Publicité

Réouverture des frontières | Jardin botanique de Pamplemousses: tortue-re pour les yeux

10 octobre 2021, 19:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Réouverture des frontières | Jardin botanique de Pamplemousses: tortue-re pour les yeux

Les premiers touristes sont arrivés le 1er octobre après plus de 18 mois, pour le plus grand plaisir des opérateurs du secteur. Si hôtels et marchands se sont préparés depuis belle lurette, la découverte de la faune et la flore du pays est très prisée. Comment s’est donc organisé le jardin botanique de Pamplemousses, tant apprécié des étrangers et des amoureux en quête «denn ti baz serye pou relax» ?

Jeudi 7 octobre 13 h 30. Nous sommes à l’entrée du jardin botanique de Pamplemousses près de l’aire de stationnement. Le marchand de noix de coco fait déjà le plein et nous comprenons rapidement qu’il enchaîne les bonnes affaires. «Touris pe ale-vini kouma lapli. Zoli pou nou», nous dira-t-il, avant d’être approché par une famille anglaise. Dès que nous franchissons l’entrée, la propreté nous émerveille. La cabine destinée à la vente des billets d’entrée s’est refait une beauté et a une fière allure toute blanche. Nous comprenons tout de suite que tout a été fait pour le confort des touristes.

Néanmoins, cela ne sera que de courte durée. Un employé nous approche et met fin à notre rêve éveillé. «Zoli pou gete la non ? Gagn bon. Be al pli andan ou pou dir mwa», nous lance-t-il avant de s’en aller. Cette phrase à la fois intrigante et effrayante attire notre attention et nous décidons d’aller voir de plus près. Le jardin regorge de touristes. Une première scène nous laisse pantois. Un espace jadis vert est tout marron, recouvert de feuilles sèches empilées.

L’état de ces feuilles en décomposition nous laisse tout de suite comprendre que la pile ne date pas d’hier. Plus loin, le samadhi de sir Anerood Jugnauth attire notre attention. L’état du box en vitre laisse à désirer. Les vitres craquelées et les gouttelettes d’eau au plafond ne passent pas inaperçues. Cette image n’est que le début de ce que nous allons découvrir plus loin.

Qui dit jardin botanique de Pamplemousses dit le bassin des nénuphars, jadis lieu phare de cet espace vert. Catastrophe : l’eau boueuse remplie de nénuphars morts ne passe pas inaperçue. Les mauvaises herbes ont pris place au milieu du bassin qui autrefois immortalisaient les premiers baisers ou premiers râteaux amoureux. Aujourd’hui, c’est bien d’un bon coup de râteau que ce bassin aurait besoin et pas que. Des arbres abattus et déposés ici et là laissés pour compte. Les touristes venus visiter ce lieu semblent perplexes et nous pouvons entendre un couple au loin se dire : «Never thought this place would be like this.» Oui, ça aide d’avoir des talents de veyer zafer. Le tracteur n’arrête pas les va-et-vient, rempli de feuilles mortes, alors qu’au loin une chargeuse compacte s’affaire à gratter des feuilles pour remplir le tracteur.

Comment en est-on arrivé là ?

Un employé voyant nos caméras décide de se livrer à nous sous le couvert de l’anonymat. «Nou pa motivé, management pa bon. Bassin nenuphar la nou anvi netway li me lekipman mem pena. Pay nou zourne 300 roupi be nou travay pou 300 roupi. Li konpar nou travay 300 roupi avek travay kontrakter ki gagn 1200 roupi par zour. Dan troi zan ankor sa zardin la pou fini net si nou manage- ment pa drese.»

Voilà de quoi nous remettre les idées en place. Nous serons néanmoins ravis de voir un couple de touristes qui gravent leurs initiales sur un arbre et au loin un bassin avec des jolis canards tout blancs. Peut-on nous en approcher ? Non car c’est peut-être un cygne… Signe que l’heure est arrivée pour nous de partir.