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Covid-19: le travail dans les hôpitaux se poursuit sans relâche
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Covid-19: le travail dans les hôpitaux se poursuit sans relâche
Le personnel soignant est à bout. Pendant le week-end, deux d’entre eux sont décédés du Covid-19. La Ministry of Health Employees Union lance une nouvelle fois un appel aux autorités pour plus de considération face aux pertes humaines.
La liste des infirmiers contaminés, lors de l’exercice de leurs fonctions auprès des patients de Covid-19, et morts ne cesse de s’allonger. Ce week-end, deux autres noms s’y sont inscrits. Ce qui pousse les syndicalistes à se demander combien d’autres valeureux soldats vont encore tomber au combat, et d’avoir pour ces derniers une pensée spéciale.
Comme le chante l’artiste français Soprano dans le titre À nos héros, «On a tous un jour eu ce moment de magie, croisé ce héros malgré lui qui veut sauver une vie… À tous ces héros malgré eux, j’voulais leur dire merci…» C’est le message que veut faire passer le président de la Ministry of Health Employees Union (MHEU), Amarjeet Seetohul. Le personnel soignant faisant partie des personnes les plus menacées par le Covid-19, pour lui, les prochains jours risquent d’être encore plus pénibles, surtout avec la période de festivités qui approche à grands pas. «Le personnel hospitalier – bien que n’ayant pas le soutien nécessaire du système de santé – continue à travailler sans relâche. Le travail se poursuit à tous les niveaux, et cela même si l’on constate un manque de personnel.»
Toutefois, le personnel est fatigué car «le travail a drastiquement augmenté». «Le ministère aurait pu organiser des funérailles honorables pour ces personnes qui sont mortes en donnant leur vie pour servir le pays», suggère Amarjeet Seetohul.
Il revient une fois de plus sur le rapport du Pay Research Bureau. «On aurait pu faire provision pour une Risk Allowance afin de motiver le personnel. Sans oublier leur famille. Pourquoi ne pas leur avoir offert une assurance médicale et une assurance de vie ?» Il va plus loin en demandant qu’une compensation soit offerte aux familles des membres du personnel soignant qui sont décédés. «On aurait même pu les honorer à titre posthume. Pour que tous sachent ce qu’ils ont fait», poursuit-il.
Autre point souligné par le président de la MHEU, c’est la mesure prise récemment par le gouvernement au sujet des fonctionnaires atteints du Covid-19. Ces derniers verront une déduction de leurs sick, local ou vacation leaves. «Il faudrait qu’il y ait une dérogation pour le service hospitalier. C’est un facteur de démotivation pour le personnel.» Selon lui, il faut qu’il y ait un carnet de santé pour le personnel. «Cela assurera que le personnel est lui - même avant tout en bonne santé. Il pourrait ainsi avoir accès à tous les services de santé avec un traitement de fast-track. C’est dans l’intérêt du système.»
Par ailleurs, le président de la Nurses’ Union, Nasser Essa, soutient, lui, qu’il y a en- core des membres du personnel soignant qui sont mal en point. «Il y a un infirmier de l’hôpital Jeetoo qui est admis à l’hôpital ENT. Il se trouve sous oxygène.» Selon lui, il y aurait au moins cinq autres personnes touchées et admises pour des soins. «Aujourd’hui, c’est la mort qui est au rendez-vous. Malgré tous les messages que nous avons adressés aux autorités, rien n’a été fait. Personne ne se soucie de nous. C’est vraiment comme crier dans le désert.»
Et la peur (voir encadré) ne cesse de gagner le corps soignant. «Le personnel a réagi durant le week-end, surtout après le décès de deux membres du corps médical. Et ce qui leur fait encore plus peur, c’est que beaucoup ont une famille et la crainte de ramener le virus à la maison plane. Leur moral a pris un sérieux coup.» Le président de l’union compte réunir le comité le plus rapidement pour passer en revue les événements de ces derniers jours.
«Il faut encore créer une sensibilisation au niveau de la population, surtout que ce sont les frontliners qui tombent. Leurs vies comptent comme celle de n’importe qui d’autre.» Il envisage aussi d’organiser un «Candlelight» afin d’inviter à témoigner ceux qui ont perdu un proche dû au Covid-19.
«Zamé nou finn trouv sa kantité mor-la», s’affolent des infirmiers
<p>Dépassés, stressés et la peur au ventre de se rendre au travail au quotidien. C’est l’état des infirmiers à qui nous avons parlé, au courant de la journée d’hier. Ils se disent profondément attristés d’entendre que des personnes qui font le même métier qu’eux sont soient mortes. <em>«Li pa fasil ditou ek aster nou pé koumans réalizé ki mem komié prékosion nou pran, Covid li inévitab…» </em>Pour eux, les conditions de travail sont sans précédent. <em>«Il faut redoubler d’efforts pour ne pas être contaminé, mais, surtout, pour ne pas être un risque pour les membres de notre famille. Vous vous imaginez la culpabilité si un de nos proches est positif à cause de nous et a par la suite des complications. Ou si celui-ci meurt ?»</em> Selon l’un d’eux, affecté à l’hôpital Jeetoo, plusieurs songeraient même à changer de travail, si la situation perdure.<em> «Népli kapav! Nous sommes à bout. D’autant que notre vie sociale et familiale est grandement chamboulée depuis plus d’un an.»</em> Le pire, c’est que nul, dit-il, ne sait quand tout cela va se terminer, encore moins maintenant avec l’éventualité qu’il y ait le variant Omicron à Maurice. <em>«Nous ne sommes pas vraiment préparés à y faire face.»</em> Déjà qu’en ce moment, il y a des morts du Covid tous les jours. <em>«Zamé nou finn trouv sa kantité mor-la. Ou bizin nek vinn kot lamorg pou vérifié séki mo pé dir»</em>, s’affole-t-il. Puis, il y a aussi l’angoisse, affirme un autre infirmier de l’hôpital de Flacq, de voir ou d’entendre, presque au quotidien, que des collègues ont eu moins de chance et ont été testés positifs au Covid-19. <em>«C’est comme si nous attendions notre tour et priions juste que nous ayons plus de chance que ceux qui perdent la vie face à cette maladie. C’est très compliqué. Psychologiquement et moralement, c’est le burn-out !»</em> Ajoutée à tout cela, c’est l’inquiétude des proches de ces frontliners. <em>«Avant de sortir chaque matin, ma femme me demande si je me sens bien et me rappelle les précautions à prendre. Ça se voit qu’elle est inquiète. On fait semblant d’être forts pour ne pas les effrayer, mais la peur de se rendre à notre lieu de travail est réelle. Mé ki pou fer, bizin manz ek li!»</em></p>
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