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Contrat de Rs 80 m de Molnupiravir: L’interrogatoire de Dalida Allagapen capital dans l’enquête de l’ICAC
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Contrat de Rs 80 m de Molnupiravir: L’interrogatoire de Dalida Allagapen capital dans l’enquête de l’ICAC
Même si elle est partie à la retraite peu après l’éclatement de l’affaire du contrat d’achat de comprimés de Molnupiravir, l’ex-Senior Chief Executive (SCE) du ministère de la Santé, Dalida Allagapen, sera entendue par les enquêteurs de l’Independent Commission against Corruption (ICAC) d’ici quelques jours. Une partie du voile sur ce scandale de Rs 80 millions pourrait être levée après la déposition de l’ex-SCE de la Santé. Car l’ICAC voudrait bien savoir s’il y avait bien une urgence pour que le ministère commande une telle quantité de ce médicament. Elle voudrait aussi obtenir des informations sur le laboratoire indien avec lequel la transaction a été faite et s’il n’y a pas une troisième «partie» qui est entrée en jeu.
Si Dalida Allagapen a pu partir à la retraite avec tous les bénéfices qu’elle mérite, elle fait déjà l’objet d’une interdiction to departure. Tout comme le secrétaire permanent du ministère de la Santé, Parmanand Mawah, et le Principal Pharmacist, Brijendrasing Naeck.
Le départ à la retraite de Dalida Allagapen est diversement commenté au niveau de l’ICAC, même si les enquêteurs pensent que cela ne gênera aucunement leur investigation. Car au niveau de la police, n’importe quel officier qui part à la retraite doit obtenir une clearance qu’il n’y aucune enquête contre lui.
Des fonctionnaires ayant travaillé avec Dalida Allagapen, qui a passé plusieurs années au ministère des Affaires étrangères et du commerce international, la décrivent comme une fonctionnaire intègre, qui a toujours bien fait son travail. Est-elle liée directement ou indirectement à cette affaire qui choque plus d’un, même au gouvernement ? L’enquête de l’ICAC apportera sans doute plus d’éclaircissements. Par ailleurs, un Senior Pharmacist, affecté au niveau du Regulatory, intéresse les enquêteurs. Selon eux, il détiendrait les informations sur ce contrat, comme le prix à l’achat ou encore la commande passée.
Et Akash Chuttoo, directeur du CPN Distributors (voir hors-texte), dans tout cela ? Les enquêteurs ne croient pas pour l’instant à sa déclaration publique que sa compagnie n’a bénéficié que d’une marge de profit de 11 % sur les 800 000 comprimés. Il a indiqué avoir acheté les comprimés à Rs 70 l’unité pour les vendre à plus de Rs 9 plus cher. Donc des profits entre Rs 7 et 8 millions dans cette transaction avec le ministère de la Santé. On estime que sa société a réalisé des profits d’au moins quatre à cinq fois plus. Les enquêteurs continuent à éplucher les dossiers pour obtenir des preuves de ce qu’ils soupçonnent.
Même si à ce stade il n’y a aucune arrestation dans cette affaire, au niveau de l’ICAC, on avance que cela ne saurait tarder. Mais c’est une longue enquête qui se poursuivra en 2022…
Portrait : Akash Chuttoo toujours proche de la politique
Du gardiennage à l’importation de médocs ! Il fallait le faire. Jay Kumar Chuttoo l’a fait. Enfin, on lui a permis de le faire. Qui ? Le gouvernement, bien sûr. Puisque valeur du jour, son plus gros client pour ne pas dire son unique client est le gouvernement, qu’il soit rouge ou orange.
Akash Chuttoo, l’homme derrière CPN Distributors, est un habitant de Market Road à Montagne-Longue. Après les élections générales de décembre 1995, il travaille comme Constituency Clerk de la ministre de la Femme, Indira Sidaya. Il a été mêlé à un scandale sur un business de la ministre dans la capitale. On reprochait à Akash Chuttoo d’avoir utilisé le transport de fonction de la ministre pour des travaux personnels.
Après la défaite du Parti travailliste (PTr) en 2005, Akash Chuttoo prend ses distances de la politique. Toutefois à partir de 2005, avec le PTr au pouvoir, il refait surface. Il a le soutien d’un ministre et se lance dans des services de gardiennage et ensuite de nettoyage. Il commence dans le gardiennage dans les années travaillistes en rachetant la compagnie d’un ex-policier, grand agent du Mouvement socialiste militant (MSM) qui se retrouve sans contrat entre 2005 et 2014.
Akash Chuttoo offrait et offre toujours ses services aux ministères de l’Éducation et de la Santé ainsi qu’à des corps paraétatiques. Le rachat de la compagnie RSL incluait un étrange deal qui garantissait à l’ancien propriétaire-ex-policier 50 % des revenus. Un arrangement, nous dit un comptable, qui est assez courant dans ce milieu entre agents de différents partis. Ainsi, si c’est le PTr qui est au pouvoir, le proprio travailliste est au-devant et l’autre agent reste à l’arrière-plan tout en empochant une partie des revenus. En attendant le prochain changement de régime…
Anguilles malgaches
Vers 2010, Akash Chuttoo s’essaiera à l’élevage d’anguilles à Madagascar, en rachetant une entreprise appartenant à un Britannique. On ne sait rien du sort de cette entreprise ni de celui des anguilles malgaches. Les élections de 2014 étaient attendues avec appréhension par Akash Chuttoo car s’il y avait eu un changement de régime, ses affaires péricliteraient, le partenaire de l’ombre proMSM ayant été viré.
L’attente sera tellement intenable pour Akash Chuttoo qu’on raconte que quelques mois avant les élections, il quitte le pays et ne rentrera qu’après la proclamation des résultats. Pourquoi a-t-il fait cela ? «Il ne savait plus quel parti soutenir ayant le cul entre deux chaises. Pour ne pas avoir à donner au bloc PTr et au bloc MSM en même temps, il disparaît.» Toutefois, à son retour, on lui pardonnera son ‘absence’ et il commencera à récolter des contrats de gardiennage. Cependant, dès 2019, une nouvelle compagnie de gardiennage commencera à être préférée à RSL, on ne sait pourquoi et l’on ne sait pas trop qui est derrière cette nouvelle compagnie. Ce que l’on sait, c’est que RSL perdra un procès contre un rival qui démontre à l’Independent Review Panel (IRP) que RSL ne pouvait pas garantir le paiement des salaires à ses employés. Ces derniers se plaignent toujours d’être exploités…
Mais comment donc fait Akash Chuttoo, agent et financier notoire du PTr, pour s’incruster dans le giron MSM ? Un nom revient sans cesse, celui de Jean-François Chaumière, lui aussi un ‘transfuge’ travailliste. Il aurait fait du lobbying auprès de son nouveau maître en faveur d’Akash Chuttoo. Mais il dément : «Je ne suis ni son lobbyiste, ni son partenaire d’affaires, bien que je sois et reste son ami.» Qu’il ne rencontre cependant, nous dit-il, qu’une fois tous les six mois.
Akash Chuttoo veut aussi sa radio privée. Avec un journaliste et un investisseur français, il avait fondé Admiralty Media Company en 2013. Il fait une demande de licence en 2018 mais ne l’obtient pas.
L’adresse de CPN Distributors – 24 Rue St Georges, Port Louis – est la même qu’Acutus Management Company, dont les actionnaires sont Priseela Chuttoo et Ridwan Saib Mamode. Une management company, nous dit un comptable, est toujours utile pour le genre de business dans lequel opère Chuttoo qui «pourrait ainsi utiliser la management company pour cacher d’autres actionnaires in trust.» Cependant, on n’a vu pratiquement aucune activité d’Acutus.
Point ou moins de contrats de gardiennage, pas de licence radio, pas de business offshore ou onshore. Akash Chuttoo aurait-il été ‘compensé’ par une commande de Molnupiravir et de Tolicizumab ? Alors que des fonctionnaires sont suspendus, on se demande toujours pourquoi Akash Chuttoo n’a pas été arrêté par l’ICAC…
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