En cette fin d’année, à nouveau marquée par la pandémie, l’emblématique Désiré François a décidé de faire les choses différemment. Son nouvel album, intitulé Liberté, sortira en version digitale uniquement. Comme un cadeau, «Liberté» sortira le 25 décembre.

Si le monde artistique est bouleversé, il faut bien qu’il continue à tourner, quitte à faire les choses autrement. C’est ce qu’a décidé le chanteur du groupe Cassiya Désiré François. Son prochain album ne sera disponible qu’en version digitale. L’opus, qui se veut être un cadeau adressé aux fans qui le suivent depuis tant d’années, verra le jour pile à Noël, le 25 décembre

Autre particularité : ce sera un mini-album de cinq titres. Liberté sera disponible sur les plateformes de téléchargement légales, soit dans l’intégralité, soit par morceau.

Si Désiré François a opté pour cette nouvelle façon de faire, ce n’est pas un hasard. «Mon dernier album, 'Mo Grand Père', sorti en décembre 2020 sur le support physique n’a pas trouvé d’acheteurs. À cause du confinement, nous n’avons pu envoyer l’album ni à La Réunion, ni en France. Par contre, l’album qui était disponible aussi en ligne a trouvé preneur.»

L’artiste ajoute que comme l’investissement pour concevoir un album physique est important, de mauvaises ventes représentent un manque à gagner conséquent. «Si autrefois on pouvait vendre entre 10 000 et 15 000 CD, aujourd’hui si on arrive à en vendre 2 000, c’est une bonne vente. Il faut écouler au moins 5 000 CD pour couvrir les frais d’investissement», souligne le chanteur.

«Le numérique est un avantage certain pour les artistes connus, tel n’est pas le cas pour ceux qui débutent.»

Désiré François reconnaît toutefois que si le numérique est un «avantage certain» pour les artistes connus,tel n’est pas le cas pour ceux qui débutent.«Nous avons la chance d’avoir un distributeur international. Les jeunes talents doivent faire leur preuve avant d’être acceptés par les distributeurs internationaux», explique-t-il.

Que nous réserve ce prochain album ? Liberté comprendra cinq titres inédits, dont trois composés par le chanteur lui-même. La chanson-titre, Liberté, retrace «zistwar nou bann zanset. Chacun d’eux, venus de force ou retenus de force ici, a contribué à l’avancement de notre île. Mais le combat pour la liberté continue», souligne le chanteur.

Le titre Bizin Planter est un plaidoyer pour la protection de la nature. «Il est plus que jamais important de faire un retour à la terre. Non seulement nous détruisons la nature, mais nous nous tournons de plus en plus vers les fast-foods. Nous oublions qu’avec la cuisine d’autrefois, nous savions ce que nous mettions dans notre estomac. Il est important de montrer à nos enfants la beauté de la nature et comment la préserver, sinon comment allons-nous respirer ? Fautil devenir comme ces pays où l’air est irrespirable à cause de la pollution ?» se demande l’artiste.

Zanfan Cité est un texte travaillé par Désiré François et Nitish Joganah. Un titre que le chanteur a à cœur. «Mo mem mo enn zanfan sité», rappelle-t-il. «On dit que l’éducation est gratuite. Je dis qu’elle ne l’est pas. Dans les cités, de nombreuses familles ne peuvent envoyer leurs enfants à l’école faute de moyens.» Désiré François, le «zanfan sité», a été témoin de bien des choses : «lalkol, ladrog dan tou kwin lari. L’enfant que ses parents envoient acheter de l’alcool est vite exposé à ce fléau. Il veut savoir ce que contient la bouteille, il finit par y goûter», raconte Désiré François. Avant d’ajouter : «Moi-même je n’y ai pas échappé.»

Si le texte de «Zanfan locéan» n’est pas de lui, l’histoire qui y est racontée le touche. «On y parle des enfants de la Creuse.» Entre 1963 et 1982, plus d’un millier d’enfants sont déportés de La Réunion pour repeupler des départements français. «On y fait le parallèle avec les enfants de Diego Garcia qui ont été déracinés. C’est un texte profond», avance notre interlocuteur.

C’est sur une note sentimentale que s’achève l’album. Zistwar Lamour fait ressortir «qu’on a besoin d’amour. C’est ce sentiment qui fait tourner la terre».