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Narendranath Gopee: «Les syndicats des institutions publiques sont infiltrés par des chatwas»

26 décembre 2021, 13:48

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Narendranath Gopee: «Les syndicats des institutions publiques sont infiltrés par des chatwas»

Le président de la Federation of Civil Service and Other Unions explique l’origine et les implications de la tentative de la direction de la Banque de Maurice de licencier le président du syndicat des employés.

Ce qui est arrivé au président du syndicat des employés de la Banque de Maurice, Chidanand Rughoobar, est incroyable. Dites-nous ce qui s’est passé, vous qui êtes le négociateur de la Bank of Mauritius Employees’ Union (BOMEU).

C’est incroyable, comme vous le dites. Le syndicat attend depuis 2017 que la direction revoie leurs conditions de travail notamment la révision salariale à travers les négociations collectives. Lorsque le nouveau gouverneur, Harvesh Seegoolam, a pris ses fonctions, il a promis de régler ce problème promptement et cela à la suite de plusieurs réunions entre la direction et le syndicat en présence de la Federation of Civil Service and Other Unions. Mais rien n’a été fait.

De plus, d’autres demandes ont été faites concernant le droit syndical. Comme la direction n’a pas accédé à ces demandes, le syndicat n’a eu d’autre option que de référer le cas à l’Employment Relations Tribunal (ERT) en novembre 2021.

Et c’est là que le syndicat aura sa première surprise?

Oui. L’avocat de la Banque, le Senior Counsel Rishi Pursem, déclare que la direction de la Banque de Maurice ne reconnaît pas le syndicat, et cela même si ce dernier l’a toujours été depuis 1976. Le syndicat déposera un document le prouvant. Il ne peut produire les procès-verbaux des réunions qu’a eues la direction avec la BOMEU puisque cette dernière ne les lui a jamais remis, malgré de nombreuses demandes. Il ne restait au syndicat qu’une solution : la production, entre autres, d’un extrait de la page sociale du rapport annuel 2021 de la banque où cette dernière reconnaît la BOMEU. Et lorsque le président du syndicat présente ce document au tribunal, il est accusé d’avoir fuité un document confidentiel et s’il ne donne pas des explications avant le 27 décembre, il sera licencié !

Est-ce un document confidentiel donc ?

Pour la BOM, le rapport annuel n’avait pas encore été rendu public. Pourtant, il avait déjà été déposé au Parlement et était devenu donc public.

Nous avons demandé à la BOM des détails à ce propos mais elle n’a pas voulu faire de commentaire, nous disant que l’affaire est devant un tribunal. Par contre, au lieu de nous répondre s’il existe une tension entre la direction et le syndicat, on nous a expliqué qu’il existe une tension DANS le syndicat. N’est-ce pas surprenant que la direction se mêle des affaires internes du syndicat ?

Oui, la direction a l’habitude de s’ingérer dans les affaires internes du syndicat à la BOM. Il y a eu une démission en masse des membres du comité exécutif de la BOMEU. Mais ce n’est pas parce que ces membres ne sont pas d’accord avec le président mais parce que des pressions ont été exercées sur eux pour qu’ils quittent le navire. L’origine de ce ‘complot’ est une lettre anonyme adressée au Registrar of Associations pour récuser le syndicat. Cette lettre anonyme a d’ailleurs déjà été dénoncée par les membres du syndicat.

Nous avons parlé à un membre démissionnaire qui nous confirme qu’il a subi des pressions de la direction par le biais d’un membre du syndicat qui a obtenu d’ailleurs une promotion. Est-ce la nouvelle méthode de la direction des institutions publiques pour saper les organisations syndicales ?

Oui, c’était le cas dans une autre institution contrôlée par Lakwizinn où la direction a infiltré par la suite le syndicat grâce à ses ‘chatwas’. Avec le contrôle des réseaux sociaux, des radios et du Parlement, il ne restait que certains syndicats à constituer une poche de résistance surtout dans les institutions publiques où des abus sont commis. C’est pour cela que celui de la BOM dérange.

Il paraît que le transport de la BOM a même été utilisé pour contacter les membres du syndicat et leur faire signer leur lettre de démission de la BOMEU ?

Il paraît que oui. Et je mets en garde la direction de ne pas tenter de falsifier les preuves et de faire pression sur les témoins.