on divorce process with the daughter of Mr Anil Kumar Dip, DCP at the SMF. Today 12/05/2021, at 13.30 hours, I received information from a closed informer in the police force who stated that Mr Dip has stated that he will put drug in my pharmacy and he will destroy my family. ‘Li pou fer mo fami danse tou- pi’. I am giving this declaration as a measure of precaution.»

L’express n’a pas encore une version officielle du CP Dip, mais en nous basant sur la documentation et des faits déjà connus, nous avons discuté avec certains intermédiaires qui nous ont fait comprendre qu’il est peu probable que le CP réagisse. «Cette affaire n’est qu’une des nombreuses que les différentes unités policières sont en train de résoudre et le commissaire ne va pas répondre sur un cas parce que l’accusé est en train ‘d’impute motives’. Il faut s’en tenir aux faits, et les faits vous les connaissez. Il y a des exhibits, il y a la déposition du médecin. Le CP ne s’y est pas mêlé et il ne s’en mêlera pas.»

La déposition formelle de Lalldhun Bissonauth, qui est toujours hospitalisé, est prévue pour mercredi.