Alors que le nombre de cas d’Omicron semble diminuer en Afrique du Sud, les autorités mauriciennes ont décidé d’étendre la fermeture des frontières avec ce pays jusqu’au 31 janvier 2022. Ce revirement de situation exaspère les natifs du pays de Mandela et les Mauriciens qui y travaillent et sont bloqués à Maurice, comme le virologue Shameem Jaumdally. Surtout qu’il doit reprendre le travail… «C’est incompréhensible. Surtout que les États-Unis et même l’Europe ouvrent de nouveau leurs frontières avec l’Afrique du Sud», peste-t-il. Il se réfère à la situation actuelle en France. «Le taux de positivité est élevé en France et le pays n’impose pas de restrictions strictes en cette fin d’année. Les autorités ont privilégié la vaccination en masse et la dose de rappel. Elles préfèrent cette option qu’apporter des restrictions pour ne pas déplaire aux Français ; c’est tout l’opposé pour l’Afrique du Sud.»

Justement il avance que le pic a déjà été franchi dans ce pays. «Le pays a déjà un taux d’immunité collective assez élevé. Le nombre de cas et de décès n’est même pas comparable avec la vague du variant Delta. L’Afrique du Sud a maintenu son couvre-feu, il y avait toujours l’obligation du port du masque à l’extérieur et à l’intérieur. Les compagnies privées ont privilégié le télétravail.» Du coup, le virologue et plusieurs personnes dans sa situation s’interrogent sur la raison de ce prolongement. «Est-ce qu’une personne peut nous expliquer le pourquoi de cette décision alors que la France a dépassé les 200 000 personnes atteintes du variant Omicron ? Et les Français peuvent venir à Maurice ?»

Quid des répercussions de cette fermeture ? Pour Shameem Jaumdally, plusieurs investisseurs sud-africains basés à Maurice envisagent déjà d’aller ailleurs. «Ils confient qu’il n’y a pas de stabilité ici et qu’il n’y a pas de bon sens dans les décisions prises. Cela risque d’impacter l’économie mauricienne.» Il connaît plusieurs personnes qui comptaient retrouver leur famille pour les fêtes mais se retrouvent bloquées ici. «Combien de touristes se retrouvent coincés ici. Surtout que le travail reprend dès la première semaine de janvier ?» Le virologue doit justement retrouver le chemin de son laboratoire dès le 8 janvier et ne sait plus comment s’y rendre. «Surtout que je dois former des jeunes et que j’ai deux voyages déjà organisés au Mozambique et en Zambie pour le travail.» Par ailleurs, cette fermeture pourrait nuire encore plus à notre tourisme. Le site sud-africain Business Insider SA, annonçait, hier, que les Maldives ont, tout comme d’autres pays, rouvert leurs frontières à l’Afrique du Sud. Et les touristes sudafricains préféreront s’y rendre plutôt que d’attendre fin janvier pour que nos frontières rouvrent.

Autre problème, le retour des étudiants mauriciens. «Certains devaient rentrer après le 28 novembre, une fois leurs examens terminés. Surtout que les campus ferment leurs portes pendant les vacances. Je me demande ce qu’il advient de ces jeunes sans famille pour les fêtes» Il espère qu’au moins des vols de rapatriement pourraient être organisés pour décanter la situation. Sinon, le début de l’année risque d’être mouvementé…