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Compensation salariale: quelque 250 000 salariés éligibles à un quantum de Rs 500
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Compensation salariale: quelque 250 000 salariés éligibles à un quantum de Rs 500
La rencontre annuelle pour annoncer le quantum de la compensation du pouvoir d’achat a eu lieu, hier. Si le gouvernement et le patronat semblent satisfaits de l’exercice, des observateurs le trouvent illogique et les syndicats lui ont réservé un accueil mi-figue mi-raisin.
Après les Rs 4,8 milliards nécessaires pour financer le rapport salarial du Pay Research Bureau déposé en octobre et destiné aux 85 000 fonctionnaires, le Grand argentier, Renganaden Padayachy, devra mettre la main à la poche une nouvelle fois. Pour cause, le paiement d’une compensation salariale de Rs 500 aux 250 000 salariés percevant un salaire mensuel allant jusqu’à Rs 13 000 et d’un montant uniforme de Rs 400 à ceux qui touchent plus. Fait important à signaler, aucune limite n’a été mentionnée. Ce qui présuppose que la somme de Rs 400 sera accordée across the board.
Hier, après plus deux heures de consultations avec les syndicats et les représentants du patronat, le ministre des Finances a justifié la pertinence d’une telle compensation salariale. Soit pour protéger les travailleurs aux bas salaires contre la perte du pouvoir d’achat et fragilisés à cause de la crise. «Nous avons voulu avec cet exercice de tripartisme venir avec un pacte social pour protéger et défendre l’emploi des travailleurs car dans notre stratégie économique, nous les considérons comme notre première ressource», a affirmé à cet effet Renganaden Padayachy.
Soulagement financier
Comme les années précédentes, le coût économique de cette compensation du pouvoir d’achat se conjugue en milliards de roupies. Il est chiffré à Rs 2,5 milliards tant pour les employés des secteurs public que privé. Toutefois, vu l’incapacité du privé à soutenir cette charge financière, qui représente un surcoût pour des entreprises déjà fortement endettées, l’État viendra, comme l’année dernière, à leur rescousse et propose aussi des mesures d’accompagnement. C’est le cas des petites et moyennes entreprises (PME), des sociétés manufacturières ou encore des groupes hôteliers, qui bénéficient déjà d’une extension du Wage Assistance Scheme (WAS).
Cette démarche soulagera financièrement les opérateurs économiques, qui se plaignent néanmoins des tracasseries administratives de la Mauritius Revenue Authority quand il s’agit pour les entreprises de s’acquitter des compensations à leurs employés et d’avoir à attendre trois mois avant de se faire rembourser. Entre-temps, disent-elles, elles peuvent se retrouver sans fonds de roulement.
Toujours est-il que Business Mauritius, comme instance suprême du secteur privé, a voulu faire preuve de responsabilité dans cet exercice. Ses propositions, soit Rs 400 jusqu’à un salaire de Rs 11 000, suivi de Rs 300 pour un salaire jusqu’à Rs 20 000, et Rs 200 jusqu’à Rs 50 000, ne sont pas loin de la proposition finale. «Les employeurs sont sensibles à l’appel du gouvernement qu’il y a un effort à faire pour protéger l’emploi car à la fin de la journée, c’est l’activité professionnelle qui donne de la dignité à son détenteur», explique son Chief Operating Officer, Pradeep Dursun. Celui-ci insiste que face à l’incertitude économique qui perdure en raison de la pandémie, «Business Mauritius estime que c’est peut-être le best deal qu’on aurait pu arracher pour ses membres à l’issue de ces consultations».
Il n’en demeure pas vrai que la décision de l’État d’accorder une compensation et de la financer pour le compte du secteur privé est qualifiée d’illogique par certains spécialistes. L’économiste Eric Ng ne comprend pas cette démarche. «Pourquoi le gouvernement accorde une compensation quand il doit lui-même débourser des fonds pour honorer cet engagement financier. Autant ne pas le faire. Je crains qu’en injectant des milliards dans le circuit économique, on ne fait que relancer la spirale inflationniste, ce qui viendra appauvrir les ménages déjà fragilisés par la crise.»
Une analyse que partage Rajeev Hasnah, économiste opérant dans le privé. Il estime que dans la conjoncture économique actuelle où il existe des pressions sur le coût de la vie avec un retour des risques inflationnistes aux États-Unis et en Europe, il était plus raisonnable de chercher un juste milieu entre les impératifs économiques et le souci de protéger les démunis de la société. «À quoi sert d’accorder une compensation relativement conséquente alors que pour pouvoir soutenir cette charge, certaines entreprises seront obligées d’augmenter les prix de leurs services ou, en dernier recours, devront licencier. J’ose espérer qu’en fixant cette compensation, le gouvernement a pris en considérations tous ces paramètres.»
Par ailleurs, force est de constater que ce quantum de Rs 500 s’apparente à celui proposé par la Fédération des travailleurs unis (FTU) d’Atma Shanto et qu’il faudra remonter à 2015 pour retrouver une compensation semblable, sinon supérieure, soit Rs 600, accordée across the board et calquée sur un taux d’inflation de 3,2 %. D’ailleurs, pour la petite histoire, c’est le plus fort taux accordé ces 15 dernières années. Le plus bas aura été en 2016, soit Rs 150.
Les pensionnés exclus… une nouvelle fois
<p>C’est la deuxième année consécutive que ceux qui touchent une pension de l’État ne recevront pas de compensation salariale. En effet, les bénéficiaires d’une pension de la sécurité sociale, y compris ceux âgés de 60 ans et plus, les veuves, handicapés, etc. sont exclus. Ils verront leur pension stagner à Rs 9 000 comme cela avait été le cas pour l’année 2021. Auparavant les retraités et pensionnés touchaient un pourcentage proche du taux d’inflation ou un taux unique. C’est une chose désormais révolue.</p>
<p>En effet, la pension universelle a été gelée avec la situation économique et l’entrée en vigueur de la Contribution sociale généralisée. Ce n’est qu’en juillet 2023 que ceux âgés de 65 ans toucheront les Rs 13 500 promis. Ceux qui veulent partir à la retraite à 60 ans ne toucheront alors que la pension universelle de Rs 9 000.</p>
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