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Covid-19: le filon en or des autotests
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Covid-19: le filon en or des autotests
Comment les tests rapides du Covid-19 peuvent être vendus sur Facebook, et dans au moins une station-service, alors que seule l’entité pharmaceutique enregistrée et qui détient un permis peut en vendre et que la publicité est interdite. Que fait donc le ministère du Commerce ?
À vendre : «Covid-19 Antigen Rapid Test Kit». C’est ce qui s’affiche, photos, prix (bien en dessous qu’en pharmacie) et numéros de téléphone à l’appui, sur Facebook et Instagram depuis le début du mois. C’est loin d’être tout.
Ces kits antigéniques de dépistage du Covid-19, soit des autotests à réaliser soi-même, par le biais d’un prélèvement nasal, notamment depuis qu’on assiste à une explosion des cas asymptomatiques, se vendent aujourd’hui non seulement sur les réseaux sociaux mais aussi dans au moins une station essence au cœur de l’île. Cette vente libre «offusque» des pharmaciens, qui, depuis le 28 juin, étaient les seuls pouvant commercialiser à Rs 300 (TVA comprise) l’unité, les kits de test rapide antigénique importés par des importateurs autorisés. Des tests qui s’accompagnent d’un certificat de conformité.
Un des concernés qui témoigne sous le couvert de l’anonymat affirme que selon les réglementations bien établies, c’est le ministère du Commerce qui donne son aval pour l’importation des autotests.
Quant à la Quarantine Act, elle stipule que ces tests ne peuvent être importés au pays que par des grossistes/distributeurs pharmaceutiques qui sont enregistrés auprès du Pharmacy Board.
D’où la question : «Comment se fait-il qu’ils se vendent sur Facebook et autres?» Notre interlocuteur souligne que : «Tous les colis qui entrent au pays passent par la douane. S’ils sont déjà sur le marché, c’est qu’ils ont été dédouanés. Est-ce qu’il y a connivence dans le système ? Ce n’est pas la première fois que cela se produit. Rappelons-nous de la saga des masques N95 vendus dans des quincailleries, magasins de meubles et sur Facebook. La tendance donne déjà un aperçu de ce qui se passera dans un futur proche.»
Il se demande ce qu’attendent les inspecteurs du ministère concerné pour agir, d’autant que des numéros de téléphone sont affichés sur les réseaux sociaux.
«Puis, dans la Pharmacy Act, il est clairement stipulé que la publicité est interdite. Est-ce que la loi pour le bon déroulement du domaine pharmaceutique est une farce ? Il me semble que des commerçants arrivent facilement à la contourner sans qu’aucune sanction ne soit prise à leur en- contre», souligne le pharmacien.
Il nous revient que la vente libre des autotests dans la station essence a été rapportée aux autorités concernées. «Ces commerçants sans scrupule bafouent notre système juridique et ne pensent qu’à se faire des sous. Ils ne comprennent pas que la pratique pharmaceutique est une profession noble.»
Par ailleurs, des pharmaciens ont appris par le plus grand des hasards qu’un centre de santé privé, toujours au cœur de l’île, importe depuis peu des autotests afin de les commercialiser vis-à-vis d’une association regroupant des professionnels du secteur touristique. Le centre de santé privé aurait fait une demande de licence de grossiste.
Dans le milieu concerné, l’on rappelle que la Quarantine Act 2020 stipule clairement que la vente des autotests doit être effectuée uniquement par le grossiste, soit l’entité pharmaceutique enregistrée auprès du Pharmacy Board et détenteur d’un permis à cet effet. Ce dernier ne peut les vendre qu’au ministère, institutions et laboratoires privés ainsi qu’aux pharmacies communautaires (Retail Pharmacy).
«Que chacun assume ses responsabilités, quitte à durcir la loi. En ce temps de crise, c’est une occasion pour le gouvernement de traquer ce marché noir et veiller au respect de la loi car n’oublions pas que tout contrevenant de la Quarantine Act est passible d’une amende ne dépassant pas Rs 500 000 ainsi qu’une peine de prison maximale de 5 ans», conclut-on chez des pharmaciens.
Nous avons essayé de joindre Zouberr Joomaye du comité de haut niveau sur le Covid-19. Ses explications sont attendues.
Siddique Khodabocus: «c’est la pagaille !»
Le ton est donné par le président de l’Union des pharmaciens et président de l’Association des petits et moyens importateurs de médicaments. «C’est la pagaille ! Alors que partout au monde, les autotests se vendent en pharmacie pour assurer un produit de qualité qui réponde aux normes ainsi qu’une traçabilité, pour certains, ce n’est que l’aspect commercial qui prime sans vérification aucune. Sans compter que certaines compagnies n’existent que sur Instagram.»- Selon Siddique Khodabocus, le pays compte une quarantaine de grossistes du domaine pharmaceutique, détenteurs d’un permis et qui ont des comptes à rendre. D’autre part, il se demande quand un amendement à la «Quarantine Act» a été apporté et pourquoi cela a été fait en douce pour autoriser des centres de santé privés à importer des kits d’autotest. Il se remémore surtout comment cela a été très compliqué pour eux, grossistes, au départ, avant de pouvoir importer ces tests, avec une série de normes et certifications à respecter. Il dit avoir demandé au nom de son association, une rencontre avec le chef pharmacien afin que des actions soient prises contre cette «très mauvaise pratique de laisser n’importe qui faire du commerce avec ce qui concerne la santé». À ce rythme, fulmine-t-il, «nou si nou kapav koumans pran lésans nou vandé».
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