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Morts du Covid-19 en auto-isolement: les failles du système

1 novembre 2021, 20:00

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Morts du Covid-19 en auto-isolement: les failles du système

La Domiciliary Monitoring Unit (DMU), comme son nom l’indique, a été mise sur pied pour «monitor» les patients testés positifs au Covid-19 mais qui pourront demeurer chez eux en auto-isolement. 32 médecins ont été recrutés sous contrat. Selon nos informations, ils se déplacent dans leur propre voiture pour aller voir les patients qui font appel à eux. Pour tout équipement, ils n’ont qu’un stéthoscope, un tensiomètre et des antalgiques type Panadol. Donc, ils ne peuvent venir au secours d’un patient ayant besoin, par exemple, d’oxygène. Il semble donc que pour ces derniers cas, ils fassent appel au SAMU ou à la Rapid Response Team, qui sont équipés pour apporter les premiers soins et sauver des vies. Ces médecins de la DMU se contentent donc de poser des questions ou répondent aux questions des patients ou de leurs proches par téléphone parfois. Une consultation par téléphone ? comme se le demandait Paul Bérenger samedi.

Que s’est-il passé pour ces deux hommes, l’un âgé de 60 ans et l’autre de 34 ans qui sont décédés en attendant de recevoir du secours ? Du côté de la DMU, on parle de refus d’un médecin du SAMU d’aller sur place. Un haut gradé du SAMU ne comprend pas. «Si un médecin avait refusé, cela se saurait car l’information est notée et remontée au plus haut niveau. Or, tel n’a pas été le cas. Et nous enregistrons tous les appels entrants qui peuvent être consultés.» Il semble qu’une enquête soit déjà ouverte par une cellule au ministère de la Santé. Même si, nous dit Ehsan Juman, à hier, personne n’a téléphoné aux proches d’une victime, décédée il y a une semaine. Après des consultations par téléphone, une enquête par téléphone ? Non, même pas, nous répond-on.

Testé négatif mais mort du Covid

Ehsan Juman nous raconte une expérience dont il a été témoin personnellement. Elle concerne ce jeune père de famille de Vallée-des-Prêtres. L’épouse du décédé, qui travaille dans un hôtel, a été testée positive et mise en auto-isolement. Son enfant de dix ans a été envoyé chez sa grand-mère et la femme est demeurée avec son mari qui a été testé négatif au Covid. Cependant, ce dernier a commencé à éprouver des symptômes inquiétants en toussant sans arrêt dès le 20 octobre. Sollicité, un médecin de la DMU lui a assuré que ce n’était pas le Covid. Lorsque le patient lui a répondu qu’il éprouvait des difficultés respiratoires, le médecin lui dira que c’est impossible puisqu’il arrive à parler. N’est-ce pas le Covid puisque sa femme est positive ? «Peut-être», lui répond le médecin, qui lui recommande de se faire tester à l’hôpital mais après sept jours ! En attendant, on lui prescrit des Panadol, du sirop contre la toux et du Piriton. De toute façon, lui dit le médecin, ce sont les mêmes traitements qui lui seront administrés à l’hôpital. Contre la toux, aucun gargarisme n’est prescrit, contrairement à la femme qui, elle, pourtant, ne toussait pas.

Toujours selon Ehsan Juman, après l’aggravation du cas de cet homme, de nombreux appels sont passés sur la hotline 86011 et à l’hôpital. Ni le SAMU, ni la DMU ni la Rapid Response Team ne rapplique. Et lundi dernier, l’homme appelle un taxi tôt le matin car il n’en pouvait plus. Lorsque le taxi arrive vers 6 h 30, à peine se lève-t-il du lit pour s’habiller qu’il s’écroule devant les yeux de sa femme et meurt sur-le-champ. Lorsque le SAMU arrivera vers 10 h 15, ce ne sera que pour constater le décès.

Le calvaire de l’épouse n’est pas terminé. Étant tous deux positifs, ils sont isolés et doivent attendre que le service de l’hôpital vienne chercher le corps. La pauvre femme restera accompagnée de sa mère seule à côté du corps de son époux pendant toute la matinée. À attendre. Vers 15 heures, elle contacte le député qui appelle aussitôt les autorités concernées. Et tout aussitôt, vers 15 h 30 le corps est récupéré et c’est à l’hôpital qu’il est constaté que le jeune père de famille est mort du Covid. Pourtant, il avait été testé négatif…

Un haut cadre du ministère de la Santé nous donne une explication assez surprenante et inquiétante : «Parfois, un test négatif peut cacher un cas positif. Il faut refaire le test après sept jours.» Même si le patient éprouve des symptômes ? «Non, il faut le refaire le plus vite possible.» Pourtant, un de ses collègues de l’hôpital a dit au patient d’attendre sept jours. Mais la mort n’a pas attendu.