Tout est parti d’une lettre brandie par le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, durant sa Private Notice Question au Parlement, vendredi. Cette correspondance, que la chef de cabinet du ministère de la Santé, Dalida Allagapen, adresse à l’ambassadrice de France à Maurice, fait état du besoin urgent du pays en oxygène.

Alors que le ministre de la Santé, le Dr Kailesh Jagutpal, insiste qu’il s’agit d’un plan de préparation, la réalité est tout autre. En fait, 20 tonnes «représentant les besoins de deux jours de consommation d’oxygène» ont déjà été acheminées à Port-Louis par le CGS Baraccuda de la National Coast Guard, samedi 20 novembre.

D’après nos recoupements auprès de nos confrères réunionnais, si seule la première rotation est prévue pour le moment, deux à trois autres, avec à chaque fois un iso-tank de 20 tonnes, ne sont pas à écarter. La société Air Liquide du Port est chargée de fournir l’oxygène qu’elle produit.

Cet appel à l’aide d’urgence à l’île sœur intervient à un moment où les trois unités de production à Maurice sont saturées, face à la hausse de la demande. L’oxygène produit localement couvre une partie des besoins et celui acheminé de La Réunion est un complément. Car l’oxygène est pendant cette pandémie de Covid-19, absolument indispensable pour les patients gravement touchés par la maladie. Il est considéré comme le «meilleur médicament» contre le virus.

Le Dr Philip Lam, spécialiste en médecine interne et membre du comité de vaccination, donne une idée des besoins en oxygène avec l’augmentation des admissions liées au Covid dans les centres de santé publics et privés. «Pour des cas réguliers en clinique, le patient a besoin de deux à cinq litres par minute. En revanche, ceux admis pour des complications du Covid, ont besoin de cinq à dix litres par minute; d’autres jusqu’à 30 litres par minute. Par heure, faites le calcul. C’est énorme», explique le médecin.

Par ailleurs, il ressort que l’hôpital ENT à Vacoas, principal centre hospitalier destiné aux cas graves de Covid-19, dispose d’un système de production d’oxygène. En temps normal, il n’a pas besoin de s’approvisionner ailleurs. Mais, avec les ravages du variant Delta sur notre sol, la donne n’est plus la même.

En sus de l’oxygène, Maurice a également sollicité un prêt de dix respirateurs avec compresseurs de La Réunion. Et sur le plan des ressources humaines, un médecin et une infirmière expérimentés en réanimation pour aider et encadrer à l’hôpital ENT