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Reportage: le Comptoir de Constance redonne vie à une «boutik sinwa» d’antan

25 décembre 2021, 19:00

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Reportage: le Comptoir de Constance redonne vie à une «boutik sinwa» d’antan

Depuis quatre semaines, Constance revit. Plutôt, la boutique chinoise d’antan connue comme «Laboutik Teyave», une des premières de l’Est qui date de 1910, qui avait fermé ses volets à la fermeture de l’usine sucrière, revit avec Le Comptoir, café, boulangerie, pâtisserie et épicerie à la fois.

La gaieté est de retour

Ce coin de l’île, niché au cœur des terres agricoles et de ce qui reste des champs de canne, s’était éteint comme une bougie, après la fermeture du moulin au début des années 2000, entraînant le déménagement des familles d’employés de la sucrerie vers des morcellements résidentiels sous le Voluntary Retirement Scheme dans les alentours de Centre-de- Flacq. Les mouvements des Flacquois, des curieux et des gourmands, entre autres, dans le respect des mesures sanitaires, dans cet édifice en pierres sous tôle, en bordure de la route principale et dont le cachet d’antan a été soigneusement sauvegardé, ramènent un grand sourire, de l’émerveillement presque sur les visages de ceux ayant grandi ou travaillé ici.

Loïc de Robillard, Business Development Manager chez Constance et sympathique hôte derrière le comptoir et la craquante vitrine à pains et à pâtisseries confectionnés par les artisans de l’hôtel Belle-Mare Plage, explique que le groupe Constance, toujours propriétaire des terres de cette partie de l’île, a voulu donner une seconde vie à ce patrimoine. «Le concept est de proposer un café avec 25 couverts maximum et une boutique atypique avec la vente de légumes bio et de produits en vrac. Le tout en gardant la touche d’antan.»

Les souvenirs en images de «Laboutik Teyave» et du moulin vu d’en haut sont accrochés au mur en pierres.

Un concept qui s’avère gagnant

«Depuis un mois qu’on est ouvert, c’est un joli petit succès. Nous sommes très satisfaits du retour client et nous sommes reconnaissants d’autant de soutien et de bienveillance», fait ressortir Loïc de Robillard. En effet, l’intérieur respire bon le passé. Les souvenirs en images de Laboutik Teyave et du moulin vu d’en haut sont accrochés au mur en pierres. Les portes et volets en bois de couleur rouge vif rappellent les boutiques d’antan. Au plafond, nouvelle vie pour les grands paniers de maraîchers transformés en luminaires.

Par ailleurs, le «manger sainement» et la protection de l’environnement y ont aussi leur importance. Les tentes bazar vous attendent donc pour faire vos commissions. Dans la sélection de légumes et fruits bio et hydroponiques : citrouille, laitue, aubergine, gingembre, courgette, pomme d’amour et ananas. Pour les aliments en vrac, choisissez entre pistaches salées, mangues séchées et céréales. Sur les étagères, confiture de roselle ou de bergamote signée Constance. Au coin frais : la viande de cerf, entre autres, toujours du terroir.

Côté boulange, Le Comptoir propose une palette de pains allant de la baguette à l’ancienne, le focaccia, la miche aux céréales, en passant par le pain à la pomme et aux noix pour finir par la miche de campagne ou la brioche. En sus des pâtisseries réalisées également par Constance Belle Mare Plage, d’autres délicieux sucrés comme des macarons, napolitains, toffees sont au choix.

Pour la pause-café ou déjeuner, profitez de la belle terrasse couverte à l’arrière pour déguster une bonne assiette végane, un savoureux burger de cerf ou un bagel. Cela, en sirotant un kéfir, boisson naturellement gazeuse ou un rafraîchissant thé glacé à la roselle, à la citronnelle ou à la bergamote. Par-dessus tout, l’idée avec Le Comptoir, selon Loïc de Robillard, est de rester cette petite boutique pour qu’elle ne perde pas son âme de l’époque.

En tout cas, le Business Development Manager de Constance et ancien Resort Manager à Nosy-Be à Madagascar, qui a vu sa vie professionnelle chamboulée par le Covid-19, est bien parti pour relever ce nouveau challenge. Et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Avec le groupe, il ambitionne d’étendre ce concept liant passé, présent et futur à d’autres boutiques pour faire découvrir aux Mauriciens la pâtisserie et boulangerie hôtelières du Belle-Mare Plage à un prix raisonnable.

Ce qui est certain, Laboutik Teyave reprend vie à un moment où cette partie de Flacq est en phase de développement avec la construction du nouvel hôpital universitaire à deux virages plus loin ainsi que l’aménagement d’une grande route reliant le Nord au Sud.

Carnet d’histoire

<p>Elle a grandi à Constance et travaillé à l&rsquo;école maternelle qui se trouvait à proximité de la boutique de <em>&laquo;Laboutik Teyave&raquo;.</em> Sylvette Palakaksing, une puéricultrice de carrière, surnommée affectueusement Miss Sylvette, dans cette région, conte cette boutique chinoise qu&rsquo;elle a connu avec beaucoup de nostalgie. Le gérant Teyave toujours en short trois-quarts se faisait aider par son épouse et son fils Coco. <em>&laquo;Sa femme faisait des cornets en papier qu&rsquo;elle collait avec de la farine. Il y avait de tout dans cette boutique et elle était très fréquentée. À l&rsquo;heure du déjeuner, les employés du moulin se ruaient chez Teyave qui vendait &lsquo;&rsquo;dipain kari, dipain diber, dipain sardine ek pima confi&rsquo;&rsquo;. Il y avait aussi plein de gâteaux pour les enfants tout comme un coin pour ceux qui buvait leur &laquo;ti-rum&raquo; et un salon de coiffure en tôle à côté.&raquo; &laquo;Tou dimounn ti pran zot ration kot Teyave&raquo;,</em> poursuit-elle. <em>&laquo;Li ti donn kredi ek payé la fin di mwa. Teyave ti vann demi liv lefwa, demi liv laviann&raquo; pour faciliter la vie des clients qui ne pouvaient se permettre d&rsquo;acheter plus que ça.&raquo;</em> Chaque jeudi, la boutique était fermée et pour toute emplette, les habitants devaient se rendre à Flacq... comme c&rsquo;est le cas depuis que l&rsquo;usine sucrière a arrêté de rouler, que les résidents du camp sucrier ont été relocalisés et que Teyave a fermé boutique&hellip;</p>