«Mo ti pou préfer zordi mo fami pé atann mo lekor sorti dépi la dan place enn bon fam kouma li inn mor», pleure Kaleem Rujub, 31 ans. Assis en face de l’hôpital ENT sur un rocher, cet homme n’arrive pas à retenir ses larmes. Son épouse s’en est allée, hier matin, après s’être battue pendant neuf jours sous respirateur artificiel. Meurtri, Kaleem Rujub se demande où il pourra bien trouver le courage d’élever son premier enfant, une petite fille, qui vient de naître et qui ne connaîtra jamais sa mère.

Il explique que sa compagne Nella Mooken, 38 ans, se portait très bien, jusqu’au dimanche 7 novembre, soit quelques jours après qu’elle soit allée à son rendez-vous à l’hôpital Victoria. Enceinte de huit mois, elle a commencé à faire de la fièvre ce dimanche-là. «Le lendemain, nous l’avons donc transportée a l’hôpital Victoria où elle a été testée positive. Comme elle ne sortait pas, nous sommes persuadés qu’elle a été contaminée à l’hôpital le jour de son rendez-vous», raconte les larmes aux yeux la mère de Kaleem.

C’est à partir de là que leur vie a commencé à basculer. Nella étant très faible et asthmatique, les médecins annoncent à Kaleem que l’accouchement de son épouse devra être déclenché. Nella met donc au monde une petite fille le mercredi 11 novembre par césarienne. Pouvant encore parler et discuter avec son époux au téléphone ce jour-là, elle donna le nom de Kawsar au nouveau-né, qu’elle a vu quelques secondes seulement. «Après son accouchement, son état a commencé à se dégrader. Le samedi 13, elle a été transférée à l’hôpital ENT, au milieu de la nuit, pour être mise sous respirateur artificiel. J’ai entendu sa voix pour la dernière fois ce matin-là», confie Kaleem en regardant la photo de son épouse sur son téléphone et en essuyant ses larmes qui coulent le long de son visage.

Pour lui, Nella ne méritait pas de mourir ainsi et dans de telles circonstances. «Li ti enn fam extraordiner. Li ti enn extra bon mama pou so deux enfants ki linn gagné de enn mariage présédan. Et grace a li mwa monn vinn papa pou premier fwa. Cette femme m’a sauvé d’un passé troublant, elle m’a donné une raison de vivre mais elle n’est plus à mes côtés.»