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Affaire pédopornographique à Rodrigues: 1 000 vidéos examinées, Facebook sollicité, libération refusée au présumé cerveau

14 décembre 2021, 16:00

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Affaire pédopornographique à Rodrigues: 1 000 vidéos examinées, Facebook sollicité, libération refusée au présumé cerveau

L’affaire ayant une portée internationale, les enquêteurs sur le réseau de pédopornographie ont fait appel à Facebook et Interpol pour retrouver d’autres suspects impliqués à l’étranger. Pendant qu’à Rodrigues, le principal suspect, Jean Dominique Farla, s’est vu refuser la liberté conditionnelle vendredi.

L’affaire portant sur la pédopornographie à Rodrigues revient sur le tapis. Le principal cerveau allégué du réseau pédopornographique, Jean Dominique Farla, a réclamé la libération conditionnelle devant la cour de Rodrigues mais le magistrat Rishi Hardowar a refusé d’agréer à sa demande vendredi. Ce dernier a décortiqué chaque élément de preuves dont dispose la police tout en prenant en compte la vulnérabilité des victimes dans cette affaire avant d’arriver à la conclusion qu’aucune condition, même la plus stricte, ne peut être accordée à ce suspect. Il estime que la cour a le devoir de trouver un juste équilibre entre la protection de la société contre les criminels et la présomption d’innocence du requérant. Entre-temps, l’aide de Facebook et d’Interpol a été sollicité afin de retracer les complices du cerveau présumé, entre autres.

Cette affaire avait fait grand bruit lorsqu’un simple vol de téléphone avait, en fait, ouvert la boîte de Pandore. C’était à l’arrestation de Jean Dominique Farla pour vol, le 26 juillet de cette année. L’équipe de l’IT Unit de la police, qui avait examiné le téléphone, avait découvert plusieurs images pornographiques, y compris des vidéos pédopornographiques. Passant aux aveux, le suspect a admis être le producteur de ces contenus en compagnie d’autres suspects. Selon sa version, ils partageaient ces vidéos sur Internet. Certaines personnes figurant dans les vidéos ont été identifiées et pas moins de 12 cas d’abus sexuels ont été signalés contre le suspect.

Faux profils

Il a reconnu avoir créé de faux profils sur Facebook pour attirer les victimes. En expliquant son modus operandi, il a révélé qu’il se faisait passer pour un «fortune teller» résidant à Madagascar et dans d’autres parties du monde. Après l’établissement de relations de confiance, il demandait à ses «proies» de lui envoyer des photos indécentes et des vidéos les montrant en pleins ébats, qu’il téléchargeait ensuite sur des sites Internet étrangers. Jean Dominique Farla, âgé alors de 25 ans, aurait utilisé ses faux profils sur Facebook et WhatsApp avec des numéros étrangers pour communiquer avec les victimes présumées.

Appelé à la barre, vendredi, l’inspecteur Potage a confié que l’enquête a révélé que le suspect utilisait cinq cartes SIM étrangères fournies par ses amis vivant à l’étranger. «Il utiliserait des matériaux indécents pour faire chanter ses victimes. Les victimes identifiées sont des jumelles de neuf ans et d’autres filles encore mineures à l’époque. 1 000 vidéos et six autres victimes ont été identifiées. Interrogé, le demandeur avait admis son implication dans le matériel pédopornographique concernant les sœurs jumelles. L’unité de police informatique examine d’autres vidéos et un rapport est attendu», a expliqué l’investigateur, qui a objecté à la demande de remise en liberté de Farla. Il a ajouté que des numéros étrangers ont été également communiqués à Interpol pour enquête afin de découvrir l’identité des personnes qui les ont enregistrés. Selon l’enquêteur Potage, l’équipe informatique travaille également avec Facebook en ce qui concerne les faux profils.

Pour ce témoin, si l’habitant de Citronnelle est remis en liberté, il pourrait corrompre des témoins et manipuler les preuves, vu que, a-t-il dit, le suspect maîtrise très bien l’informatique. «C’est vrai que le suspect a confirmé être un détenteur de licence en communication et non pas en télécommunications, mais selon notre investigation, il avait suffisamment de compétences pour créer de faux profils sur Facebook et utiliser différentes cartes SIM étrangères sur WhatsApp», a poursuivi l’inspecteur Potage.

Marche contre la violence

Ce dernier est allé plus loin pour soutenir que cette affaire a des ramifications internationales et a rappelé le fait qu’une marche pacifique avait même été organisée à Rodrigues contre la violence sur les enfants. «Le papa d’une des victimes avait certes dit qu’il ne resterait pas les bras croisés s’il est remis en liberté et, du coup, la police est d’avis que sa propre sécurité est menacée s’il est libre», a répliqué Potage lors du contre-interrogatoire mené par la défense, Jacques Panglose.

Toujours est-il que ce n’est qu’après avoir interrogé les personnes identifiées à partir des vidéos que la police pourra déterminer si elles sont des victimes présumées ou non. «Ce n’est pas un crime d’avoir un «alias» sur Facebook, mais cela dépend du but pour lequel il est utilisé. Le demandeur avait donné des instructions à une infirmière via Facebook pour qu’elle ait des relations sexuelles avec d’autres hommes. Il semblerait que les personnes non identifiées soient constituées d’étrangers et de Rodriguais également», révèle l’inspecteur Potage.

Jean Dominique Farla, ex-employé de la MBC à Rodrigues, a, quant à lui, soutenu être un homme marié et que sa famille a besoin de lui. Après avoir écouté les témoignages, le magistrat Rishi Hardowar n’a pas souhaité utiliser sa discrétion pour accorder la libération à Farla