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Une femme accusée de violation de couvre-feu dame le pion à la police en cour
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Une femme accusée de violation de couvre-feu dame le pion à la police en cour
Le magistrat Arun Rohamally de la cour de district de Curepipe a prononcé un verdict d’acquittement en faveur de Bibi Rookayyah Oree. Cette dernière était accusée d’avoir enfreint le règlement autorisant les sorties en ordre alphabétique pour acheter de la nourriture, alors que le pays était en plein confinement en 2020. «L’accusée est parvenue à faire naître dans mon esprit un doute raisonnable que, le 25 avril 2020, elle a été retrouvée à l’extérieur pour se procurer des denrées alimentaires un jour qui lui a été alloué par les autorités à cet effet», a déclaré le magistrat. Il a donc conclu qu’un acquittement doit être prononcé en faveur de l’accusée.
Selon l’acte d’accusation, Bibi Rookayyah Oree se trouvait, le 25 avril 2020, à New Trunk Road, Midlands, lorsqu’elle avait été interpellée par la police. Selon le caporal Kallichurn, il a arrêté le chauffeur d’un camion qui se dirigeait vers Nouvelle-France en provenance de Curepipe. «Le conducteur était un homme mais il y avait aussi une passagère. J’ai demandé à cette dernière sa pièce d’identité tout en lui demandant si ce jour était celui qui lui avait été assigné pour acheter des denrées alimentaires, ce à quoi elle a répondu par la négative. C’est alors que je l’ai prise en contravention», a-t-il expliqué en cour. Le témoin a également informé la cour qu’il avait vu des légumes empilés sur le camion. Le sergent Codabaccus a pour sa part signalé à la cour que l’accusée avait refusé de donner sa version des faits en écrit à la police.
Or en cour, Bibi Rookayyah Oree a expliqué que c’était un samedi, le 25 avril 2020, qu’elle était sortie pour acheter des denrées alimentaires car ce jour-là lui était assigné pour acheter de la nourriture selon l’ordre alphabétique imposé par le gouvernement. L’accusée a également déclaré avoir fait don d’une partie des denrées alimentaires à son frère qui traversait une période difficile. Ce dernier a déclaré que pendant la période de confinement, il ne travaillait pas, était lourdement endetté et n’avait pas d’argent pour acheter de la nourriture. Il s’était tourné vers sa soeur pour demander de l’aide et cette dernière a ramené chez lui quelque Rs 1 500 à Rs 2 000 de vivres.
Le magistrat note qu’en application de ce règlement, une ordonnance de couvre-feu a en effet été imposée par le ministre le 22 mars 2020 et publiée au Journal officiel (GN 512 de 2020). Ladite ordonnance devait prendre effet à compter du 23 mars 2020 à 20 heures et être valable jusqu’au 2 avril 2020 à 20 heures. «Les catégories de personnes, à savoir celles assurant les services essentiels, ont été autorisées à être à l’extérieur mais uniquement dans le but de se déplacer entre leur lieu de résidence et leur lieu de travail et les hypermarchés/supermarchés/supérettes et les magasins de détail alimentaire seraient ouverts du lundi au samedi de 9 heures à 17 heures», a poursuivi le magistrat. Il ajoute que ceux qui pourraient se déplacer devaient respecter le système de l’ordre alphabétique mis sur place.
«La présente infraction aurait été commise le 25 avril 2020, qui était un samedi. Le nom de famille de l’accusée commence par la lettre ‘O’. Ainsi, il semblerait que ce jour-là soit le jour alloué à l’accusée par les autorités pour qu’elle puisse s’approvisionner en nourriture dans les hypermarchés, les supermarchés, les supérettes.» Pour le magistrat, aucune preuve n’a été apportée par l’accusation quant à la manière dont les denrées alimentaires trouvées sur le camion, au moment où l’accusée a été arrêtée, n’étaient pas essentielles aux «moyens de subsistance ou à la subsistance» de l’accusée. «En l’absence d’une telle preuve, je ne peux que conclure qu’elles l’étaient.» D’où le verdict d’acquittement prononcé en faveur de Bibi Rookayyah Oree la semaine dernière.
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