Chetanand Ramchurn, 32 ans, refait parler de lui. Ce policier a été arrêté jeudi pour faux. Il a signé à la place de son ami en liberté conditionnelle dans une affaire de drogue, Bryan Ricco, qui doit se présenter deux fois par jour au poste de police de Trou-aux-Biches. Ce dernier a été arrêté le même jour et il a expliqué avoir passé un coup de fil «à son ami policier» pour lui dire qu’il serait en retard, mais soutient n’avoir jamais demandé à ce dernier de signer à sa place…. 

Ce policier originaire de Goodlands a été arrêté par les constables Sooklall, Chinien, Mohun et Houlasse de la Field Intelligence Unit du Nord. Longuement interrogé, il a avoué le délit. Ayant demandé un avocat, le trentenaire a comparu au tribunal, vendredi, sous une charge de faux en écriture. 

L’incident a eu lieu mardi peu avant 8 heures. Chetanand Ramchurn devait être en patrouille mais décide de regagner le poste de police et utilise un ordinateur avant de feuilleter le journal d’entrée des suspects en liberté conditionnelle. Lorsque la station orderly lui demande ce qu’il fait, il avance qu’il jette un coup d’oeil. Entre-temps, la station orderly reçoit un appel et ne prête pas attention à ce qu’il fait. Vers 8 h 25, Bryan Ricco se présente au poste et demande à apposer sa signature. 

Problème de coeur 

Dans le journal, la station orderly constate qu’il y a déjà sa signature à 7 h 58 faite en présence du constable Ramchurn. Sachant que le suspect n’était pas présent au poste à cette heure-là, elle demande une explication au policier Ramchurn qui lui lâche : «Mo kamarad sa linn sonn mwa linn dir mwa fer enn lizaz ek li, met enn call avant 8 er.» La station orderly fait aussitôt une entrée dans le journal du poste de police et alerte son supérieur. 

Si le nom de Chetanand Ramchurn ne vous dit rien, vous devez vous rappeler de cette vidéo d’un policier saoûl, appréhendé à bord d’une moto par des habitants de Pamplemousses, en mars. En effet, c’est le constable Ramchurn. Il n’en est ainsi pas à son premier écart de conduite. Le 11 mars, alors que le pays est en confinement, le policier est appréhendé en état d’ivresse à moto. Il tient à peine debout et ne cesse de débiter des insanités, pendant que des habitants le filment. 

Posté alors à Pamplemousses, le policier avait aussi brûlé un feu rouge et pilotait sa moto sans son permis. Lors d’une fouille par ses collègues, une bouteille de rhum est retrouvée et le trentenaire devait lancer : «Major les mo boir de gorze, mo pou boir mo pou kapav dormi bien.» En effet, ceux qui le côtoient savent qu’il dit vrai. Depuis quelques années après avoir eu un problème de coeur, il a sombré dans l’alcool. «Linn sanzé net. Li bizin dan enn leta segon. Plizier fwa dimounn in koz ek li pou tir li ladan, me li pa rési», soutient un de ses amis. Il est conscient du risque qu’il prend, mais il en fait fi. Un de ses amis explique qu’il n’a pas toujours été ainsi. Il était même un membre exemplaire de la force policière qu’il a rejointe en 2010. «Li ti bien serie dan so travay. Kan ti pe get li ti sir ki li pou vinn enn serzan. Ena boukou kinn aprann travay avek li», souligne notre interlocuteur, ajoutant qu’il est triste aujourd’hui pour cet agent de police déchu.