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Réouverture des frontières | Tourisme: employés entre enthousiasme et appréhension

3 octobre 2021, 20:30

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Réouverture des frontières | Tourisme: employés entre enthousiasme et appréhension

Le moment qu’ils attendaient tous avec impatience est enfin arrivé. Après 18 mois, les frontières mauriciennes ont été rouvertes aux touristes. De quoi apporter la bonne humeur, l’espoir mais aussi un peu d’inquiétude pour ceux du secteur.

Elle n’a pas fermé l’œil de la nuit, jeudi. Simi (prénom d’emprunt), guest relations officer dans un hôtel du Sud, affirme que pour elle, la réouverture des frontières est un grand événement. Pour cette maman de 37 ans, en allant au travail vendredi, elle s’est sentie comme à son premier jour de travail, il y a une dizaine d’années. Après un gros câlin à son fils de deux ans et quelques mots d’encouragement de son époux, qui travaille dans le même secteur, Simi est allé prendre son transport au pick-up habituel, dans une excitation hors du commun. «Zis seki travay dan lotelri kapav kone ki monn resenti gramatin», a déclaré la jeune femme au téléphone, vendredi.

Pouvoir sourire à nouveau aux clients, leur offrir son aide, elle se dit faite pour ça et cela lui a trop manqué pour penser au Covid-19 ou à d’autres choses négatives. «Si nous prenons nos précautions comme il se doit, mon époux et moi, nous n’avons pas à avoir peur.»

«J’ai des problèmes de santé et j’ai peur d’attraper un variant.»

Cet état d’esprit, Emile Petit-Jean, instructeur de plongée au Lux Grand-Gaube, le partage aussi. Pour lui, la machine est de nouveau lancée et il ne peut qu’être fier de pouvoir faire découvrir la beauté et les merveilles des eaux mauriciennes à nouveau aux touristes. «Toutes les précautions sont déjà prises. De toute façon, on avait déjà un protocole d’hygiène très strict concernant nos équipements avant même le Covid-19. On désinfecte toujours tout après chaque client. Nous n’avons pas à avoir peur.»

En effet, même si l’excitation de pouvoir à nouveau se consacrer à leur passion, certains ressentent tout de même une petite peur. Et pas que celle d’attraper le virus. «Pour vous dire franchement c’est vrai que travailler au front avec des étrangers qui viennent de pays où il y a eu plusieurs cas, ça nous angoisse un peu. Mais d’un autre côté, la plus grande angoisse, se ki travay la pa marse ofé ki pa gagn ase klian et ki nou sityasion pa amélioré. Tou sa letan-la lotel ti kouma simitier nou pa anvi sa contigne», soutient, pour sa part, Avnish, 36 ans et housekeeper depuis une vingtaine d’années dans un hôtel de l’Est. L’hôtel où il travaille aurait mis tout en place pour que les employés puissent se sentir plus en sécurité. Il indique qu’il y a même une salle d’isolement pour les employés qui ne se sentiraient pas bien ou présenteraient des symptômes.

Pour ceux qui travaillent à l’aéroport aussi, une petite appréhension est au rendez-vous. Marianne, 26 ans, qui travaille au département des bagages, explique que sa plus grande peur est d’attraper le virus et d’en mourir. «J’ai des problèmes de santé et j’ai peur d’attraper un variant. Avant l’ouverture, on voyait déjà comment la situation dans les hôpitaux étaient catastrophiques. Mo mari per mo ale ramas enn variant et pa kapav soign mwa. Sinon a par sa mo kontan ki regagn inpe lavi dans sa laéropor-la. Nou sey gard nou mem positif.»

À cet effet, Marianne et une autre collègue qui a voulu garder l’anonymat, nous confient qu’elles ont commencé la méditation pour essayer de chasser leur anxiété et qu’elles prennent toutes les précautions nécessaires, masque, sanitizer, entre autres.

Du côté des chauffeurs de taxi, les appréhensions ont fui avec l’arrivée des premiers clients vendredi, soutient Ahmad Samsuddin, président de l’association des Airport Taxi Drivers. Le sexagénaire indique qu’il a vraiment apprécié que tous les chauffeurs de taxi ont joué le jeu dans le partage équitable des clients et que si cela continue comme ça, certains pourront trouver la lumière au bout du tunnel financièrement et laisser derrière eux les durs souvenirs et moments que le Covid-19 a apportés. «Monn pran klian monn al kit lotel tou inn pas mari bien. Nounn kose sakenn si mask lor so figir pann gagn okenn problem. Kouma ou komans travay la blie Covid-19 tou. Selma apre sak klian mo fer enn devoir dézinfecte mo loto par prékosion me tou inn pas mari bien ziskisi.»

Nos interlocuteurs disent attendre un mois pour évaluer vraiment la situation et espèrent que tout continuera sans anicroches.