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Nasser Essa: «Nou pe rod nou lavi, pa perdi nou lavi...»

11 décembre 2021, 17:00

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Nasser Essa: «Nou pe rod nou lavi, pa perdi nou lavi...»

Le président de la Nurses’ Union déplore que le personnel soit exténué. Il revient sur la situation difficile des «frontliners».

Il y a des «frontliners» dans le secteur de la santé qui ont malheureusement succombé sur le champ de bataille. Le bilan s’élève actuellement à combien ?

Pour le moment, à notre connaissance, il y a cinq membres du personnel qui ont tristement perdu la vie (NdlR : à vendredi 10 décembre). Donc des médecins, des infirmiers et un ambulancier.

Et qu’en est-il des membres du personnel qui sont positifs en isolement et admis dans les centres hospitaliers ?

Nous n’avons pas de chiffre exact sur le nombre contaminé mais l’on sait qu’actuellement, à l’hôpital Jeetoo, par exemple, nous avons un collègue admis aux soins intensifs, et qui est sous respirateur artificiel et deux autres qui sont admis dans les Covid-19 wards.

Depuis que vous avez pris la parole lors de votre dernière conférence de presse, peut-on parler d’amélioration dans votre quotidien ?

Non. Tout est resté tel quel. Pas d’amélioration. Nous sommes toujours en manque d’effectifs. Le personnel est toujours en situation de burn out et de fatigue. Tou ankor parey mem...

Quelle est la situation dans les hôpitaux, justement ?

Le nombre de cas positifs au Covid est statu quo. C’est-à-dire que les cas n’ont ni augmenté ni diminué mais il y a une baisse dans le nombre de personnes qui se rendent à l’hôpital. Cela peut s’expliquer par le fait que les personnes sont effrayées d’y venir et se tournent vers l’automédication. Ils attendaient que leur état de santé se détériore pour se rendre aux établissements hospitaliers, il est alors trop tard. Mais même si le nombre de personnes qui y viennent a diminué, le nombre de cas de mort des suites du Covid reste effrayant.

Vous déplorez aussi la nouvelle circulaire émise par le Secretary of Public Service. De quoi s’agit-il ?

Ek sa sirkiler la, pe met tou fonktioner dan mem panie...Désormais, le personnel qui est positif et qui se retrouve malgré lui en isolement, se voit déduire ses congés maladies liés au Covid de ses sick et vacations leaves. Nous sommes d’avis qu’il faut considérer le Covid leave car il est clair que ces personnes sont en train de contracter le virus sur le lieu de travail. Nous sommes grandement à risque.

Il ne faut pas généraliser et mettre tous les fonctionnaires dans le même panier. Par exemple, en cas de cyclone et inondation, nous sommes malgré tout appelés à travailler même si les autres fonctionnaires ont le privilège de rester chez eux. Nou pe rod enn lavi, pa perdi lavi. Nous sommes là pour aider, veiller sur les patients malades. Nous avons l’impression que personne ne nous comprend et ressentons une injustice à notre égard. Tou bann travayer pe tomb dan zot (NdlR : les autorités concernées) lipié.... Afin de revoir les protocoles mis en place.

Vous lancez également un appel au deuil ?

Nous lançons un appel au ministère de la Santé et au gouvernement, au vu des décès de ces frontliners, de n’organiser aucune fête de fin d’année par respect et aussi un appel à tous nos collègues qui travaillent en salle de ne pas faire de fête entre eux pour honorer ceux qui nous ont quittés.

Parlez-nous du T-shirt qui sera distribué gratuitement par la Nurses’ Union à partir de lundi.

Donc, à partir de ce lundi, nous allons procéder à la distribution gratuite de T-shirts parmi notre personnel. Nous demandons aux personnes de le porter au-dessus de leur uniforme pour sensibiliser. Une façon de montrer l’injustice et pour attirer l’attention sur notre sort afin que nous soyons protégés et traités avec dignité.

Comment accueillez-vous la décision du ministère de la Santé de recruter des infirmiers indiens ?

Je trouve qu’il y a une contradiction dans cette décision car ils seront payés de Rs 40 000 à Rs 50 000 alors que les Mauriciens sont payés Rs 17 000. Nous voulons savoir pourquoi. De plus, ils sont 40 à 50 à avoir été embauchés alors qu’il y a 30 à 35 jeunes qui attendent et qui ont déjà fait leur interview. Ils sont issus de Polytechnics Mauritius. On aurait pu privilégier ces jeunes Mauriciens.

«Montré ki vremem zot ena enn leker...»

<p>Un Candlelight memorial se tiendra le lundi 13 décembre de 19 à 21 heures devant la cathédrale de Port-Louis. Cela en mémoire de tous ces frontliners qui ont perdu la vie sur leur lieu de travail. Une décision prise, soutient Jeewooth Bholanath, face à l&rsquo;inaction du ministère de la Santé à ce sujet. &laquo;Kan enn lapolis mor, ena enn lekip lapolis ki alé, isi pena nanié de la par bann otorité...&raquo; Durant cette soirée, il y aura une prière, des bougies qui seront allumées et des dépôts de gerbes qui seront faits par petit groupe &ndash; soit par hôpital &ndash; pour respecter les 50 personnes imposées en ce temps de crise sanitaire. Le secrétaire de la Nurses&rsquo; Union lance aussi un appel pour que Kailesh Jagutpal et Pravind Jugnauth se joignent à eux, ce soir-là pour &laquo;montré ki vremem zot ena enn leker...&raquo; Il dit prier que 2022 soit une année d&rsquo;espérance et que le personnel médical trouvera des solutions à ses problèmes.</p>