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Élections municipales: les restrictions sanitaires favorisent le MSM

11 octobre 2021, 21:30

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Élections municipales: les restrictions sanitaires favorisent le MSM

Avec le retour de Navin Ramgoolam, l’opposition saura si elle affrontera les élections municipales en ordre dispersé ou si l’entente de l’Espoir sera avec le PTr. Mais ce n’est pas pour de sitôt et il y a d’autres écueils… Le gouvernement est omniprésent, servi par la MBC, alors que les autres partis sont limités sur le terrain, notamment.

Comme pour les élections générales, c’est le Premier ministre qui décide de la date du scrutin municipal. Mais bien plus, la Local Government Act a été amendée en mai pour étendre le mandat des élus locaux pour un maximum de deux ans. Raison avancée : Covid-19, bien sûr. L’incertitude quant à la date exacte devient encore plus forte avec ce pouvoir accru accordé au président de la République, «acting in accordance with the advice of the Prime Minister» par cet amendement. L’on ne sait pas trop comment le président s’y prendrait…

Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a objecté, le 18 mai, au Parlement, qu’avec cet amendement, «it is the Prime Minister who will decide, d’après son bon vouloir, if the elections should be held earlier than the one year or two years provided for in this amendment for the postponement of such elections». L’Attorney General, Maneesh Gobin, lui a répliqué que tant que l’on avait entre 15 et 30 jours de délai entre le Nomination Day et le writ of elections, c’était suffisant. Xavier Duval s’est, de plus, demandé si les nouvelles élections municipales seraient organisées aussitôt que le danger de la pandémie se serait estompé et qui en déciderait : «I do not mind the postponement with that proviso that should be held as quickly as possible.»

Le GM omniprésent...

Si même le mois durant lequel les élections municipales seront organisées demeure inconnu de l’opposition alors que le gouvernement, bien sûr, le sait, cela n’aidera pas l’opposition. L’on se rappelle qu’en 2019, Pravind Jugnauth avait assuré lors de sa conférence de presse (une de ses dernières) qu’il ne bluffe jamais et qu’il y aurait bien une élection partielle au no 7 en remplacement de Vishnu Lutchmeenaraidoo. Élection qui n’a jamais eu lieu…

Samedi, lors de la conférence de presse de l’entente de l’Espoir, Paul Bérenger a expliqué que l’opposition ne descend pas sur le terrain en vue des élections municipales, en raison de la contrainte de rassemblement limité à 100 personnes maximum. Si c’est vrai, ajouté à l’incertitude de la date des élections, il semble bien que le gouvernement soit avantagé, puisqu’il descend bien sur le terrain pour les inaugurations et qu’il est omniprésent sur la MBC, parfois dans plusieurs émissions en dehors des journaux en quatre langues, à la radio comme à la télévision (sur plusieurs chaînes).

Selon Jocelyn Chan Low, historien et observateur politique, si, en plus, l’opposition est divisée, ce sera la porte ouverte au gouvernement. «Le MSM (Mouvement socialiste militant) occupe, lui, déjà le terrain. Il a à sa disposition l’appareil d’Etat.» C’est sans compter, ajoute Jocelyn Chan Low, les nouveaux partis qui vont davantage contribuer à diviser les votes. «Et il y aura sans doute un taux d’abstention élevé à cause du Covid, notamment, mais cela desservira l’opposition et servira le gouvernement, qui a les moyens de mobiliser ses troupes et ses électeurs. Le vote de protestation ne s’exprimera donc pas à 100 %.»

Pressions étrangères

Même si les villes ne représentent pas traditionnellement un bassin de votes pour le MSM sans un allié de poids, ce parti ne voudra pas se faire battre à ces élections car cela enverra un mauvais signal quant à sa popularité. Jocelyn Chan Low souligne que contrairement aux villageoises où il n’y a pas de bannière de partis politiques, élections qui d’ailleurs peuvent basculer en faveur du gouvernement au lendemain du vote lors de la désignation des présidents, les élections municipales, elles, sont hautement politisées. «Si l’opposition affronte ces élections en ordre dispersé comme en 2019, c’est le MSM qui pourrait en sortir gagnant», prévient-il.

Il est clair qu’avec tous ces obstacles contre l’opposition, celle-ci aurait besoin du Parti travailliste (PTr) qui a une bonne assise à Port-Louis, Quatre-Bornes et Vacoas. Mais Navin Ramgoolam avait laissé planer des doutes sur la participation du PTr dans l’entente de l’Espoir pour les municipales. Son retour au pays était attendu pour qu’il précise sa position. Or, le leader rouge a demandé quelque temps de repos. Il ne se prononcera donc pas de sitôt.

Jocelyn Chan Low est aussi d’avis qu’il ne faut pas sous-estimer les pressions étrangères «qui sont même prêtes à installer une dictature pour servir leurs intérêts». Comme ce fut le cas dans de nombreux pays.