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Arya Samaj: les leçons à retenir de Deolall Soborrun
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Arya Samaj: les leçons à retenir de Deolall Soborrun
Deolall Soburrun n’est plus. Ce membre de l’Arya Samaj est décrit par ses proches comme un être d’une sagesse atypique, loin de ceux qui aiment caresser les politiciens dans le sens du poil. Ils rendent hommage à celui qui a aidé de nombreux Mauriciens à guérir.
Le pionnier de la médecine ayurvédique est décédé il y a un mois à la suite d’une courte maladie. Âgé de 86 ans, membre de l’Arya Samaj, Deolall Soburrun a pu ouvrir des pharmacies commercialisant des médicaments à base de plantes dans plusieurs régions du pays après avoir passé 14 ans en Inde pour apprendre le sanskrit et étudier les védas. Il en connaissait 7 000 versets. Suivant la philosophie de l’Arya Samaj, il a beaucoup contribué à l’éducation des jeunes.
Son parcours nous a été retracé par son fils Mantresh et sa bru Shermila. S’ils nous ont sollicités pour cet hommage, c’est parce qu’ils souhaitent que leur père soit une inspiration pour travailleurs sociaux et membres d’organisations socioculturelles. Un homme qui a beaucoup fait pour des Mauriciens, cela sans tambour ni trompette, soignant de nombreuses personnes sans ne jamais s’en vanter.
En Inde, il se marie à une Indienne et à Maurice, ils se lanceront dans la fabrication de médicaments à base de plantes. Il a été le premier à recommander à l’ancien Premier ministre, sir Seewoosagur Ramgoolam, de légaliser la médecine ayurvédique à Maurice. Ce dernier n’a pas validé cette recommandation qu’il jugeait difficile, mais il lui a conseillé de poursuivre son travail et de convaincre les Mauriciens des bienfaits de ce type de médecine.
Dans cet élan, il a consulté gracieusement de nombreux Mauriciens et a permis à des femmes d’accoucher grâce aux vertus des plantes. Ses consultations bénévoles seront critiquées par d’autres médecins. «Ou pe gat travay.» Mais son implication a entre autres été récompensée lorsqu’une mère a choisi de prénommer son enfant Himalaya, du nom de la compagnie du défunt.
Deolall Soburrun disait à ses enfants qu’il faut toujours aider sans ne jamais rien attendre en retour. D’ailleurs, il ne s’affichait pas aux côtés de politiciens ni ne recherchait-il une quelconque faveur. Son fils raconte qu’il était connu pour son francparler et nous confie une anecdote sur la défaite électorale d’un politicien. «Vous méritez cette défaite car vous n’avez pas travaillé pour le peuple», avait-il dit à l’homme vaincu. Deolall Soburrun disait que les auteurs de dons ne doivent pas s’en vanter. D’ailleurs, il haïssait ceux qui, par exemple, médiatisaient le don d’une chaise roulante, nous confie sa bru. «Ce n’était pas son genre de courir derrière les politiciens ou de les attendre pour entreprendre des actions. D’ailleurs, proches et amis voulaient rencontrer des politiciens, estimant qu’il méritait une décoration pour le travail qu’il effectuait. Mais il disait: “Une médaille pour faire quoi ? L’emporterons-nous avec nous quand nous mourrons. J’ai travaillé la terre et quand je mourrai je deviendrai terre”.» Shermila ajoute que son beau-père a également eu l’opportunité de se présenter aux élections générales mais il a refusé, ne voulant se mêler au monde des politiciens.
Son souhait, conclut-elle, était de construire un Gurukul, une école comme il en existe en Inde et où des jeunes suivent une éducation académique, en apprenant l’art de vivre, tout en pratiquant du yoga ou toute autre forme d’exercice physique. Un projet qui était en développement sur un emplacement situé à Eau-Bouillie, aux Mariannes, Montagne Longue. Deolall Soburrun a passé ses derniers jours dans l’endroit, mais il n’a malheureusement pas eu le temps de réaliser ce rêve.
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