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L’ultime plaidoyer de Lin aux côtés de Désiré François
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L’ultime plaidoyer de Lin aux côtés de Désiré François
«Sa pa zot traka» est un sérieux candidat aux concours du disque de l’année organisés par les radios. Ce single de Lin est et restera un symbole pour plusieurs raisons : il sort vendredi à titre posthume Avoir Désiré François comme featuring, c’était le rêve de Lin, mais surtout à cause de sa connotation politique…
Sant sa ar mwa dada. Mo rev ce sant ar twa. Mo pa sir trouv lane prosenn», avait dit Lin à Désiré François pour le convaincre de chanter ce titre avec lui. «C’était à la suite d’un quiproquo et il n’avait pas compris que j’avais déjà accepté de le chanter avec lui, mais par contre pas une seule fois je n’ai imaginé qu’il était sérieux quand il disait qu’il ne serait peut-être pas là en 2022.» Trois mois après la mort de Lin, l’émotion de Désiré François est audible. «En studio (NdlR : quelques semaines avant sa mort) il semblait frêle et affaibli, mais ses éternelles plaisanteries, ses fous rires, sa dextérité et sa maîtrise vocales ne laissaient absolument pas transparaître qu’il était gravement malade.»
Mais Lin n’était pas plus malade que la société qu’il décrit dans sa chanson. Le texte écrit par Lin pour la chanson Sa pa zot traka a une très forte connotation politique. «Zot pé kokin ek anrisi zot fami aste sato (…) Kan ti kopin ti kopinn zot vant finn ranpli lerla pwal gete si lakwizinn finn kwi inpe anplis (…)» écrit l’enfant de cité Tranquebar.
«Moi je n’accuse personne», dit Désiré François. «J’ai accepté de chanter cette chanson parce que je l’ai vécue. Il faut d’abord qu’une chanson me parle pour que je la chante. Sa pa zot traka peut aussi s’appliquer aux producteurs qui abusent des talents des artistes. C’est un texte qui peut s’adresser à tous les types de voleurs et oppresseurs. Saki ros la tom dan so zardin li pou koné»
«Zot pé kokin ek anrisi zot fami aste sato (…) Kan ti kopin ti kopinn zot vant finn ranpli lerla pwal getesi lakwizinn finn kwi impe anplis...»
Si Désiré François voit ainsi beaucoup plus de son propre vécu qu’une connotation politique dans Sa pa zot traka, il peut cependant être fier que le courageux Lin soit un produit de la «génération Cassiya» qui a fait réfléchir la société mauricienne avec des paroles, certes employées en métaphores, mais indéniablement engagées, comme Ici kot nou ete, Séparation, ou Zoizo. «La mère de Lin m’a dit aux funérailles que quand il était enfant, il ne chantait que du Cassiya. C’est fou quand on y pense.»
Au-delà des paroles, Sa pa zot traka réunit également une impres- sionnante palette de musiciens sur une mélodie qui donne envie de chanter. Yony Lagrandeur à la guitare, Didier Baniaux à la basse, Michel Nany au clavier, Pelé à la percussion, Bruno François à la batterie, et la voix pure de l’expérimentée Caroline Jodun comme choriste.
À la console d’enregistrement, et de mixage dans son studio à SainteCroix où Lin a enregistré son ultime chanson, Kenny Seenien se dit tout heureux d’avoir pu réaliser le rêve de Lin. «À peine a-ton fini les prises de voix, Lin m’a dit qu’il peut désormais mourir. Qui allait prendre le grand farceur Lin au sérieux dans un tel moment ? Je suis triste qu’il ne verra pas la sortie de ce single. Mais je suis sûr que de là où il est, il est heureux.»
Une tristesse que partage Désiré François. «J’ai dit à l’épouse de Lin que nous n’allions jamais chanter cette chanson ensemble en live sur une scène. Mais Lin sera là. Je chanterai cette chanson sur scène sans sa présence physique, mais il sera tout de même présent.»
Le single sera disponible dès vendredi chez les disquaires. Il est vendu à Rs 150. Toutes les recettes irontà la famille de Lin.
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