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Molnupiravir Gate: «C’est la faute aux fonctionnaires», se défend Jagutpal
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Molnupiravir Gate: «C’est la faute aux fonctionnaires», se défend Jagutpal
Kailesh Jagutpal s’est non seulement défendu dans l’affaire Molnupiravir mais a aussi défendu l’ex-«Senior Chief Executive» Dalida Allagapen. Nando Bodha démolit les arguments du ministre de la Santé les uns après les autres. Encore une sortie ratée de Jagutpal ?
Après s’être éclipsé des yeux du public durant quelques jours, mercredi, Kailesh Jagutpal est réapparu pour animer en solo la conférence de presse du National Communication Committee. Et répondre aux questions des journalistes. Bien qu’affirmant avec force qu’il ne s’occupe pas des achats de médicaments et autres produits, «même pas celui d’une plume», le ministre semble tout de même reconnaître qu’il aurait dû savoir ce qu’il se passait dans le département de Procurement. Mais d’ajouter : «je ne peux pas suivre tous les dossiers», et de demander aux journalistes qui le pressaient de questions : «Dois-je tout vérifier, un par un ?»
Mais Kailesh Jagutpal est allé plus loin mercredi. Il a affirmé que même l’ex-Senior Chief Executive Officer (SCE) Dalida Allagapen ne peut tout contrôler. Pour Nando Bodha, il est vrai que le ministre n’est pas concerné par la procédure d’achat, «mais ne doit-il pas être informé ?» L’ex-ministre MSM veut savoir quand le ministre Jagutpal et le Premier ministre ont su que 800 000 comprimés à Rs 9 ont été achetés le 6 décembre et qu’un million à Rs 79 ont été achetés le 7 décembre. «L’autorisation du ministre n’est-elle pas nécessaire pour le restricted bidding et l’unsolicited bidding ? Et comment Pravind Jugnauth, qui a annoncé le 9 décembre qu’il y avait déjà un million de comprimés, en a-t-il été mis au courant si ce n’est par Jagutpal qui a, à son tour, été informé par Dalida Allagapen ?»
Nando Bodha rappelle que Jagutpal n’a fait que justifier la transaction avec CPN en réponse à la PNQ du 10 décembre. «Et lors du Statement Time plus tard dans la nuit, le ministre de la Santé aurait pu se rattraper mais il a encore une fois justifié l’achat de CPN Distributors.» Pour rappel, Jagutpal a, mercredi, étonné plus d’un en déclarant qu’il ne questionne pas les fonctionnaires qui lui ont donné les informations pour sa réponse à la PNQ et que ce n’était pas à lui de leur poser des questions. Nando Bodha dit cependant que Dalida Allagapen est une personne correcte. C’est pour cela qu’il croit qu’elle n’aurait pas pu être aussi négligente.
L’Accounting Officer
Idem pour un ex-très haut fonctionnaire qui reconnaît l’intégrité de Dalida Allagapen. Mais il n’est pas d’accord quand Jagutpal avance qu’elle n’était pas au courant. «C’est la SCE qui est l’Accounting Officer. C’est elle qui approuve le paiement.» Et notre interlocuteur se demande : «Jagutpal veut-il dire que Dalida Allagapen a fait un gros paiement de Rs 79 millions sans poser de questions alors qu’elle savait, en plus, qu’il y avait déjà ce produit en stock ; qu’elle savait qu’il y a eu un paiement la veille pour le même produit à Rs 9 ?»
Et face à l’argument de Jagutpal selon lequel c’était aux autres fonctionnaires (il n’a pas précisé lesquels) de remonter toute information concernant une éventuelle anomalie à la SCE qui l’aurait remontée à son tour à lui, Jagutpal, notre interlocuteur qui a 35 ans de service dans la fonction publique est ébahi. «Si je suis bien le raisonnement de Jagutpal, si certains fonctionnaires complotent pour favoriser un fournisseur qui vend à des prix exorbitants et qui ne figure pas dans la liste des fournisseurs habituels, personne ne le saura ? Donc, s’il n’y avait pas eu de PNQ, personne n’en aurait rien su, ni Dalida Allagapen, qui a pourtant autorisé la transaction, ni le ministre Jagutpal, ni même le PM, qui a d’ailleurs avoué qu’il a appris le scandale grâce à la PNQ ? Est-ce ainsi que la fonction publique et les milliards sont gérés ? J’en ai froid dans le dos en pensant à d’autres transactions qui ne sont pas venues à l’oreille du leader de l’opposition.»
Pourquoi Kailesh Jagutpal a-t-il défendu Dalida Allagapen sachant bien que c’est elle qui est l’Accounting Officer, c’està-dire celle qui doit répondre de toutes les dépenses devant les institutions y compris le Public Accounts Committee ? Pour notre interlocuteur exhaut-fonctionnaire, si elle parle, des têtes, et non des moindres, tomberont. «En fait, dans ce genre de situation, on utilise la carotte et le bâton.» Et quel est le bâton ? avons-nous voulu savoir.
Réponse ou plutôt question : «Savez-vous que même si elle part en retraite, elle peut à tout moment être convoquée par l’ICAC, la police ou le ministère pour donner des explications ? Je me demande même si tous ses dus lui ont déjà été versés…»
CPN Distributors ltd n’a pas encore payé Optimus Pharma
C’est ce que nous avons cru comprendre d’une source. CPN aurait obtenu 60 jours de crédit alors qu’elle allait être payée cash par le gouvernement. En tout cas, c’est ce que l’on nous a répondu lorsque nous avons demandé une preuve de paiement de CPN à Optimus. Est-ce un faux prétexte ? Ou est-ce vrai ? Si c’est vrai, CPN Distributors aura fait un autre supplément sur le dos du contribuable mauricien : un crédit du fournisseur et paiement sur le champ du gouvernement.
Les dépositions «under warning» vont se poursuivre
L’ex-«Senior Chief Executive» de la Santé a été interrogée à nouveau, hier, par les officiers de l’Independent Commission against Corruption (ICAC). Elle a été autorisée à partir. Dalida Allagapen devra se rendre à nouveau au QG de l’ICAC après quelques jours. En compagnie de son avocate, Me Nargis Bundhun, l’ex-«Senior Chief Executive» sera convoquée une fois que les enquêteurs auront fini de vérifier quelques éléments de la déposition de l’ex-SCE. Les enquêteurs veulent surtout comprendre les procédures d’achat au sein du ministère de la Santé afin de situer sa responsabilité dans cette affaire qui défraie la chronique. Outre Dalida Allagapen, les enquêteurs de l’ICAC s’intéressent aussi au rôle joué par le «Chief Pharmacist» Brijendrasingh Naeck. Ce dernier est directement impliqué dans le «procurement» des médicaments et aurait dû avoir informé ses supérieurs, voire le ministre, dans cet achat d’urgence de Molnupiravir – surtout à un prix aussi fort pour un million de cachets.
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