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Covid-19: ces infirmiers à la recherche d’un ailleurs… plus vert
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Covid-19: ces infirmiers à la recherche d’un ailleurs… plus vert
Ils sont plusieurs soldats de la santé à avoir perdu la bataille du Covid-19. Si certains, comme la Nurses’ Union, haussent le ton pour dénoncer leurs conditions de travail, des infirmiers à bout de souffle pensent sérieusement à émigrer... vers des cieux plus cléments...
«Plusieurs facteurs font que nous ne pouvons plus continuer ainsi. Nous avons besoin de changement et ce n’est pas demain que ce sera le cas à Maurice.» Ce sont les propos d’un infirmier à qui nous avons parlé, vendredi. Affecté à l’hôpital Jeetoo et comptant plus d’une dizaine d’années d’expérience, il compte emboîter le pas à une centaine de ses collègues qui, comme lui, ont déjà mis ou mettront le cap prochainement sur l’Angleterre. «Cette information est confirmée et vous pouvez la vérifier. Plusieurs sont déjà partis.» Une nouvelle que le président de la Nurses’ Union, Nasser Essa, atteste. «Il y a effectivement quelques infirmiers qui sont déjà partis travailler en Angleterre.»
Pour l’infirmier en question, la situation est plus que critique dans nos hôpitaux et nombre d’entre eux ne vont pas tenir encore longtemps. «Premièrement, notre diplôme n’est pas reconnu à sa juste valeur. Il faut juste voir le salaire que nous percevons pour le comprendre. Alors que d’autres fonctionnaires avec un diplôme gagnent plus que nous, face à notre sort, le Pay Research Bureau n’a rien fait.» Alors, qu’en Angleterre, ajoute-t-il, leur diplôme est reconnu et ils seront beaucoup mieux rémunérés. «Donc même s’il nous arrive de travailler plus à cause du Covid-19, au moins nous ne serions pas frustrés à la fin de la journée et serions compensés comme on le mérite.»
Noter interlocuteur ajoute qu’ils seraient, depuis peu, appelés à faire des tâches qui ne figurent nullement dans leur scheme of duties. «En sus du fardeau du nombre de patients sur nos épaules, des admissions liés au Covid, des soins et traitements, on nous impose des choses additionnelles. Dé fwa nou bizin al tir kart nou mem, téléfonn dokter nou mem, transport pasian, tou nou mem. Nous ne sommes plus motivés et nous sommes en burn-out et en extrême fatigue.» D’ailleurs, la Nurses’ Union l’a confirmé en conférence de presse. Avec preuve à l’appui dans le certificat médical d’une infirmière, où le médecin de l’État confirme un burn-out.
L’infirmier en question a aussi attiré l’attention sur le manque d’équipements qui perdure à l’hôpital Jeetoo, notamment. «À ce matin (NdlR, vendredi), il n’y avait pas de masque KN95 pour le personnel. On nous a donné des masques chirurgicaux alors que tout le monde le sait, quand on les utilise, il est impératif de les changer tous les quatre heures. Après, on se demande comment le personnel est contaminé par le virus.»
Autre signe de mécontentement : le recrutement de personnel indien avec un salaire de Rs 40 000 à Rs 50 000. «Qu’est-ce que cela veut dire, que nous ne valons rien ?» se demande-t-il. Il ajoute qu’un infirmier est recruté dans le public sur une base allant jusqu’à Rs 19 000 alors que dans le privé, le même infirmier peut toucher entre Rs 24 000 et Rs 26 000. La Nurses’ Union a aussi mentionné cet item, lors de sa conférence de presse vendredi. «Avec le salaire de ces Indiens, le ministère de la santé reconnaît la valeur juste des infirmiers. Donc, pourquoi traitet-on les locaux différemment ?» a souligné Nasser Essa.
De plus, la décision d’émigrer revient aussi en partie du fait que ces infirmiers n’ont plus de congé. «Les médecins en ont, pourquoi pas les infirmiers ? C’est décourageant et frustrant. Je vous assure qu’on ne peut plus tenir !», confie notre infirmier, avant d’expliquer que la situation catastrophique au travail impacte largement sa vie privée, sociale et familiale. «Il y a peu, c’était mon anniversaire de mariage et j’ai dû travailler. Boukou lager inn gagné ek madam. Les proches essaient de nous comprendre et de s’adapter, mais jusqu’à quand ? Ils sont aussi frustrés à leur manière.»
Quid de leurs conditions de travail ? N’y a-t-il pas eu un moment de répit avec moins d’admissions ? «Non, assure-t-il. La charge de travail est quasi la même. Venez faire un tour le soir, vous verrez comment nous travaillons.» Il y a des jours où la flu clinic serait complètement saturée. Le SAMU et le service des urgences doivent venir en renfort. «Le nombre de morts demeure plus au moins le même.»
Selon des renseignements obtenus, ces infirmiers qui choisissent de se tourner vers une carrière professionnelle à l’étranger optent pour le National Health Service au Royaume-Uni. Sur son site, il est indiqué qu’il recrute massivement à l’international pour l’année 2021-22, pandémie oblige.
Selon notre interlocuteur, plusieurs Mauriciens ont déjà fait le saut, même dans le passé. «En ce moment, je sais qu’on est nombreux à le faire.» Entre-temps, ils suivent des cours de l’International English Language Testing System, un des critères de recrutement. «Selon nos informations, il est aussi question d’un computer-based test à l’avenir, une fois sur place…»
La Nurses’ union rend hommage à ceux tombés au champ d’honneur
<p>Un <em>«Candlelight memorial</em>» aura lieu demain, lundi 13 décembre, de 19 h à 21 h devant la Cathédrale St-Louis, en mémoire de tous les <em>«frontliners</em>» qui ont perdu la vie sur leur lieu de travail. Durant cette soirée, il y aura une prière, des bougies et des dépôts de gerbes par batch – soit par hôpital – pour honorer les 50 personnes décédées pendant la crise sanitaire. Le syndicat lance un appel au ministre de la Santé, le Dr Kailesh Jagutpal, et au Premier ministre, Pravind Jugnauth, à se joindre à eux, ce soir-là, pour <em>«montré ki vrémem zot éna enn léker…»</em> Le public est aussi invité mais il faut, en amont, appeler le syndicat sur le 210 85 71.</p>
<p><strong>Le directeur suppléant du SAMU parle de double vigilance </strong></p>
<p>Le Dr Vidyavrattjee Ancharaz, acting director du SAMU, appelle à la double vigilance après que l’ambulancier Rajesh Girwar a été emporté par le Covid. «Le virus fait actuellement des victimes dans tous les secteurs, mais les ‘frontliners’ de la santé sont les plus à risque car ils sont exposés en permanence. Mais il faut continuer à se protéger avec toutes les règles, PPE, masque, ‘faceshield’ ou encore distanciation physique. «<em>Il y a aussi un fort taux d’infection entre personnel soignant car le Covid est en prévalence dans la population.»</em></p>
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