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Patrimoine: savates Dodo c’est le pied

19 décembre 2021, 16:00

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Patrimoine: savates Dodo c’est le pied

Elles sont aux pieds des politiciens. Pièces maîtresses pour les branchés, elles séduisent les Mauriciens, les touristes, les jeunes, les plus expérimentés. Elles étaient la star des mèmes durant la semaine écoulée. Une raison d’aller voir si la popularité des savates Dodo n’est pas en voie d’extinction.

Vendredi, petit tour au marché de Quatre-Bornes. À quelques pas du marchand qui vend des leksi bien juteux, une fois passé l’étal qu’occupe le vendeur de patoles, notamment, au milieu des jupes, blouses et robes, des Dodo. Avinash, 36 ans, en vend depuis cinq ans. Pieds et poings liés, l’ancien employé d’hôtel s’est reconverti à la suite d’ennuis de santé. Il a repris le flambeau et aide son papa, qui vend des tongs, des claquettes, des sandales, des mules aussi, pour ne citer que ces quatre items.

Quid des finances ? Quel budget prévoir ? Ses savates Dodo, il les revend à Rs 125. «Les Mauriciens en raffolent toujours, surtout les personnes plus âgées. Mo papa mem si li pas met so Dodo kan li rant lakaz, li pa gagn somey aswar.»

Les affaires marchent-elles bien ? «Parfois, on en vend quelques paires par semaine, parfois plusieurs en une seule journée, surtout à des touristes.» Depuis le Covid, c’est plus trop le pied, confie Avinash. N’empêche, la tradition et les habitudes, elles, ont bon pied bon œil. Et les Dodo continuent de séduire, ajoute-t-il.

Elles ont conquis Ved Mossaë, jeune homme dont les orteils ne jurent que par elles. Comment la belle histoire d’amour a-t-elle commencé ? «Un beau jour, je ne sais plus ce que j’avais fait et ma maman, qui était à une dizaine de mètres, me lança une de ses Dodo. L’impact que ça a eu sur mon dos m’a tout de suite confirmé la qualité, la fiabilité et la durabilité de cette petite beauté rose. Depuis, je chéris mes Dodo…» fait valoir le trentenaire. Ses Dodo et lui font la paire, enfin le trio.

Il faut dire que le CV des Dodo est impressionnant, en termes de durabilité. Même si elles ont plus de 50 ans aux semelles, elles assurent. De quoi sont-elles faites ? «D’un mélange de caoutchouc et d’autres matières», explique Stéphanie, d’Ah Koye Ha Chow & Co Ltd. Cette compagnie est la distributrice des Dodo depuis plus d’un demi-siècle. Mais attention aux fakes, à celles qui ne montrent pas patte blanche avant d’épouser vos petons. «Il faut exiger les vraies Dodo, certains essaient de nous imiter», lâche Stéphanie.

Combien de paires sont distribuées aux revendeurs ? Secret d’État. «Jusqu'il y a peu, il y avait des hôtels qui en commandaient pour en offrir aux clients. Les demandes ont quelque peu chuté, même si les Dodo ont toujours leur marché. Les supermarchés nous prennent une bonne quantité.»

Ce qui est certain, Covid ou pas, les savates Dodo auront toujours leur place, un pied dans le folklore. Elles ont bon pied bon oeil et ne perdront pas pied de sitôt.