L’accès à l’eau potable fait partie des besoins essentiels. Pourtant, pour avoir manifesté contre les coupures dans la fourniture d’eau, les membres de quatre familles auraient pu vivre le réveillon en prison loin de leurs enfants.

Vendredi 31 décembre. Pas un vendredi 13 heureusement pour Darren Nadal et Cristella Rabaille. Ils font partie des quatre personnes arrêtées qui ont comparu au tribunal de Mahébourg en compagnie de l’activiste Bruneau Laurette et de la directrice du mouvement My Body, My Choice, My Voice, Julie Vranckx Lepert. Ces habitants de Bambous-Virieux sont descendus dans la rue, le dimanche 26 décembre, pour protester contre une pénurie d’eau qui durait depuis presque deux mois.

Arrêtés sous une charge d’illegal assembly, ils ont pu rentrer chez eux après avoir fourni une caution d’environ Rs 3 000 chacun – environ Rs 11 000 pour les quatre, somme payée généreusement par Bruneau Laurette, venu soutenir ces familles. Darren Nadal explique à sa sortie du tribunal qu’il aurait pu passer le réveillon loin de ses quatre enfants. «Si ti éna délo nou pa ti pou bizin manifesté nou. Kan dir péna, dan plas ékout nou rod ferm nou.» Néanmoins, c’est bien déterminé que cet homme est rentré chez lui et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne compte pas baisser les bras, si à l’avenir une autre injustice se faisait sentir.

Même son de cloche de Cristella Rabaille. Cette mère d’un enfant ne s’est pas laissé démonter, face à cette peine. Elle est consciente de mener un combat noble car, choisir entre rester sans eau avec son enfant ou revendiquer la justice, son choix a été vite fait. «On nous reproche d’avoir manifesté parce qu’il n’y avait pas d’eau. Pas d’eau !! La question qu’on doit se poser : s’il y avait eu une bonne fourniture d’eau, est-ce qu’on aurait manifesté surtout en période de fête et de grand nettoyage ? À qui la faute ?» Question qui ramène à une récente déclaration de Me Sanjeev Teeluckdharry, «Gouvernman ti dir vot zot pou donn délo 24/7. Sof ki aster zot pé donn délo 7/24.»

Bruneau Laurette, venu soutenir ces personnes, déplore cette attitude qu’il qualifie de répression du gouvernement. «C’est incroyable de vouloir emprisonner des personnes qui ont manifesté car ils n’ont pas d’eau depuis 57 jours. C’est de l’intimidation pour empêcher le peuple de revendiquer ses droits. Le gouvernement a failli dans son devoir de fournir de l’eau et c’est le peuple qui doit en faire les frais.» Il nous revient que le lundi 3 janvier, 25 autres personnes seront interpellées pour la même manifestation. Néanmoins, les villageois estiment qu’ils ont agi pour la bonne cause car après leur manifestation, la Central Water Authority a dépêché plus de cinq camions citernes pour les approvisionner en eau. Après tout, ne dit-on pas : «Il n’y a pas pire eau que l’eau qui dort…»