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Parlement: aucune enquête policière sur l’affaire Angus Road
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Parlement: aucune enquête policière sur l’affaire Angus Road
Le Premier ministre a déposé une réponse écrite à l’Assemblée nationale, en fin de semaine dernière. Il affirme qu’aucun dépôt de plainte n’a été fait à la police dans le cadre de son acquisition de terrain controversée à Vacoas et se réfugie derrière l’ICAC. Il donne suite à une question du député du Parti travailliste, Patrick Assirvaden, posée le 3 août.
Les Casernes centrales n’enquêtent pas sur les allégations faites à l’encontre de Kobita et Pravind Jugnauth après l’acquisition de leur propriété à Angus Road. La réponse est venue du Premier ministre, lui-même. Le chef du gouvernement a déposé une réponse écrite à l’Assemblée nationale, en fin de semaine dernière, dans laquelle il affirme qu’aucun dépôt de plainte n’a été fait à la police dans cette affaire.
Sa réponse faite suite à une question du député du Parti travailliste (PTr) Patrick Assirvaden, posée le 3 août. Ce même jour, le speaker, Sooroojdev Phokeer, avait lancé le fameux «look at your face» à Rajesh Bhagwan (voir hors-texte). Le député du PTr avait demandé à Pravind Jugnauth de fournir au Parlement des renseignements concernant l’enquête instituée par la police et d’autres institutions à la suite des allégations de corruption faite à l’encontre de Pravind Jugnauth et de son épouse, dans le cadre de l’acquisition de leur terrain à Angus Road, Vacoas.
Dans sa réponse de 235 mots, le Premier ministre a aussi fait savoir qu’une enquête de l’Independent Commission against Corruption (ICAC), ouverte le 15 mars 2011, a été abandonnée le 9 mai de la même année. Car il n’y avait pas de preuve qu’un délit ait été commis sous la Prevention of Corruption Act ou sous la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act. De plus, il a rappelé qu’une deuxième enquête, démarrée le 20 octobre 2013, a été interrompue le 27 juin 2014. «J’ai fait une déclaration à l’ICAC le 24 novembre 2020 et j’ai donné tous les documents liés à cette affaire. La Commission anticorruption m’a fait savoir que l’enquête continue», lit-on dans la réponse. Toutefois, Pravind Jugnauth a ajouté qu’en vertu de l’article 81 de la Prevention of Corruption Act, l’ICAC ne peut divulguer d’informations supplémentaires.
Patrick Assirvaden a pris connaissance de la réponse du Premier ministre hier. «Il a répondu pour ne rien dire. Est-ce qu’il fallait faire tout ce cinéma lors de la séance du 3 août pour finalement donner cette réponse ? Il a noyé le poisson. À vrai dire, le chef du gouvernement avait peur de mes questions supplémentaires. Est-ce que l’ICAC a interrogé Alan Govinden qui était à Maurice ? Est-ce que les enquêteurs sont en possession de nouveaux documents qui ont fait surface avec le nom du couple Jugnauth ? Pour quelle raison l’ICAC n’a pas encore remis son dossier au bureau du Directeur des poursuites publiques, alors qu’elle aurait dû soumettre un rapport après un an. En somme, Pravind Jugnauth se cache derrière l’ICAC pour ne rien divulguer, alors qu’il vient de renouveler le contrat de son directeur général. S’il n’a rien à se reprocher, c’est mieux qu’il dépose tous les dossiers à l’Assemblée nationale.»
D’après des hommes de loi qui suivent cette affaire, le chef du gouvernement n’a pas tout dit dans sa réponse. «En tout, il y a cinq enquêtes de l’ICAC sur l’affaire Angus Road. Deux d’entre elles ont été abandonnées, mais il en reste trois. Le bureau du Directeur des poursuites publiques n’a eu aucune conclusion de ces enquêtes, qui datent de plusieurs années, jusqu’à l’heure. De plus, bien que le Premier ministre ait fait sa déposition en novembre 2020, le dossier est toujours entre les mains de l’ICAC, mais pas entre celles du Directeur des poursuites publiques», affirme un homme de loi. De plus, il note que dans sa réponse, Pravind Jugnauth n’a pas pipé mot sur la demande de mutual legal assistance de 2014, faite par l’Attorney General auprès de la haute commission britannique pour le compte de l’ICAC sur l’affaire Angus Road. D’ailleurs, dans le milieu juridique, d’aucuns se demandent s’il est possible d’avoir recours à une Private Prosecution contre le couple Jugnauth si l’ICAC tarde à boucler son dossier, afin de connaître la vérité.
Une séance mouvementée
Les travaux parlementaires du 3 août ont été très agités. La question de Patrick Assirvaden sur l’affaire Angus Road était en troisième position, tandis que la deuxième interpellation de la liste devait être posée par Fabrice David. Ce dernier a retiré sa question pour que celle de son collègue puisse passer en premier. Or, lors de la «Private Notice Question», le speaker devait faire un “walk-out” et, pendant la pause, il aurait discuté avec des membres du gouvernement sur cette stratégie. Lors de la tranche des questions adressées au Premier ministre, les députés de l’opposition n’ont pas voulu poser de questions supplémentaires à l’interpellation de Reza Uteem sur la carte identité, afin d’avoir du temps pour aborder l’affaire Angus Road. Toutefois, les «backbenchers» du gouvernement ont interrogé le Premier ministre, qui donnait de longues réponses. Finalement, toute l’opposition avait protesté énergiquement. Dans la foulée, le speaker avait éructé «look at your face» à l’intention de Rajesh Bhagwan, à 11 reprises.
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