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Respirateurs artificiels | Scandale Pack & Blister: plaie toujours béante
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Respirateurs artificiels | Scandale Pack & Blister: plaie toujours béante
Alors que l’on ne compte plus les morts de la pandémie, certains se demandent si les respirateurs qui peuvent sauver des vies sont bien utilisés en réanimation. Y en a-t-il d’ailleurs assez ? Selon le gouvernement, oui… Et sinon, poursuivra, poursuivra pas ?
Une commande parmi tant d’autres avait soulevé un tollé en juillet de l’année dernière. On apprenait que des respirateurs artificiels avaient été commandés auprès d’un… revendeur espagnol et cela, sans passer, urgence oblige, nous a-t-on dit, par la procédure d’appels d’offres. Le scandale avait pris une autre tournure lorsque l’on avait appris que cette commande ‘urgente’ avait pris neufmois pour atterrir à Maurice. Et que nous a-t-on dit pour justifier ce retard ?
Qu’après tout, ce n’était pas si urgent que ça, dixit le ministre Jugutpal. Ce n’est pas fini. Lorsque les respirateurs sont arrivés, on a constaté qu’ils étaient inutilisables. Et après des questions parlementaires, on a déterré d’autres ‘morts’ : les respirateurs n’étaient pas du modèle demandé, c’est-à-dire qu’ils n’alertaient pas automatiquement quand il n’y avait plus d’oxygène dans le réservoir. Une autre révélation à couper le souffle sera faite à l’Assemblée nationale : la commande avait été modifiée juste avant l’arrivée des équipements à Maurice.
Les ‘ventilators’ qui donnent le tournis
Mais qui avait approuvé cette modification de la commande ? avons-nous demandé au PMO. Réponse : il faut poser cette question à la State Trading Corporation. Et cette dernière de nous répondre qu’elle n’est que ‘l’agent-payeur’, rien de plus. «Allez voir le National Covid Committee», nous at-on conseillé. Las de tourner en rond, nous avions abandonné, par manque de réponse, d’oxygène. On ne sait pas trop non plus le prix exact de l’achat de ces 51 ‘ventilators’. Alors que certains parlent de «juste» Rs 84 M, d’autres avancent le chiffre de Rs 200 M.
Février 2021 : le gouvernement annonce enfin que les respirateurs seront renvoyés à Pack & Blister, qui sera même poursuivi, promet, déterminé, le nouveau ministre du Commerce, Soodesh Callichurn. Cependant, selon nos informations, il n’y a pas eu et il n’y aura pas de poursuites contre Pack & Blister… Car, fait-on comprendre, celui-ci a ‘promis’ de rendre l’argent. Mais pas tout de suite. Ce ne serait fait, aurait affirmé la firme espagnole, généreuse, que lorsque cette dernière trouverait un preneur pour ces respirateurs d’un ancien modèle. Et l’on attend toujours ce remboursement.
En revanche, selon des informations pas encore confirmées, c’est la firme espagnole qui pour- suit ou qui menace de poursuivre l’État mauricien pour rupture de contrat ! Cette menace explique-telle le changement de position du gouvernement, qui se serait ainsi résigné à ne pas poursuivre Pack & Blister et d’attendre que cette dernière veuille bien trouver un autre acheteur pour ces équipements ? Dans les milieux médicaux, on se demande qui voudrait acheter ces respirateurs malades. Le ministre Callichurn, lui, ne répond plus à nos questions.
Déshabiller Pierre pour habiller Paul
Pourquoi avait-on courtcircuité ces importateurs et distributeurs locaux qui garantissent normalement la qualité des produits et fournissent un service après-vente, y compris les pièces de rechange ? «On voulait traiter avec des fournisseurs – qu’ils soient locaux ou étrangers – qui jouent le jeu», argumente un spécialiste des dossiers liés à la corruption. «On a attendu en vain pendant de longs mois avec Pack & Blister. Pourquoi n’a-t-on pas attendu que les fournisseurs locaux passent leur commande s’ils n’en avaient pas assez en stock ?» s’interroge notre interlocuteur qui ajoute : «Je suis sûr que les commandes des importateurs locaux auraient pris beaucoup moins de temps à arriver. Et seraient utilisables.»
La question majeure qui se pose : après toutes ces déconvenues, a-t-on suffisamment de respirateurs par ces temps de pandémie ? On nous assure que oui. On affirme ainsi que 20 de la marque Servo & Hamilton ont été achetés auprès de deux fournisseurs locaux. Renseignements pris, au fait, seuls dix ont été achetés durant la période où la commande de 50 appareils était passée à Pack & Blister. Les dix autres à l’hôpital ENT et Souillac proviendraient en fait des autres hôpitaux. «Déshabiller Pierre pour habiller Paul !» soupire un infirmier. «Que fera-t-on si les autres hôpitaux en ont besoin ?»
En fait, les autorités sanitaires auraient opté pour cette solution en attendant l’arrivée vaine des respirateurs de Pack & Blister. Ou le remboursement. Est-ce une des raisons pour lesquelles les dossiers de ces achats ont été soustraits aux regards des inspecteurs du National Audit Bureau ?
En tout cas, chez nous, les magouilles ne manquent pas d’air.
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