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Arrestation: Roshi Bhadain l’homme qui dérange
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Arrestation: Roshi Bhadain l’homme qui dérange
Il y a eu l’épisode du baisemain. Mais il semblerait que ses «amis» d’hier veuillent aujourd’hui lui mettre un coup de pied, si l’on en croit Roshi Bhadain. L’homme n’a pas sa langue dans sa poche, n’hésite pas à se retrousser les manches pour dénoncer des scandales, comme Angus Road. Il a été arrêté vendredi, mais cela ne l’arrêtera pas, assure-t-il. Du coup, ses adversaires politiques semblent être dans leurs petits souliers.
Il a été interpellé à quelques centaines de mètres de son domicile, à Albion, alors qu’il conduisait sa sœur à l’hôpital, vendredi. Après plusieurs heures passées aux Casernes centrales et au tribunal, Roshi Bhadain a recouvré la liberté conditionnelle, le même jour. Depuis, les commentaires vont bon train. Si certains estiment que le leader du Reform Party avait lui-même abusé des charges provisoires contre les adversaires du MSM alors qu’il était ministre, d’autres estiment que c’est une énième tactique pour détourner l’attention du public des scandales qui se succèdent chaque semaine. Le politicien, expert à la fois en chiffres et en lois, est bel et bien une épine dans le pied du pouvoir en place.
Roshi Bhadain fait-il peur ? L’activiste Bruneau Laurette, souvent vu à ses côtés lors de manifestations, estime qu’il «est définitivement un danger pour les magouilleurs et autres traser». Simla Kistnen, veuve de l’ex-agent du MSM Soopramanien Kistnen, tué et retrouvé calciné dans un champ de cannes en 2020, était aussi devant les Casernes pour soutenir Bhadain, l’un de ses avocats. Elle est du même avis. Roshi Bhadain tente tout simplement de «mettre de l’ordre» ce qui déplaît à beaucoup de personnes.
Georgette, une activiste du PTr, arborant un T-Shirt ‘Zistis’, était aussi devant les Casernes et la cour. Pour elle, l’avocat comptable est quelqu’un qui aide concrètement sur le terrain et essaie, pour reprendre l’expression préférée de Bhadain, «tir lafimé dan lizié dimounn». Dev Sunnassy, lui, estime que Roshi Bhadain est un ancien ministre et qu’à travers son poste, il a eu accès à des informations privilégiées et qu’à travers son réseau, il reçoit des informations sensibles qui risquent d’éclabousser ceux qui ont des choses à cacher. «À chaque fois, il jette un pavé dans la mare avec des preuves. Forcément, ils vont avoir peur de cet homme.»
Qu’en pense le public ? Même s’il n’est pas exempt de tout reproche, selon certains, «li koz avek lozik, li explik pwin par pwin», soulignait un membre de la foule présente pour le soutenir vendredi. «Me Roshi exerce de la pression sur le gouvernement par les informations qu’il révèle», renchérit un jeune membre du Reform Party, rappelant que les autorités ont choisi le moment où il traverse un drame familial pour tenter de l’abattre.
Le mal-aimé
Alors qu’il était au gouvernement, Roshi Bhadain était l’un des ministres les plus mal-aimés par la population. L’affaire BAI ou celle de «l’interrogatoire» des cadres de Dufry et son fameux baisemain à Pravind Jugnauth lui collent à la peau. Mais il a depuis repris du poil de la bête. Contre toute attente, en janvier 2017, il vole la vedette à Pravind Jugnauth alors que ce dernier accède au poste suprême du gouvernement. La place qui lui est réservée reste désespérément vide. Très vite, il expliquera que son départ est motivé par la «mafia» qui entoure Pravind Jugnauth et que d’ailleurs, ce cercle fermé, dénoncé par Nando Bodha quatre ans après – a précipité lé départ de SAJ. Depuis ce coup d’éclat, le regard du public change, mais pas assez pour que Bhadain soit plébiscité à l’élection partielle au no 18 (Belle-Rose/Quatre-Bornes), qu’il provoque en démissionnant en tant que député. Il ne sera pas non plus élu aux élections générales de 2019.
L’épine
Depuis, plusieurs événements ont contribué à remonter sa cote de popularité. Tout d’abord, ses vidéos explicatives et dénonciatrices, qu’il poste régulièrement sur les réseaux sociaux. Par exemple, il avait expliqué pourquoi le fait de puiser Rs 60 milliards des fonds de la Banque de Maurice mène- rait à une dépréciation de la roupie et à une hausse drastique des prix. Il a aussi expliqué, dans les détails, l’avance de Rs 28 milliards accordée par la Banque de Maurice au gouvernement et comment il faudra deux siècles pour le remboursement. Il a aussi jeté un éclairage sur les Rs 80 milliards puisées de la banque centrale pour capitaliser la Mauritius Investment Company qui, à son tour, a aidé des compagnies comme Akai Fisheries Ltd, créée le 4 janvier 2021. Parmi les actionnaires, figure une autre compagnie dont l’adresse est Angus Road, Vacoas…
Mais il n’y a pas que ses explications claires et nettes, accessibles à la population, qui ont fait que Roshi Bhadain a pu renaître de ses cendres après sa démission. Le politicien, qui a affirmé qu’il détient des dossiers brûlants dans son cloud, a souvent fait la pluie et le beau temps dans plusieurs affaires.
C’est ainsi qu’il a révélé plusieurs documents relatifs à l’affaire Angus Road où il démontré comment le Premier ministre est devenu le propriétaire de son terrain après un paiement effectué par une tierce personne à l’étranger. Roshi Bhadain a aussi été à l’avant-plan de toute l’affaire Kistnen, expliquant, sur une base quasi-quotidienne, ce qui se passait en cour. Au-delà du meurtre de l’ancien activiste orange, Roshi Bhadain, membre du groupe d’avocats surnommés les Avengers, décortiquait, jour après jour, les conditions dans lesquelles les contrats étaient alloués par les autorités et corps parapublics aux proches et autres ami(e)s d’enfance des gens au pouvoir et ce que démontraient les Kistnen Papers sur les dé- penses de campagne.
Finalement, il y a quelques jours, Roshi Bhadain a fait des «révélations» concernant le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, alléguant qu’il fait preuve de favoritisme en s’arrangeant pour que des «amies proches» trouvent de l’emploi dans des corps parapublics tombant sous la responsabilité de son ministère. L’affaire aura presque relégué le scandale Molnupiravir au second plan. Roshi Bhadain s’est même laissé aller à lancer, sur les ondes d’une radio privée, la formule suivante, reprise en choeur par les internautes et le public : «Enn minis kat t**t**nes» et jusqu’à l’heure, il n’y a eu aucun démenti du principal concerné, malgré le foisonnement de mèmes et de savates Dodo sur Facebook...
Alors, Roshi Bhadain dérange-t-il ? Aucune réponse des rangs du gouvernement…
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