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Père Fouettard ou Père Noël: une fin d’année pas comme les autres
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Père Fouettard ou Père Noël: une fin d’année pas comme les autres
À l’approche des fêtes de fin d’année, beaucoup de Mauriciens auront tendance à oublier le Covid-19. Rassemblements en famille, sorties et shopping animeront la population en cette période. Alors que la police compte veiller au grain, l’ambiance de ces fêtes risque d’être quelque peu chamboulée.
Gestes barrières, port du masque et vaccination restent les maîtres-mots en cette période festive. Même le Premier ministre, Pravind Jugnauth, lors de son message du jeudi 9 décembre, a mis l’accent sur les précautions à prendre en cette période. «Ne faites pas d’imprudence. Travaillons main dans la main pour que ces difficultés fassent un jour partie de notre passé…» Les restrictions mises en place en novembre dernier ont été prolongées jusqu’au 15 janvier prochain. Pas de rassemblements ou de réunions de plus de 50 personnes. Les restaurants et food courts accessibles seulement aux personnes vaccinées ou encore les plages ouvertes mais les pique-niques toujours interdits.
Quid de la fête de Noël, est-elle en danger cette année ? Beaucoup s’interrogent sur cette période festive. Surtout que ce temps est propice à lever le pied et faire fi des gestes barrières. Pour le Dr Vasantrao Gujadhur, le fait que les mesures restrictives n’ont pas été durcies et que le boni a été versé dans le secteur public hier peut mener certaines personnes à penser que le Covid-19 est derrière et qu’elles peuvent recommencer à faire ce qui leur plaît. «Il y a des risques de foule car aucune restriction n’a été émise sur les malls, encore moins dans les magasins comme ceux de la Corderie ou la rue Royale à Port-Louis. Alors qui va contrôler le mouvement des gens ?»
Selon l’ancien directeur des services de santé, il ne faut pas oublier qu’une tragédie a lieu à Maurice. «C’est un drame social et humain. Le Covid-19 a tué beaucoup de personnes sur son passage. Il y a des enfants qui sont devenus orphelins. Dans un certain cas, un papa, self-employed, est décédé et a laissé une famille sans ressource. Il y a au sein d’autres familles deux à trois décès…»
Pour lui, certaines personnes auraient pu être sauvées de ce virus. «Avec plus de précautions, cela aurait pu se faire. Est-ce qu’il y aura beaucoup de familles qui vont célébrer la fête de Noël cette année ? Est-ce que les pétards vont résonner, surtout est-ce que le public sera joyeux ?» Autant de questions qui restent pour le moment sans réponse. «Les personnes qui entrevoient l’avenir, avec l’arrivée d’Omicron ou d’autres variants futurs, vont-elles dépenser leur argent ? Il sera difficile de se souhaiter une heureuse année. Il y a eu tant de morts pour qui nous devons avoir une pensée.»
Le salaire le 10 décembre
Pour Raj Appadu, président du Front commun des commerçants, le gouvernement aurait dû s’entretenir avec les représentants des commerçants, et ceux des autres secteurs qui sont directement liés aux fêtes de fin d’année pour avoir une idée de la marche à suivre avant d’imposer certaines restrictions. «Seuls la police et certains fonctionnaires ont été consultés. La situation économique du pays a changé avec la présence du Covid. L’argent diminue au sein des familles.»
Le représentant des commerçants ne comprend toujours pas la raison d’avoir avancé la paie de ceux de la fonction publique au 10 décembre. «Aujourd’hui, cet argent est versé directement en banque et la personne a le choix d’en disposer à sa guise et quand cela lui plaît.» Autre question qui le turlupine : «Qu’en est-il de ce travailleur qui exerce au sein du secteur privé dans une petite firme ? Il a l’habitude d’obtenir son argent à la veille de la Noël ou de l’année.»
Parlant des restrictions en vigueur, le président du Front commun des commerçants revient sur le contrôle des foules en cette période. «On parle de foule alors qu’il n’y a pas de contrôle dans les autobus. Les receveurs ne peuvent mettre des passagers dehors et il n’y a pas de policiers sur les gares ou sur les arrêts d’autobus. Si l’on ne peut contrôler cela, comment contrôler une foule ?»
Raj Appadu confie qu’en cette période de fin d’année, le front commun avait décidé bien avant l’entrée des restrictions de novembre qu’il y aurait des rabais dans les villages. «Mais nous sommes revenus sur notre décision car nous ne pouvons créer des mouvements de foule. Mais ce n’est que partie remise. Quand la situation retournera à la normale, on reviendra avec cette idée.» Il exhorte la population à respecter les protocoles sanitaires. «J’ai un peu peur quand je vois les mères de famille emmener leurs enfants faire le tour des magasins et se diriger vers la zone qui attire le plus la foule.»
Autre sujet abordé par le président du Front commun des commerçants, c’est la vente des articles en ligne. «Il y a beaucoup d’arnaqueurs dans cette affaire. Je demanderai aux acheteurs d’attendre que l’article arrive devant eux, qu’ils le vérifient avant d’effectuer le paiement. Plusieurs années de suite, certaines personnes ont payé pour des articles dont ils n’ont jamais vu la couleur. Faites des achats avec des commerçants qui sont reconnus.»
De son côté, la police assure qu’elle continuera à être présente sur le terrain. «Le public ne pourra transgresser les mesures en vigueur. Même les restaurants ne pourront se convertir en discothèques car ce n’est pas autorisé», soutient l’inspecteur Shiva Coothen, responsable du Police Press Office.
Avec le boni de fin d’année déjà versé aux fonctionnaires en ce week-end, on s’attend à une ruée vers les centres commerciaux ou même dans les villes et grands villages, en quête d’idées cadeaux à offrir pour les fêtes à venir. «On se tient prêt et il y aura un déploiement aux abords de centres commerciaux, villes et villages. On a déjà commencé avec la prolifération des marchands ambulants illégaux. On sait qu’il y aura des attroupements autour d’eux, il n’y aura pas de respect de distanciation physique, et cela risque d’aggraver la situation sanitaire.»
En tout cas, les grands moyens seront déployés en cette période. «Il ne faut pas oublier que chaque magasin et boutique des centres commerciaux doit aussi se munir de hand sanitizer pour les clients. Et aussi éviter qu’il y ait trop de monde à l’intérieur.
L’inspecteur met aussi en garde contre ceux qui veulent faire de la résistance face aux mesures mises en place. «Si le Fixed penalty n’est pas applicable, ce sera la Quarantine Act qui va entrer en jeu avec une amende ne dépassant pas les Rs 500 000 et une peine d’emprisonnement de cinq ans. Et si certains veulent se rebeller, ce sera traité comme un cas criminel, et le cas sera référé en Cour.»
Toujours est-il que si le public fait attention, cette période festive ne peut être en danger…
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