Adepte du saut en longueur et en hauteur, la Seychelloise avec un patronyme très mauricien était «en transit» à Maurice il y a quelques semaines, avant d’embarquer pour les États-Unis. La jeune fille de 21 ans a effectivement i n t é g r é l’Université de Nevada, à Reno, pour y suivre un programme sports-études.

Mine de rien, la jeune femme originaire de Victoria est tout simplement la référence actuelle, en matière de longueur et de hauteur, dans la région de l’océan Indien. Lors des Jeux des Îles de l’océan Indien en août 2019 à Maurice, elle avait, effectivement décroché l’or dans les deux spécialités.

Sur le tartan du stade de Bambous, en hauteur, elle avait réalisé un saut à 1m70 après des passages à 1m60 et 1m65. Elle relégua sa concurrente la plus proche, soit la Réunionnaise Jade Paroix, à… 10 centimètres. Une montagne. Au saut en longueur, la bataille était plus féroce avec la Mauricienne Melissa Nigathe. Son dada c’est le saut en hauteur, mais pour ces Jeux des Îles, elle s’était alignée au saut en longueur, histoire de glaner une autre médaille.

A son quatrième essai, elle s’envola au sens propre, pour atterrir à 6m04, soit trois centimètres de mieux que la Mauricienne. Fait particulier, elle ne réussit que deux sauts ce jour-là, soit sa performance pour la médaille d’or et une autre à 5m82 à son premier essai. Elle se souvient d’une anecdote : quand elle avait mordu la planche à plusieurs occasions, elle voulait vérifier de combien de centimètres elle l’avait dépassé, mais les officiels le lui avaient interdit.

Miss Créole des îles Seychelles

Cela ne l’a pas empêché de se faire un nom dans le giron de la discipline dans cette partie du monde. En fait, elle a porté son patronyme jusque sur les rives africaines quelques mois avant les Jeux des Îles. En avril 2019, aux championnats d’Afrique junior en Côte d’Ivoire, elle décrocha effectivement, la médaille d’argent au saut en hauteur avec une performance de 1m77.

Avec ses deux médailles d’or aux JIOI, elle avait été nominée pour la Sportive de l’Année aux Seychelles. Mais devant les huit médailles d’or de la nageuse Felicity Passon, elle ne fit malheureusement pas le poids. Pas cette fois. Mais quand une porte se ferme, une autre s’ouvre : ses performances ont tapé dans l’œil des agents allemands qui l’ont contacté et qui lui ont demandé si elle était intéressée par une bourse sport-études.

Ses quelques années passées sous la férule de l’entraîneur cubain Carlos Vizcaino, lui ont permis de passer de 1m30 – performance réalisée dans ses classes d’éducation physique a l’école - à 1m77 (sa meilleure marque). Le secret de sa progression réside peut-être dans le fait qu’une de ses partenaires d’entraînement n’était nulle autre qu’une ancienne double championne d’Afrique de la spécialité : Lissa Labiche. Natasha Chetty vise d’ailleurs le record national des Seychelles de cette dernière, avec 1m92.

Pour cela, il faudra soigner sa course d’élan. Elle avoue qu’elle a tendance à attaquer la barre d’un peu trop loin. Et ce, même si elle change ses repères sur le tartan. «Je crois que c’est psychologique mais je vais devoir améliorer ça», confie-t-elle.

Ce ne sera pas vraiment un problème car le sport est inné. Les gènes lui ont été transmis par ses parents, avec un père volleyeur dans l’équipe de Beau-Vallon et une maman adepte du handball, du netball, du basketball et du football. Rien que ça !

En sus de ses qualités athlétiques, Natasha Chetty a été gâtée par la nature. Sa belle plastique lui a valu de faire des photos pour des agences de mannequin. Mais c’est sa participation à la compétition Miss Créole des îles Seychelles 2018 qui restera sur son CV. Parce que ce jour-là, elle a été sacrée deuxième princesse. «C’était une très bonne expérience et ça été une bénédiction car j’y ai rencontré ma meilleure amie», se souvient-elle.

Aux États-Unis, les opportunités se bousculeront. Elle va se spécialiser en Business Administration tout en intégrant l’équipe d’athlétisme. Avec ses qualités pour le saut et la vitesse, elle va peut-être tenter l’aventure heptathlon. «Je dois me muscler un peu pour ça», rigole-t-elle.

Amicale Maurice-Seychelles

Pour la première fois, elle va quitter ses parents. De passage à Maurice pendant quelques jours, le temps d’obtenir son visa, elle a été hébergée par la famille Anthony à Coromandel. Jimmy, ex-handballeur a bienveillamment répondu à l’appel lancé par la maman de Natasha, handballeuse elle-aussi. Une amicale Maurice-Seychelles existe effectivement, même officieusement. Les relations dans le domaine du sport sont fraternelles entre les deux îles.

Quand nous l’avons rencontrée à Coromandel, Natasha pétillait d’envie d’aller à l’aventure. Elle sait où elle met les pieds et ses facultés lui permettront de s’adapter à la culture américaine, même si les repas aux fruits de mer vont beaucoup lui manquer.

La petite Seychelloise ne sera pas perdue dans cette mégalopole car, a l’université, elle va rejoindre trois autres jeunes compatriotes qui pratiquent le triple saut, le disque et les haies.

Enfin le grand saut, donc. Et forcement, quand on prend de la hauteur, au propre comme au figuré, un jour, on titille les étoiles…