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Fruits d’été: le changement climatique joue les trouble-fête
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Fruits d’été: le changement climatique joue les trouble-fête
Mangues, letchis, longanes ou encore melons d’eau… Autant de fruits d’été que de nombreux Mauriciens attendent de déguster. Selon la Small Planters’ Association, l’attente devrait être de courte durée pour certains fruits. Toutefois, planteurs et marchands entrevoient l’avenir différemment, surtout avec le changement climatique.
Cela fait plusieurs années qu’il s’occupe de son champ dans le sud du pays. Farhad Jugon cultive des arpents de terres avec légumes et fruits appartenant à la famille des cucurbitacées. Et si les giraumons poussent actuellement, ce n’est pas le cas des melons d’eau. «Le froid qui sévit sur l’île n’est pas propice aux melons d’eau. C’est un fruit qui a besoin de pluie certes, mais aussi de la chaleur.»
Farhad Jugon a déjà cultivé quatre arpents de ces fruits, et seulement deux arpents devraient lui rapporter jusqu’ici. «En tout cas, on ne devrait pas les voir autant sur les étals.» Ce planteur du Sud ajoute aussi que ses collègues et lui ont rencontré plusieurs problèmes depuis l’année dernière. «Lors du premier confinement, avec la mise en place des zones rouges, les melons d’eau sont restés dans les champs et ont pourri. Pour le second confinement, cela a été bis repetita.»
C’est le même constat à travers le pays, comme le soutient Krisna Goviden, maraîcher au bazar de Port-Louis. «Ce n’est pas uniquement les melons d’eau qui sont en retard, mais presque tous les fruits d’été.» Il souligne que même les mangues accusent un retard. «Mais le plus gros problème auquel nous faisons face, ce sont les voleurs de fruits. On aurait dû avoir une bonne récolte des mangues dauphinées, mais on voit dans les rues des ‘marchands’ qui en vendent alors qu’elles sont encore toutes petites.» Pour lui, le changement climatique joue un grand rôle dans le délai enregistré avec l’arrivée de ces fruits. «Un coup, il fait chaud et l’instant d’après il fait très froid.»
Le vol de fruits, un problème majeur
En ce qui concerne les prix, avec la réouverture des hôtels, ils risquent de prendre quelque peu l’ascenseur. Autre souci : l’importation des fruits. «Avec l’augmentation du fret, et le retard sur l’arrivée des fruits, les gens risquent de se rabattre sur les fruits locaux. Et avec la demande qui va augmenter, le prix va suivre aussi.»
Krisna Goviden met également le doigt sur un autre problème, celui de la hausse du nombre des marchands de fruits et légumes. «Depuis le confinement, on a vu des petits bazars émerger de toute part. Les personnes qui vendaient avant leurs arbres fruitiers à des marchands, se sont converties en marchands elles-mêmes. Donc cela va apporter un manque de fruits sur les étals du marché»
Toutefois, aucune raison de s’inquiéter, soutient Kreepalloo Sunghoon, secrétaire de la Small Planters’ Association. «Il est vrai que le coût de certains fruits comme le melon d’eau est un peu élevé. Actuellement, les planteurs vendent environ Rs 70 le kilo, mais je pense que d’ici le 15 novembre, nous devrions avoir ce fruit sur le marché.» En ce qui concerne les mangues, il faudra compter encore une vingtaine de jours pour les voir. «Chaque année, nous ne consommons que 30 % des mangues que nous cultivons. Le reste soit est détruit par les chauves-souris, soit tombe sans que personne ne les cueille. On aura donc les mangues à partir de novembre et cela durera peut-être jusqu’en mars.» Pour ce qui est des letchis, ce n’est que vers la fin du mois de novembre qu’ils devraient faire leur apparition sur le marché. «Déjà, les exportateurs se préparent en achetant les arbres. J’envisage au moins 2 000 tonnes en termes de récolte pour cette année.»
Par contre, autre constat de Kreepalloo Sunghoon, c’est que presque tous les fruits d’été pourraient faire leur apparition à la même période. «Les mangues, les letchis et les longanes arriveront au même moment, cela est dû au climat qui ne joue pas en notre faveur. On espère qu’il n’y aura pas de cyclone ou encore que le mauvais temps ne va pas jouer les trouble-fête.» En tout cas, les Mauriciens ne bouderont pas leur plaisir gustatif en cette période estivale.
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