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Habib Mosaheb: «Le pouvoir accordé à l’IBA d’avoir accès à l’identité d’un intervenant sur les ondes est inquiétant»

25 novembre 2021, 11:00

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Habib Mosaheb: «Le pouvoir accordé à l’IBA d’avoir accès à l’identité d’un intervenant sur les ondes est inquiétant»

Une licence d’opération d’un an au lieu de trois, l’accès à l’identité des sources ou encore aux revenus d’une radio, les amendements à l’«IBA Act» ne font pas l’unanimité. Habib Mosaheb, journaliste et animateur de Top FM – radio qui serait visée par ces amendements – nous en parle.

Le projet d’amendement à l’IBA Act semble, selon beaucoup, viser Top FM en particulier. À tel point que l’on parle d’amendement Top FM. Pourquoi ?
Tout le monde sait que le pouvoir ne porte pas Top FM dans son cœur. Nous passons des informations qui visent à informer la population alors que certains ne souhaitent que continuer la propagande gouvernementale. Les auditeurs qui interviennent sur nos ondes ont aussi la parole libre. S’ils déraillent, nous sommes à l’écoute et les autres auditeurs le sont aussi.

Il y a un premier élément dans cette série d’amendements à l’IBA Act qui vous interpelle : la licence qui passe de trois ans à un an…
C’est un des éléments qui nous pousse précisément à penser que l’amendement vise Top FM. Alors que les autres radios ont obtenu le renouvellement de leur licence pour trois ans, quand le tour de Top FM arrive, on ramène la licence à un an. N’est-ce pas une mesure discriminatoire ? Comment voulez-vous que la direction s’organise avec une licence aussi précaire ! Mais c’est surtout la pression monumentale exercée sur une antenne libre, un peu comme les contrats d’un an accordés au commissaire de police ou au directeur de l’Independent Commission against Corruption.

Ce qui vous dérange aussi, c’est que le renouvellement est désormais sujet à la «past conduct» de la radio. Qu’est-ce que cela veut dire au juste ?
Ni moi, ni la direction, ni aucun avocat ne pourrait vous le dire, tellement c’est vague. Qui va décider que la ‘past conduct’ est blâmable ? Comme elle est présentée, on craint que cet article puisse inclure des suspensions d’antenne passées, même si ces suspensions font maintenant l’objet de révisions judiciaires. Ce terme de ‘past conduct’ me fait penser au terme ‘causing annoyance’ de l’article 46 de l’ICT Act, terme, dois-je vous le rappeler, qui a été déclaré anticonstitutionnel par notre Cour suprême.

Il y a aussi le projet de créer un Independent Review Panel, qui semble remplacer le Complaints Committee existant, qui vous interpelle.
Absolument. Ce Complaints Committee, présidé par un légiste respecté, Me Gilbert Ithier, a fait ses preuves d’indépendance même vis-à-vis de l’IBA en donnant raison aux radios à la suite de plaintes déposées par l’IBA elle-même. En le court-circuitant et en créant une nouvelle entité, le gouvernement démontre qu’il n’est pas d’accord avec le Complaints Committee. D’ailleurs, l’IBA a cessé de passer par ce comité en agissant comme juge et partie, en lançant des accusations et en décidant elle-même si l’accusation est justifiée.

L’amendement propose aussi de faciliter certaines informations jugées sensibles…
Avec cet amendement, l’IBA pourra demander et obtenir des informations concernant la source des revenus d’une radio. Mais ce sont des informations commerciales confidentielles ! Pourquoi l’IBA devra-t-elle y avoir accès si ce n’est pour intimider les annonceurs et les sponsors ?

L’amendement concerne aussi l’identité des intervenants sur les ondes…
Oui, c’est le plus inquiétant non seulement pour Top FM et les autres radios mais devrait inquiéter également les autres médias – le pouvoir qui sera accordé à l’IBA d’accéder à l’identité d’un intervenant sur les ondes. C’est aller à l’encontre d’un des plus vieux principes journalistiques du monde, enfin des pays démocratiques : le secret des sources. Il faut savoir que dans le passé, l’IBA avait sommé Top FM de divulguer l’identité des participants à un sondage. Elle a fini par se rétracter devant le juge qui a statué que cette demande est contraire aux principes fondamentaux de la démocratie, à savoir la liberté d’expression.

Si cet amendement passe, ce serait un dangereux précédent. Je lance un appel à tous ceux qui chérissent la liberté d’expression et de l’information à se mobiliser. Sinon, ce sera un jour, le tour des autres de faire face à de telles discriminations et persécutions. Top FM n’est ni contre le gouvernement, ni contre personne. Elle est pour la vérité et pour la population. Ce n’est pas nous qui débitons des mensonges.