Publicité

La semaine décryptée

10 octobre 2021, 13:06

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

La semaine décryptée

Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité comme rapportée dans les médias du Lundi 4octobre  au vendredi 8 octobre.

Lundi 4 octobre

Pli mari ki SHA pena

La population mauricienne devrait être reconnaissante envers les Jugnauth, père et fils, pour avoir porté sur la place publique un être exceptionnel, un citoyen rarissime. Il s’agit de Sattar Hajee Abdoula (SHA).

L’express du lundi 4 octobre barre sa Une avec la photo de SHA et un article qui révèle que ce fils du sol extraordinaire découvert par les Jugnauth est la principale vedette mauricienne dans les Pandora Papers produits par des journaux les plus importants du monde dont l’express. On apprend ainsi que SHA a marqué de sa présence les British Virgin Islands (BVI), l’un des centres offshore, dont de blanchiment d’argent, du monde.

D’après SHA, son nom y est mentionné car la grande banque allemande Deutsche Bank a souscrit à une police d’assurance en sa faveur. Et que des documents à cet effet ont été places à BVI. Les assureurs mauriciens contactés par l’express ont exprimé leur étonnement face à cet arrangement qui défie toute logique.

Pour quelle somme SHA est-il assuré pour que la Deutsche Bank juge nécessaire d’aller ‘cacher’ des documents dans un centre offshore ? Quelle est la somme concernée dans les relations particulières entre SHA et la Deutsche Bank ? Il ne faut surtout pas exclure la possibilité – après tout, les Jugnauth, en finances, ne font confiance qu’en des gens exceptionnellement corrects – que SHA, qui est aussi le patron suprême de la State Bank of Mauritius, verse sa pension de vieillesse mensuelle sur un compte à la Deutsche Bank.

Et que le secret recherché par le biais d’un centre offshore vise à réserver une agréable surprise à la famille de SHA le jour où le Créateur mette un terme à son existence terrestre et l’accueille au Paradis.

Mardi 5 octobre

Pack & Blister getting away with murder?

L’express du mardi 5 octobre rapporte que le ministère de la Santé a lancé une procédure d’appel d’offres pour l’achat de dix respirateurs artificiels. Ce qui invite à un revisiting de l’affaire Pack & Blister.

En effet, le 2 avril 2020, le gouvernement décide d’acheter 50 respirateurs de la firme espagnole Pack & Blister et le paiement est effectué le 3 avril 2020, soit en moins de 24 heures. Pourquoi cette acquisition suivie d’un paiement express ? Il y a urgence en raison de l’épidémie de Covid-19. Ces respirateurs sont livrés le 31 juillet 2020. On découvre alors que ces appareils qui ont coûté Rs 476 millions ne marchent pas, étant des rejects.

La question fondamentale qui se pose est la suivante : qui a ‘découvert’ l’existence de la firme espagnole Pack & Blister pour amener le gouvernement mauricien à lui faire confiance et lui assurer un paiement immédiat ?

Quel argument cet agent de Pack & Blister a-t-il utilisé pour amener le comité high-level, présidé par le Premier ministre lui-même, à foncer tête baissée vers le fournisseur espagnol ? Ce comité a-t-il délégué ses pouvoirs à quelqu’un d’autre ? Qui est ce sacré veinard et comment les commissions ont-elles été reparties, kas-fann en créole? Autre question : Pack & Blister a-telle déjà fourni des équipements à une compagnie mauricienne ?

Mercredi 6 octobre

Pourquoi CAPA n’a-t-elle pas sauvé Air India ?

«Air Mauritius : le défilé des consultants commence» – tel est le titre d’un article publié dans l’édition du mercredi 6 octobre de l’express. On apprend ainsi qu’une compagnie indienne, le Centre for Asia Pacific Aviation (CAPA) – quel nom prétentieux ! – touchera quelques centaines de millions de roupies pour entreprendre une étude sur les difficultés d’Air Mauritius et faire des recommandations pour son envol.

On avait cru que le grand administrateur Sattar Hajee Abdoula (photo) (SHA) avait déjà complété cette tâche. Lui et sa compagnie Grant Thornton ont d’ailleurs déjà encaissé quelque Rs 200 millions en s’attelant à cette tâche.

Que vient faire donc CAPA ? La seule explication plausible serait que le management réel mais à l’ombre d’Air Mauritius sera assuré par CAPA, la connaissance de Ken Arian, le grand patron, se limitant à la gestion des logements de jus Sunny dans les chariots de service de la classe économie au temps où il était steward.

Évidemment, les méchants et les India-bashers ont profité de cette décision d’Air Mauritius pour se demander pourquoi CAPA n’a pas aidé à sauver Air India comme entité du gouvernement indien. Ce dernier, qui aurait dû faire appel à CAPA, a vendu la compagnie exsangue au puissant conglomérat Tata, qui était propriétaire de cette compagnie aérienne depuis 1932 avant sa ‘nationalisation’ par le gouvernement en 1953. Le gouvernement mauricien croit davantage dans CAPA que le gouvernement indien lui-même. Il y a anguille dans les nuages…

Jeudi 7 octobre

Le trop hospitalier PRB et ses serpents…

Dans une interview accordée à l’express du jeudi 7 octobre, Vijay Makhan (photo), jadis blue-eyed-boy de Paul Raymond Bérenger (PRB), estime que le MMM a été «too accommodating» dans le choix de ses porte-drapeaux.

Ce qui expliquerait les allers-retours à lakaz mama mauve de certains éléments comme Madun Dulloo. En effet, si le MMM a été une remarquable école qui a formé un grand nombre de Mauriciens appelés par la suite à assumer d’importantes fonctions dans le pays, ce parti est aussi vu comme une plateforme pouvant assurer la carrière politique de certains. D’où leur ralliement au parti quand la possibilité d’un bout au MMM semble réelle mais qui repartent, quand attirés par des carottes brandies par des chasseurs plus accueillants.

Paul Bérenger a toujours fait preuve d’un sens d’hospitalité remarquable, au point de «nourrir des serpents» de tous genres et tailles. Il a toujours accueilli à bras ouverts ceux qu’il a auparavant vilipendés. Ainsi, après avoir traité sir Anerood Jugnauth de tous les noms, il l’a couvert d’éloges débordants dans le cadre d’une alliance subséquente. Ashock Jugnauth qualifié de «gro fey» par Paul Bérenger devait même être jugé premier-ministrable par le MMM. C’est toujours PRB qui a décerné le titre de ti-krétin à Pravind Jugnauth. Toutefois, il ne faut pas, en cet octobre 2021, exclure une future alliance MSM-MMM, avec le petit comme Premier ministre. Avec PRB, comme le disent les Anglais, never say never.

Vendredi 8 octobre 

Après le retour de Navin Ramgoolam, what next?

On n’assistera pas à une redistribution tapageuse des cartes politiques, une fois Navin Ramgoolam (photo) rentré au pays mais, incontestablement, de nouvelles données ont été inscrites sur l’échiquier politique.

Le leader travailliste rentre au pays après avoir fait l’objet de deux traitements différents en Inde. Tout d’abord, on lui a réservé un traitement médical hors-pair avec la mobilisation des meilleurs spécialistes de l’All India Institute of Medical Sciences (AIIMS), qui se classe parmi les meilleurs établissements hospitaliers du monde. Il paraît tout à fait logique que le Prime Minister’s Office (PMO) à New Delhi ait suivi de près l’évolution du cas Ramgoolam à l’AIIMS car on ne souhaitait pas que l’ancien Premier ministre retourne dans son pays en passant par la soute d’un avion. Il y allait aussi du prestige international de l’AIIMS.

L’autre traitement réservé à Navin Ramgoolam a été de nature politico-diplomatique. Après le bouquet de fleurs du Premier ministre Narendra Modi, placé dans la chambre d’hôpital de Navin Ramgoolam, le ministre des Affaires étrangères de l’Inde, Subrahmanyam Jaishankar, a rencontré, le jeudi 7 octobre 2021, le leader du Parti travailliste. Bien des jours auparavant, ce fut au tour de Dhaneshwar Damry, un homme fort riche mais devenu un factotum temporaire pour accompagner le Dr Navin Ramgoolam en Inde, d’être invité à une cérémonie par le ministre de la Défense de l’Inde. Il s’agit là de signaux qui ne sont pas difficiles à décoder.

Dans les jours à venir, ce qui retiendra l’attention, c’est le ton des commentaires politiques qui s’échangeront entre le leader travailliste et ses adversaires au MSM. Il serait tout aussi intéressant de noter le langage des dirigeants de l’entente de l’Espoir envers Navin Ramgoolam et les réactions de ce dernier.

L’infection au Covid-19 de Navin Ramgoolam pourrait bien entraîner dans son sillage médico-politico-diplomatique quelques conséquences inattendues sur le jeu politique à Maurice.