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Hippisme │ Hommage: Nooresh Juglall, jusqu’au bout du rêve

31 décembre 2021, 18:43

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Hippisme │ Hommage: Nooresh Juglall, jusqu’au bout du rêve

Six mois se sont écoulés depuis que le turf mauricien a perdu un de ses plus grands ambassadeurs. Alors que l’heure est traditionnellement au bilan après une fin de saison,le départ tragique de Nooresh Juglall reste bien évidemment la plus grande épreuve de cette saison 2021. Mais sa mémoire demeure tout aussi vivace pour ceux qui l’ont connu.

Avant sa grave chute qui entraînera sa mort dans la soirée du 15 mai, un seul décès de jockey avait été recensé sur l’hippodrome du Champ-de-Mars en deux siècles d’opération. Mais la mort frappe toujours là où on l’attend le moins. Cela, les proches de Nooresh Juglall peuvent douloureusement en témoigner. Car le pilier de la famille Juglall incarnait la joie de vivre et c’est l’image de ce garçon au sourire pratiquement permanent sur le visage que garderont tous ceux qui l’ont côtoyé.

S’il était toujours de ce monde, Nooresh Juglall aurait certainement apprécié le premier titre de champion de Maurice remporté par Dinesh Sooful, car le bonheur des autres comptait beaucoup pour celui qui est considéré comme l’un des meilleurs cavaliers que le pays ait connus. Mais le sort en a décidé autrement. Le dernier tour de piste de Nooresh Juglall s’est arrêté un triste après-midi de mai, mettant par la même occasion un terme à l’une des plus belles success stories du turf mauricien.

Qu’on se le dise, c’est fort d’une détermination à toute épreuve que Nooresh Juglall s’était fait un nom sur la scène hippique locale puis internationale. Issu d’un milieu modeste, l’aîné de la famille Juglall rêvait de faire carrière dans le monde hippique et il a commencé au plus bas de l’échelle pour se bâtir une réputation sans tache. D’arroseur de piste dans son adolescence à champion de Maurice, en passant par une carrière internationale, Nooresh Juglall n’a pas laissé insensibles toutes les personnes qui ont croisé sa route.

Il faut dire que le talent était inné chez Nooresh Juglall. Malgré une maîtrise approximative de la langue de Shakespeare à ses débuts, notre compatriote a connu malgré tout un apprentissage sud-africain exceptionnel, sacré deux fois champion apprentice durant ses quatre années de formation. Au pays de Mandela, on se souvient surtout de son association avec le champion Cherry On The Top dans le Triple Crown qui demeure, par ailleurs, son plus grand accomplissement en Afrique du Sud.

Hall of Fame

Si d’autres auraient préféré rentrer au pays après ce passage réussi, ce natif de Sainte-Croix en voulait cependant plus. Grâce à son clean record, les portes de la juridiction singapourienne se sont ouvertes pour lui. En cinq ans passés à Kranji, Nooresh Juglall s’est souvent classé dans le Top 5 et il fait d’ailleurs partie du Hall of Fame singapourien pour avoir remporté cinq courses lors d’un même rendez-vous hippique en août 2016.

Quand il est rentré au pays en 2019 pour des raisons familiales, le Mauricien se lance un autre défi de taille en succédant à Robbie Fradd au poste de titulaire de l’écurie Rousset. Après la fantastique saison qu’avait connue le vétéran sud-africain en 2018, d’aucuns auraient pu hésiter à prendre le relais. Mais pas Nooresh Juglall. Dauphin de l’immense Manoel Nunes en 2019, le jockey mauricien a marqué l’histoire du turf l’année dernière en devenant le seul deuxième fils du sol à remporter la Cravache d’Or après Vijay Anand Bundhoo en 1991. Ses relations ont parfois été tumultueuses avec le public mauricien durant cette quête, mais Nooresh Juglall n’a pas flanché dans son mano a mano avec Derreck David.

C’est auréolé de son titre de champion que Nooresh Juglall a fait un adieu prématuré à ce monde. Et la marée humaine qui l’a accompagné de son domicile jusqu’au lieu de sa crémation, en faisant un crochet émouvant par le Champ-de-Mars, témoigne bien de l’impact que ce gamin de Sainte-Croix a eu sur la vie de milliers de gens. Le trophée Robert & Lady Maria Farquhar lui a été décerné à titre posthume lors de la dernière cérémonie des Equidors. Ce n’est que justice pour l’ensemble de sa courte mais riche carrière.

Les meilleurs s’en vont en premier, dit-on. Nooresh Juglall en est le triste exemple.