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Compagnies d’état: pourquoi la MIC a racheté les actions du NPF d’Air Mauritius ?
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Compagnies d’état: pourquoi la MIC a racheté les actions du NPF d’Air Mauritius ?
C’est le comble de l’opacité : les membres du board de la Mauritius Investment Corporation (MIC) ne sont pas au courant de cette transaction qui rend à son tour Airport Holdings Ltd (AHL) encore plus opaque. «Si même le board de la MIC est contourné, s’étrangle un banquier, «sur des milliards de l’argent du contribuable, je me demande comment seront gérées ces Rs 80 milliards». Ce n’est pas tout. Il semble que l’Investment Committee de la MIC ait lui aussi été contourné ! Pour rappel, lors de la création de la MIC, le ministre des Finances avait fait toutes sortes de promesses pour rassurer l’opposition qui s’inquiétait du sort des Rs 80 milliards de la Banque de Maurice remises à la MIC.
On ne sait même pas si c’est 12 ou 25 milliards que la MIC a placées dans Air Mauritius (MK). En tout cas, selon nos calculs, ces Rs 12 milliards correspondent presque exactement au capital du National Pension Fund (NPF). Ainsi, par ce tour de passe-passe, une compagnie privée, la MIC, prend la place du NPF sans que MK ne reçoive un seul sou. Rien qu’un transfert d’actionnariat. Pourquoi cette transaction ? Selon un ex-directeur de MK, le gouvernement voudrait qu’AHL soit le seul maître à bord et ne pas avoir à rendre des comptes au NPF, tout comme il ne veut pas s’encombrer des représentants d’Air France, d’Air India, de Rogers ou des petits actionnaires. Mais pourquoi donc ? «Il faut le demander au gouvernement.»
Pour un autre interlocuteur, banquier de son état, en rachetant les actions du NPF, le gouvernement ne veut ou ne peut mettre en péril l’argent des retraités. Donc, l’argent placé chez MK serait en péril ? avonsnous demandé. «Peut-être», nous répond le banquier. Pour l’ex-directeur de MK, qui rejoint en partie le raisonnement du banquier, «il est possible que le NPF ait besoin de ses sous. Le NPF qui ne reçoit plus de dividende de son énorme investissement dans MK veut probablement vendre ses actions au prix offert de Rs 5,80 avant que le prix ne tombe plus bas». Mais le NPF, c’est l’État, faisons-nous remarquer. «Oui», répond l’ancien directeur de MK. «Le gouvernement ne veut pas que ses aventures dans AHL aient quelque retombée négative sur les retraités, surtout avec l’introduction de la CSG, dont on ne sait pas trop si elle rapportera plus ou moins d’argent. En tout cas, tous les revenus sont les bienvenus pour l’État qui s’est engagé dans de vastes projets infrastructurels. Comme les revenus de la CSG et du NPF finiront au Consolidated Fund, tout excès servirait à des projets.»
Et les petits actionnaires ? Ceux ayant accepté l’offre de Rs 5,80 ontils été payés ? Quid de ceux qui ne l’ont pas acceptée ? Ne devraient-ils pas être payés quand même ? Selon Raj Ramlagun, personne parmi ces derniers n’a encore reçu de chèque. Pour les premiers, on ne sait pas. C’est pourquoi on pense que c’est Rs 25 milliards et non Rs 12 milliards qui ont été transférées de la MIC à AHL. Contactée à 15 h 38, hier, l’attachée de presse du ministère des Finances nous a demandé de lui envoyer nos questions en écrit. Ce que nous avons fait. Trois heures plus tard, elle nous envoie un message pour nous dire : «Please check with MIC.»
Sollicité, Jitendra Bissessur, CEO de la MIC, ne nous a pas répondu.
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