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Achat de Molnupiravir - Un contrat de plus de Rs 79 M: la dose de trop de la Santé
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Achat de Molnupiravir - Un contrat de plus de Rs 79 M: la dose de trop de la Santé
Une fois n’est pas coutume. Sauf au ministère de la Santé. Plus d’un an après le scandale Pack and Blister, c’est désormais le contrat pour l’approvisionnement en Molnupiravir qui fait débat. Au Parlement hier, Xavier Duval a révélé que le ministère a commandé 999 000 cachets de Molnupiravir au prix de Rs 79,90 par pilule alors que la veille, 800 000 cachets du même médicament avaient été commandés au prix de Rs 9,90. Derrière tout cela: CPN Distributors, compagnie discrète mais pas inconnue.
Revoilà Hyperpharm
Les questions du leader de l’opposition étaient axées sur le séquençage du variant Omicron et le stock de Ronapreve et de Molnupiravir du ministère. Avant d’arriver aux réponses, le Dr Kailesh Jagutpal a parlé des médias qui, selon lui, ont mis Maurice sur la liste rouge écarlate, du travail astronomique du gouvernement pour en sortir. Ce n’est qu’après trois points of order de Xavier Duval que les réponses ont finalement été données.
Le 25 octobre, le ministère a passé la commande de 1 200 000 cachets de Molnupiravir de Dr Reddy’s Laboratories, une des cinq compagnies indiennes qui ont la licence de Merck pour la fabrication du Molnupiravir. La compagnie qui l’a importée n’a pas été nommée, mais lors de sa conférence de presse après la PNQ, Xavier Duval a fait savoir que c’est Hyperpharm.
Cette cargaison devait arriver entre la deuxième et troisième semaine de décembre, mais a finalement été obtenue hier après une requête du ministère. Puis, face à une anticipation de hausse dans les cas, le 24 novembre dernier, un autre tender pour immediate supply a été lancé pour 800 000 cachets supplémentaires.
Rs 70 de plus pour le même médicament
C’est là que l’affaire se corse. Sous le procurement du 24 novembre, un contrat pour l’approvisionnement de 800 000 cachets de Molnupiravir à Rs 9,90 a été alloué à Mauritius Pharmacy le 6 novembre. Puis, 24 heures après, une deuxième commande du même médicament a été placé suite à une unsolicited bid. Cette fois-ci, il s’agit de 999 000 cachets à Rs 79,90. «Mr Speaker sir… Mr Speaker sir…» répond le ministre de la Santé. Petite pause. Il enlève ses lunettes, ajuste son masque avant de poursuivre. «Il faut prendre en considération le timing.»
Kailesh Jagutpal justifie sa réponse en affirmant que s’il y avait des compagnies prêtes à livrer le Molnupiravir au ministère mais que les commandes ne suivaient pas, le leader de l’opposition aurait demandé pourquoi et dans la foulée, rajoute que ce dernier voit le mal partout. «C’est le même argument à chaque fois, que ce soit pour les test PCR et les vaccins.» Pendant ce temps, Sooroojdev Phokeer n’a cessé de rappeler l’opposition à l’ordre et a expulsé Paul Bérenger. Après les interruptions, lisant les notes d’un morceau de papier, le Dr Kailesh Jagutpal a poursuivi que ces médicaments sauveront des vies.
Pourquoi est-ce que le ministère n’a pas modifié le ongoing contract alloué à Mauritius Pharmacy, comme le stipule la Public Procurement Act et est passé au «direct award due to extreme emergency» ? De plus, selon Xavier Duval, CPN Distributors vient d’avoir sa licence pour la vente en gros, et de ce fait, n’a pas de bilan. «Toutes les irrégularités doivent être rapportées aux autorités», a simplement répondu le ministre. «C’est illégal car CPN Distributors n’est pas qualifiée. Elle n’a pas de track record dans l’importation de médicaments», a précisé Xavier Duval par la suite.
Différences dans les deux contrats
Pourquoi est-ce que Mauritius Pharmacy n’a pas été contacté à nouveau ? Pourquoi les autres soumissionnaires de la première offre, qui avaient soumis des prix nettement moins élevés que Rs 79,90, n’ont pas été contactés ? «Par souci de temps.» Pourquoi est-ce que CPN Distributors a été la seule compagnie à avoir eu l’autorisation d’importer une telle quantité alors que les autres avaient le droit d’importer bien moins ? «Toutes les compagnies avaient le droit d’importer», a répliqué le ministre de la Santé.
Une autre anomalie dans les deux contrats réside dans la durée de vie des médicaments. Dans la lettre adressée à Mauritius Pharmacy, il est stipulé que le shelf life des médicaments doit être de 18 mois. Dans celle adressée à CPN Distributors, le shelf life est passé à sept mois et les 999 000 cachets expireront en juillet 2022.
CPN Distributors et la licence des radios
CPN Distributors est une compagnie incorporée le 31 mars 2017. Elle est spécialisée dans l’importation et l’exportation de produits alimentaires et non alimentaires, de location de voitures et dans la vente en gros de produits médicaux et pharmaceutiques. Selon Xavier Duval, cette dernière licence vient de lui être octroyée.
Le directeur de cette compagnie est Jay Kumar Chuttoo et le secrétaire est Mohammad Khaled Ibne Oomar Bakurally. Les deux hommes sont également directeurs d’Admiralty Media, une compagnie qui avait soumis une offre pour avoir une licence radio en 2018. L’autre actionnaire est le journaliste Jimmy Jean Louis. Cette compagnie est dans les domaines de bookmaking hors du Champ-de-Mars, de traitement de données et hébergement informatique.
Jay Kumar Chuttoo et Mohammad Khaled Ibne Oomar Bakurally sont aussi les directeurs de RSL Security, une compagnie de sécurité qui, selon Xavier Duval, a raflé plusieurs contrats des ministères. Ils sont aussi dans RSL Cleaning Services et RSL Services. La lettre du ministère à CPN Distributors est adressée à Shanoo Suroowan, un pharmacien.
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