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Salim Baungally: «Moris li dans mo di sang à jamais»

13 décembre 2021, 20:20

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Salim Baungally: «Moris li dans mo di sang à jamais»

La Premier League brille de mille feux sur RMC Sport avec un duo inédit à la tête de l’émission ‘PL Live’ chaque week-end, Salim Baungally et Flora Moussy. Nous sommes allés à la rencontre du présentateur mauricien qui nous a accueillis chaleureusement. A la Mauricienne. Et en parlant fièrement ‘son’ créole, fier de ses origines et de ses racines. Après la visite guidée des beaux locaux de RMC Sport et BFM TV, Salim nous explique son parcours et comment un ‘petit’ mauricien s’est fait un nom parmi les plus grands commentateurs sportifs français.

Salut Salim, ki position ?

Salut Lékip ! Mo bien, sauf qui en ce moment faire ene tigit pli frais qui dans Moris mais sinon tout va bien. Nous pe prepare prochain week-end en Premier League.

 Commençons par votre parcours, plutôt atypique n’estce pas ?

Il est long. Semé d’embûches. Contrairement à d’autres, je n’ai pas fait d’école de journalisme. Une université un peu classique. Maths, droit et géopolitique. Mais je voulais être journaliste sportif depuis tout petit. J’ai eu une chance à ma quatrième année. J’ai trouvé un stage dans une petite radio locale. Puis je suis allé dans une autre, plus grosse, à RMC déjà ! J’avais 22 ans. C’était pour un mois. Puis, de fil en aiguille, Le Monde, RTL… Beaucoup d’autres médias : le groupe Canal, le groupe L’Equipe… J’ai eu la chance d’en faire une dizaine et de faire à peu près tout.

 Pas évident quand même de se faire une place dans ce milieu pour un ‘petit’ Mauricien ?

Je vais aller plus loin : de couleur ! Car, qu’on le veuille ou pas, objectivement, là où je suis, à RMC, je n’ai jamais eu de soucis de racisme ni quoi que ce soit, mais c’est un fait aussi que dans toutes les rédac’ il n’y pas beaucoup de gens de couleur au final. Que ce soit de couleur noire ou des gens d’origine maghrébine il n’y en a pas beaucoup, c’est un fait. Après ce n’est pas parce que je suis de couleur que je suis là, j’ose croire aussi que c’est parce que j’ai travaillé pour. Après je crois qu’il faut aussi donner plus encore pour y arriver, pas parce qu’on le veut, mais parce qu’on PEUT le faire. Il a fallu bien bosser en tout cas.

 Votre plus beau challenge ?

En juillet 2016, je signe mon contrat à RMC. On lance une chaîne en 3 semaines, une chaîne qui détient la Premier League ce n’est pas rien ! Je signe un contrat sur un mur, les locaux sont vides, il n’y a rien. C’est quand même un honneur de se dire qu’on lance une chaîne. Il n’y a pas que moi bien sûr, il y a toute une équipe. Comme dans une équipe de foot, je suis en quelque sorte le n°9, celui qui marque le but, celui qu’on voit avant. Si les gens aiment, ils diront, « ah Salim il est bien ! ». Si les gens n’aiment pas, ils diront, « ah Salim il est nul !» Ils ne diront pas que ce sont les autres qui sont nuls mais plutôt moi. Car ils connaissent moins les autres, à juste titre.

 Et il y a des gens qui vous disent parfois Salim il est nul ?

Il y a de tout, ce sont les réseaux sociaux. Il y a aussi parfois des critiques constructives. Je ne suis pas du tout fermé à ça. Mais parfois il y a des critiques gratuites. Parfois à caractère raciste aussi. Tu essaies de mettre ça de côté et de toute façon ton chef est là. Si tu fais quelque chose de mal, lui il te tombera dessus, sinon entre guillemets ‘pas de nouvelle bonne nouvelle’ comme on dit en français!

On dit qu’il n’y a pas beaucoup de diversité dans les médias français, mais en même temps on a trois Mauriciens qui brillent pour les analyses sportives : Vikash Dhorasoo l’ancien international, Dave Appaddoo dit le Professeur et Salim Baungally sur RMC Sport. Pourquoi autant de Mauriciens pour bien parler de foot finalement ?

Je crois que ça fait partie de notre sang aussi. On a d’autres talents aussi qui sont d’origine mauricienne, comme Aurélie Casse (NDLR : qui travaille aussi à RMC). Nous on fait notre petit bonhomme de chemin, tranquillement…

Rouz, blé, zaune, vert alors ?

Ca meme ! Nous bane couleurs ca. Mo le dire qui nous pas la pou faire dimal dimoune, mais nous pas oulé qui écrase nou aussi. Nous oulé avancé. Nous faire nous simé. Si nou réssi li bon, si nou pas ressi nous faire l’autre kitsoz mais nous pas la pou craz dimoune.

 Est-ce que vos racines et votre identité mauricienne comptent beaucoup pour vous ?

Souvent mo coz ca avec mo mama – papa. Quand nou dire COZ CREOLE, mais nous pas bocou pou coz créole ! Au final nous ziss 1 million et demi lors ca planete la parmi 7 milliard dimoune. Mo habitié dire mo bane fami nous bisin coz créole ek bane zenfan, bien sur en France zot bisin coz francais aussi, mais bisin pas blié créole, bisin coz ca langaz la ek zot, c’est nous tresor. Li nous kitsoz. Si nous pas aprane ca a nous bane zenfan et nous bane ti zenfan apres li pou allé ca langaz la, li pas pou revini. Langaz li faire partie nous origine et li extra important. Moi mo ena mo bane fami qui encore labas à Moris, donc oui Moris li dans mo di sang à jamais.

 Un message pour vos ‘fans’ à Maurice, tous ceux qui vous suivent ?

(un peu gêné) Ouf… Merci pou zot encouragement. Mo touzour faire en sorte pou ecoute bane critiques positives et négatives. Surtout continuer suive ca foot anglais la, pas juste couleur rouge Liverpool et Manchester, mais aussi couleur bleu Chelsea et City, blanc Tottenham ou rouge Arsenal ou West Ham. Avec tou ca bane couleurs la enan telman zistoire ! Continier suive sa championnat la qui vraiment passionnant.

Quel est votre plat préféré ?

Ene bon briani boeuf ou poule si ou envie, c’est la base. Mo mama ena ene la main à part. Li faire tout ce qui bisin, qui li kitiri ou la daube la viande, personne pas capave faire ca pli bien qui li. Mo ena extra la chance et mo capave bien profité.

 Beaucoup d’actualité en ce moment en Premier League notamment avec ‘Olé kine fone couma sorbet’ couma certains pe dire ?

(rires) Oui ! Olé line allé, meme si a la fin line ploré aussi. Nou capave dire ce qui nous lé lors Ole Gunnar Solskjaer, so bane choix tactic ti bon pas ti bon, nous capave cozé coumier banané mais ene kitsoz ki bisin reconnaite, ce qui so disang li rouge. Alors quand li ploré a la fin, c’est pas du cinéma, vrai meme li content lekip la. Apres ena bane zafaire institutionel aussi kine zouer contre li. Pas blier qui l’année derniere li ti faire 2e ! Mais avec tou bane zouere ki line gagné li ti capave faire certainement plus que ca…

Pas mal de fans attendaient Zidane pour réanimer les Red Devils. Finalement c’est Ralf Rangnick. Etes-vous surpris ?

Les premiers noms c’était effectivement Pochettino ou Zidane, mais Manchester United ne leur proposait qu’un contrat de 6 mois. Est-ce qu’on peut leur demander une chose pareille ? Non ! Maintenant si on a Jürgen Klopp, Thomas Tuchel et Pep Guardiola qui encensent Ralf Rangnick, on n’est pas entraîneur mais s’ils disent ça on comprend quel type d’homme il peut être .

 Klopp, Tuchel, Rangnick : il y a une mode allemande en Premier League. Mais caray la so pou Rangnick, et tous bane qui ti avant depuis départ Sir Alex Ferguson. Est-ce que lui va réussir ?

Caray la so ? Caray la pé brillé même ! Ralf Rangnick c’est quelqu’un qui pense à tout. Qui contrôle tout. ‘Comié la grain diriz bisin dans l’assiette’. C’est presque maladif. Il y a une mode allemande qui marche en ce moment c’est vrai. Mais il n’est là que pour 6 mois. Imaginez que ça marche très bien après 6 mois. Après ils font quoi ? Ils vont lui dire de partir ? C’est compliqué…