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Accidentée de la route en 2019: la tétraplégique Shady fait tout pour pouvoir remarcher
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Accidentée de la route en 2019: la tétraplégique Shady fait tout pour pouvoir remarcher
La vie de Shady Tais Mookoowallah, 20 ans, a basculé en 2019, lors d’un accident de la route. Bien que tétraplégique depuis, elle s’est mise en tête de prouver aux médecins qu’ils ont tort et qu’elle pourra remarcher un jour. Et c’est avec cette détermination renouvelée qu’elle se réveille chaque matin. Et quand elle se décourage, il se trouve toujours des gens autour d’elle pour la remotiver.
Le 26 septembre 2019 est une date qui restera gravée dans la mémoire de Shady Tais Mookoowallah. Ce soir-là, un peu avant minuit, alors qu’elle regagne Tamarin en compagnie de trois amis, la voiture dans laquelle elle se trouve fait une sortie de route. Assise sur le siège arrière, lors de l’impact, elle passe à travers le pare-brise et est projetée hors du véhicule. Ses amis prennent la fuite. C’est un bon samaritain, qui passe par là, qui la soulève et la conduit à l’hôpital. Sa mère, Cinthia, et ses proches, sont informés de l’accident. Lorsqu’elle reprend connaissance sur son lit d’hôpital, Shady sait qu’il y a quelque chose qui cloche car elle ne sent plus ses membres inférieurs.
A l’arrivée de sa mère, la jeune fille tente de bouger pour saisir la main de celle-ci mais elle n’y arrive pas. C’est là que le couperet tombe. «Ou pa pu kapav remarcher aster», lui assène brutalement le médecin. Ce praticien, qui souffre vraisemblablement d’un déficit d’empathie, affirme aussi à sa mère que Shady a peu de temps à vivre, tout au plus huit jours, spécule-t-il.
La colonne vertébrale de la jeune fille a été endommagée lors de l’accident et elle doit subir une intervention. Mais l’intervention pratiquée à l’hôpital Victoria n’aide pas, voire l’endommage davantage. Les parents de Shady la font alors transférer à la clinique Wellkin. Elle tombe dans le coma après un arrêt cardiaque et en sort avec plusieurs infections, qui pourraient la tuer. Mais Shady lutte et tient bon. Sa mère, son frère Ilan, ainsi que ses proches ne cessent de croire en elle.
Après deux mois et demi passés en clinique, la jeune fille rentre chez elle. Elle a pendant longtemps nourri une rancune envers les trois personnes qui se disaient ses amis mais qui l’ont pourtant abandonnée après l’accident, de même qu’envers ces autres amis, qui ont coupé tout contact avec elle. Mais elle est parvenue à les pardonner afin de pouvoir reprendre le cours de sa vie. Elle estime que son accident a eu du bon. Ce moment, qui a chamboulé sa vie, lui a fait réaliser bien des choses. «Cet accident a donné un nouveau sens à ma vie. J’ai découvert qui étaient mes véritables amis. Ma maman ne dormait que deux heures par nuit car le reste du temps, elle s’occupait de moi et elle avait aussi besoin de travailler pour faire tourner la maison. J’ai commencé à croire en moi et je suis devenue positive. Je me suis mise en tête que je dois me battre pour réussir à remarcher. Je suis croyante et monn met Bondie devant. Mo kone mo pu resi», raconte la jeune fille.
«Ena jour mo impe down»
C’est ainsi que ses proches ont contacté le physiothérapeute Rizwan Chumroo. Ce dernier a accepté de la suivre et fait de la thérapie sans relâche avec elle pour que Shady puisse un jour retrouver l’usage de ses jambes Il la motive et avec son soutien, la jeune fille ne peut pas baisser les bras.
«Li support moi mentalement. Ena jour mo lever mo impe down, mo dir laisse tomber acoz mo gagn douleurs, mo gagn ner. Mais mo pa pu kapav arrete parski Rizwan pa pou les moi», souligne Shady. Elle a des sessions de thérapie trois fois par semaine et le vendredi, elle se rend dans un centre de réhabilitation, la Century Welfare Association. Le thérapeute parle du travail qu’il fait avec Shady. «Mon but, c’est de la motiver pour qu’elle puisse avoir une vie fonctionnelle. On travaille beaucoup les muscles et il arrive que parfois, elle soit démotivée. Je me mets alors dans la peau d’un enseignant avec son rotin bazar. Shady a fait beaucoup d’efforts. Désormais, elle arrive à attraper un rebord et peut s’asseoir seule. Pour certains, c’est peut-être infime mais pour elle, c’est beaucoup. Actuellement, on travaille sur son équilibre et sur ses mains», indique Rizwan Chumroo.
Il est tout aussi confiant que Shady qu’elle pourra un jour remarcher mais pour cela, il faut énormément de détermination et d’exercices. Il indique que les membres de la Century Welfare Association font aussi du counselling, ce qui a aidé Shady dans sa vie quotidienne. «Il a fallu un an pour que je puisse convaincre Shady de quitter sa maison et sortir», ajoutet-il. Pour motiver les personnes tétraplégiques comme Shady, il projette de créer un forum en ligne où elles pourront s’exprimer, parler ouvertement de leurs motivations et soutenir les autres.
Si auparavant, Shady hésitait à sortir en raison du regard des autres sur sa personne, tel n’est plus le cas aujourd’hui. «Aster mo get zot moi osi.» Mais elle avance qu’elle doit se montrer plus courageuse pour aller à la plage. «Nu dir li ki li bizin pa pren regard dimoune compte», déclare sa tante Anaëlle Arjanen, de qui Shady est très proche.
C’est d’ailleurs chez cette dernière, à la Cité Briquetterie, Sainte-Croix, que la jeune fille passe ses journées, entourée de ses cousins. Avant l’accident, Shady avait promis à sa tante, qui était, à l’époque, enceinte, qu’elle viendrait s’occuper du bébé après la naissance. «Après son accident, j’ai dû m’occuper d’elle comme un bébé. Elle, qui était de tout temps indépendante, a eu un peu de mal à accepter sa nouvelle vie. Sa grand-mère s’occupait d’elle en semaine et moi, c’était le samedi», raconte encore Anaëlle Arjanen. Elle également refuse d’accepter le diagnostic sans appel des médecins et reste convaincue que Shady pourra retrouver l’usage de ses jambes, un jour.
Si l’objectif premier de la jeune fille est de pouvoir remarcher, elle, qui était scolarisée en Form VI avant l’accident, veut désormais reprendre ses études. Car elle veut devenir Health Care Assistant. «J’aurais aimé commencer à étudier dès maintenant, mais les cours en ligne coûtent énormément et ma mère ne peut se le permettre. Depuis petite, j’étais fascinée par ce métier, mais mon séjour à l’hôpital a confirmé ce choix.» Elle a récemment été approchée par Loïc et Jean Marie Bhugeerathee, deux coaches handisport. Ces derniers veulent la former dans une discipline sportive.
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