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Réouverture avec septaine à Rodrigues: plans chamboulés, voyages annulés

11 novembre 2021, 12:30

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Réouverture avec septaine à Rodrigues: plans chamboulés, voyages annulés

Des questions fusent après l’annonce de la réouverture de la perle de l’océan Indien avec une septaine obligatoire aux frais du visiteur dans un établissement désigné du 15 novembre jusqu’à fin décembre. Le chef commissaire Serge Clair, face à la presse, lundi 8 novembre, a beau parler d’«approche et de décisions prudentes pour garder Rodrigues Covid-safe avec une première phase de reprise contrôlée» des vols, mais la septaine est loin de faire l’unanimité bien qu’une bonne partie de la population rodriguaise ne voulait pas entendre parler de réouverture sans quarantaine.

Françoise Baptiste, femme entrepreneure et directrice de La Belle Rodriguaise, déplore qu’aucune autre info ne soit disponible après la conférence de presse de Serge Clair. «Les opérateurs sont dans le flou. C'est la désorientation totale.» Elle fait ressortir que les touristes ne seront pas intéressés à venir passer des vacances avec sept jours de quarantaine, ayant elle-même enregistré des annulations de clients. «Pour nous hôteliers, la situation demeure inchangée avec la charge salariale qui nous revient. Nous étions un peu allégés par le travail alternatif à nos membres du personnel.» Il y a tant que de questions auxquelles elle espère avoir des réponses des officiels. Notamment, comment se fera le choix des établissements pour la septaine à cinq jours de la réouverture.

Nous avons aussi tâté le pouls de deux habitués d’escapade rodriguaise. Sharin Salesse, fervente visiteuse de Rodrigues avec son époux Finlay, revenait d'une marche à l'heure où elle s’est confiée, hier. «Je reviens d'une marche de 5 km dans les champs de cannes à Quartier-Militaire. J'aurais préféré de loin faire une randonnée de Graviers à Saint-François en passant par Anse-Bouteille et Trou-d’Argent mais les conditions imposées pour entrer à Rodrigues ne me le permettent pas. Payer un billet pour 10 jours de vacances et en plus payer la septaine découragent bon nombre de Mauriciens. Je comprends les inquiétudes de nos frères et sœurs rodriguais et leur souci de se protéger d’un variant meurtrier. Mais on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre.» Elle ajoute qu’elle connaît des amis qui ont annulé 11 billets pour les fêtes de fin d'année. «Rodrigues me manque et j’ai hâte que la situation revienne à la normale. En attendant, je souhaite que Rodrigues demeure Covid-safe.»

De son côté, Joey Niclès Modeste, photographe mauricien indépendant des voyages et du tourisme, entre autres, et vivant à Paris, est un amoureux de son île natale et de Rodrigues. Constatant que Rodrigues n’occupait pas suffisamment le terrain sur les réseaux sociaux pendant sa fermeture, il a publié certains de ses plus beaux clichés pris dans l’île aux limons lors d’un récent voyage. «Il faut donner goût aux gens d'y aller même si c’est fermé pour le moment.» Sur la septaine obligatoire, il va droit au but. «Je ne crois pas que des Mauriciens s’y rendront avec la quarantaine à leurs frais. Si c'est un séjour familial, la carte bleue virerait vite au rouge», souligne celui dont le sens de l’humour lui colle à la peau.

Lui, qui est toujours scotché à l’actualité de la République, a lu que la population rodriguaise est divisée sur la quarantaine à la réouverture. «C’est une décision pas facile à prendre. Rodrigues dépend des touristes mauriciens ki kontan aste so ti pima, so ourit sek kan li al laba. Rodrigues a besoin de touristes pour redémarrer son économie. En même temps, on ne peut pas blâmer le gouvernement régional. Jusqu’ici Rodrigues a enregistré neuf cas importés. Maintenant après la réouverture, que va-t-il se passer ?» s’inquiète notre compatriote. Il confie s’être acheté un vélo pour ne pas utiliser les transports en commun en France depuis qu’il a perdu des proches à cause du Covid-19 et pour protéger sa mère de 80 ans. Il indique qu'il continue de porter le masque même si ce n’est pas obligatoire et se désinfecte, tellement «ce qui se passe fait peur».

Par ailleurs, il nous revient qu'une réunion entre les officiels du gouvernement régional, ceux de l’office du tourisme de Rodrigues et les opérateurs s’est tenue hier, mercredi 10 novembre, à 13 heures, au Mont Plaisir Cultural and Leisure Centre. Inscrites à l’agenda : les modalités de voyage après l’annonce de la reprise graduelle des vols commerciaux. Des modalités qui vraisemblablement n’auraient pas plu à toute l’Assemblée.

Selon Nicolas Volbert, membre de l’Assemblée régionale, à travers une publication sur les réseaux sociaux, quelques dizaines de personnes auraient boudé la réunion en effectuant un walk-out une vingtaine de minutes seulement après le début de celle-ci. Cela, par mécontentement par rapport à certaines décision prises et au manque d’éclaircissement. Selon lui, les autorités ont failli à leur tâche de mettre sur place un protocole avant la reprise des vols commerciaux vers Rodrigues lundi prochain.