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Covid-19: des patients et des morts de plus en plus jeunes

5 novembre 2021, 14:00

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Covid-19: des patients et des morts de plus en plus jeunes

Ils ont entre 22 et 40 ans, dont certains vaccinés, et ils sont décédés après avoir contracté le Covid-19. Qu’est-ce qui explique ce rajeunissement des cas graves de la maladie alors que la campagne de vaccination a été très agressive ? Le ministère de la Santé promet des réponses après avoir étudié toutes les données

Le constat est alarmant. Beaucoup de jeunes et ceux âgés de moins de 50 ans se retrouvent parmi les personnes à risque actuellement à Maurice. Les spécialistes commencent même à parler de rajeunissement chez ceux qui trouvent la mort, à cause du Covid-19. Cette situation est surtout due au relâchement au sein de la population, observent de nombreux Mauriciens.

La question a été posée au Dr Vasantrao Gujadhur. Pour lui, plusieurs facteurs doivent être pris en considération pour pouvoir parler d’un rajeunissement dans le nombre de cas de décès liés au Covid-19. À titre d’exemple, il faut savoir si dans les patients positifs, les jeunes infectés par le virus sont vaccinés ou souffrent principalement de comorbidités. Il faut avoir tous les détails à ce sujet avant de se prononcer sur le rajeunissement des cas, indique l’ancien directeur des services de santé. De plus, deux jeunes patients dialysés décédés du Covid ont été recensés en une semaine. Il s’agit d’une jeune fille de 22 ans et d’un homme de 31 ans.

De son côté, Bose Soonarane, secrétaire de la Renal Disease Patients Association, parle de la vulnérabilité de ces personnes. «Bien évidemment, le Covid a contribué à leur mort.» Il indique, par la même occasion, qu’il n’y a pas de communication claire à ce jour sur le Fact Finding Committee mis sur pied pour les 11 dialysés qui ont perdu la vie à l’hôpital de Souillac. «Nous sommes toujours dans le noir et dans l’attente des résultats.»

Problème de communication

Le Dr Zouberr Joomaye, lors de la conférence de presse du National Communication Committee, mercredi, a souligné que statistiquement, il y a plusieurs patients de moins de 60 ans parmi les décédés et que le ministère de la Santé se penche sur chaque dossier des personnes jeunes, vaccinées et sans comorbidités qui ont laissé la vie suite au virus. «Dans la plupart des cas, il y a eu un grand dégât dans le pou- mon, dont des pneumonies…» Le ministre de la Santé, le Dr Kailesh Jagutpal, de son côté, a expliqué que son ministère compile actuellement les chiffres des jeunes morts positifs au Covid et qu’il divulguera les données une fois l’exercice terminé.

Mais un relâchement serait la principale cause du nombre grandissant de cas de Covid-19 dans la communauté. Cette question a été posée aux internautes qui n’ont pas hésité à donner leur point de vue sur cette situation. Pour Chantal Kelly, les jeunes ne prennent pas au sérieux ce virus. «Pour les jeunes, ils ne peuvent pas avoir le Covid. C’est pour les personnes plus âgées. Je pense que chacun doit assumer ses responsabilités.»

De son côté, Noorjahan Ruhomally souligne que les sorties entre amis sont de nouveau possibles. «Les jeunes prennent le minimum de précaution lors de ces sorties. Je pense que depuis l’apparition du variant Delta, les autorités auraient dû imposer certaines restrictions sur les sorties et les fêtes organisées. Il est vrai que chacun doit prendre ses précautions.»

Elle soutient que le gouvernement aurait pu demander des conseils au Dr Gujadhur. «Le gouvernement devrait mettre son ego de côté et solliciter les conseils du Dr Gujadhur ou encore des membres de l’opposition qui peuvent aider. Ce problème concerne tout le monde, et il n’y a aucune couleur politique qui tienne.» Face à l’ampleur du problème, elle dit prendre le maximum de précaution car il y a des personnes âgées au sein de sa famille. «Une fois rentrée à la maison, je vais directement dans la salle de bains avant d’aller les rencontrer. Il faut penser à eux.»

Par contre, Ambreen Nabeebux Peerbocus pense que certains jeunes reconnaissent l’ampleur du danger qui les guette avec le Covid-19. «Surtout ceux qui ont perdu un proche à cause de ce virus. Mais d’autres oublient le risque. Comme l’on dit, un jeune reste un jeune. Il est toujours dans l’âge de l’insouciance. Et cela les conduit à attraper le virus car ils font fi des gestes barrières.» Selon l’internaute, le traitement du sujet du coronavirus devient une banalité. «Entendre un décès sur les médias et voir un proche souffrir ou mourir du Covid est traité différemment dans le mental des gens. Mais je crois que les parents aussi devraient sensibiliser les plus jeunes et les instruire sur les gestes barrières à maintenir qu’importe où ils sont.»

Pour Sahid, un problème de communication serait aussi à l’origine du relâchement. «À la place des ministres qu’on fait défiler à la télé, l’on aurait dû inviter des médecins, des experts qui puissent expliquer un peu plus sur cette pandémie. Et cela, depuis le départ du Covid-19.» Avec l’ouverture des frontières, des plages, les jeunes doivent s’adapter au Covid. «Certains sont stressés à l’école avec la présence de ce virus. Les gens ont peur, mais ils doivent sortir pour travailler.»

Soulignons que depuis mars, Maurice a déjà dépassé la barre des 160 personnes décédées du Covid-19.

 

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<p>C&rsquo;est le nombre de cas positifs recensés depuis le 5 mars.</p>

 

Les malades reçoivent-ils les traitements appropriés?

Le cas de cet homme de 62 ans admis au Covid-19 ward de l’hôpital de Candos la semaine dernière interpelle. Il a vu deux de ses voisins quitter ce monde en l’espace d’un jour. Et il éprouve les mêmes symptômes : suffocation, fortes douleurs au thorax, sensation d’implosion du poumon. Cependant, il n’est traité qu’avec du nébuliseur et des gouttes dans le nez. Pas de respirateur bien qu’il ait été sous oxygène pendant la nuit. On nous fait comprendre que la mise sous respirateur n’est faite que si l’oxygène chez le patient descend à un certain niveau. Et pourquoi pas de traitement antiviral puisque selon les médecins mêmes, le virus a envahi le poumon du patient ? «Nous poursuivons les traitements que le patient recevait avant son arrivée à l’hôpital, à savoir injection de cortisone et autres.» Un haut gradé du gouvernement nous explique que c’est la non-vaccination du patient qui est la cause de la dégradation de son état. Mais ce sont les médecins mêmes qui ont déconseillé le vaccin car le patient souffrait de problème cardiaque, lui avons-nous fait remarquer. Réponse : «Le virus ne vérifie pas la carte de vaccination du patient…» Ce qui voudrait dire que ces patients avec des comorbidités ne peuvent se faire vacciner et doivent donc faire face au virus, et sans antiviral ! Pour le Dr Vasantrao Gujadhur, ancien directeur des services de santé, il est important de savoir quels sont les traitements donnés aux patients admis, surtout à l’hôpital ENT. «Est-ce que les malades sont traités aux anticorps monoclonaux comme à l’étranger ? Car on sait que ce traitement diminue les décès de 80 % chez les patients vulnérables, âgés et ayant des comorbidités.» Du côté des autorités, le Dr Zouberr Joomaye, lors de la conférence de presse du National Communication Committee, mercredi, s’est tout simplement contenté de dire que «le traitement est là», sans donner plus de détails. Entre-temps, le gouvernement avait lancé un appel d’offres pour l’achat des médicaments Tocilizumab et Remdesivir pour traiter le Covid-19, qui seront utilisés dans un premier temps pour des cas particuliers, sur avis du médecin traitant.