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Rapport de la banque centrale: Maurice n’est pas dans une situation d’instabilité financière

3 janvier 2022, 21:00

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Rapport de la banque centrale: Maurice n’est pas dans une situation d’instabilité financière

Les Mauriciens ont-ils des raisons de croire qu’en dépit des nombreux défis auxquels le pays a été confronté durant 2021, Maurice n’est pas sous le coup d’une instabilité financière ? La réponse à cette question, la Banque centrale a pris la précaution de la poster sur son site le 31 décembre dans un rapport de 86 pages au moment où toute la population était concentrée sur les célébrations de ce changement d’année. La réponse est que Maurice n’est pas en situation de faire l’expérience d’une instabilité financière.

Dans ce rapport intitulé «Financial Stability», les analystes de la Banque centrale ont examiné avec minutie l’état de situation de tous les facteurs et des acteurs du système financier et s’ils sont en mesure de résister aux chocs auxquels ils sont confrontés et disposent de suffisamment de capacité pour rebondir et corriger dans la mesure du possible les risques de déséquilibres financiers.

Un des principaux intermédiaires du système financier local, c’est bien entendu le secteur bancaire. Quel est donc le résultat de l’analyse dont ce secteur a fait l’objet dans le cadre d’un exercice effectué par rapport aux pers- pectives économiques et des implications de la stabilité financière en octobre et en novembre 2021 ?«Les principales conclusions indiquent que l’optimisme règne parmi les opérateurs de l’industrie bancaire par rapport à la capacité de reprise des activités économiques pour 2022 et que cette atmosphère d’optimisme verra une amélioration du niveau de profitabilité dans le secteur.» Le rapport souligne également que les risques de pertes par rapport à l’incapacité de sa clientèle d’honorer leurs obligations de remboursement seront stabilisés avec la possibilité d’enregistrer une amélioration au niveau de la valeur des actifs.

Plate-formes numériques

Deux soucis majeurs ont été évoqués. Il s’agit d’abord du climat que réserve la nouvelle année autour des risques associés généralement aux opérations bancaires. Il y a ensuite les risques inhérents aux opérations qui, de plus en plus, se font par le biais de plates-formes numériques où il va falloir toujours trouver une parade contre les fraudeurs qui ne manquent ni d’audace ni d’ingéniosité pour déjouer les barrières de protection de la sécurité bancaire. Ce sont deux types de souci répertoriés toujours selon le rapport de la Banque centrale sur la stabilité financière.

Autre intermédiaire du système financier et dont l’instabilité peut constituer un danger pour n’importe quel type d’économie, notamment celle de Maurice qui dépend des investissements étrangers pour la mise en place de sa politique de diversification économique. Il s’agit du secteur boursier. Dans ce segment également, les analystes de la Banque centrale n’y ont pas fait de constat qui donne à croire que le pire est à venir. Leur observation est que le marché financier a tiré profit de la reprise même si le niveau de la performance des principaux acteurs des plates-formes boursières est bien en deçà de leur niveau pré-Covid. Autre signe que ce secteur n’envisage pas de jours sombres est le fait que bon nombre d’actionnaires ont eu la joie de toucher un dividende après une longue période de sevrage.

Le rapport, cependant, n’évite pas de passer sous silence un facteur que tout marché boursier est susceptible de connaître devant un futur dont les contours ne sont pas visibles. Il s’agit de la tentation des investisseurs étrangers d’aller vers d’autres cieux plus rassurants dès qu’ils se rendent compte que les risques émergents peuvent impacter le retour sur investissements engagés à un degré auquel ils ne s’y attendaient pas. C’est ainsi que les analystes de la Banque centrale soulignent qu’en raison de cet élément spécifique, la performance de la Bourse était logiquement sous pression.

D’autres facteurs ont contribué à l’optimisme de la Banque centrale. Ce sont, respectivement, le marché financier global, les supports tant fiscaux que monétaires auxquels bon nombre de pays ont eu recours, la démonstration par l’économie en pleine relance de sa capacité à contenir les risques susceptibles de mettre à mal les fonde- ments sur lesquels repose la stabilité financière. En sus de l’effort déployé pour maintenir cette capacité de contenir les risques capables de provoquer une instabilité financière, les analystes de la Banque centrale invitent les responsables chargés d’élaborer les orientations en matière de politique monétaire à tenir compte de l’impact du changement climatique sur les activités économiques. Leur raisonnement repose sur le fait que les effets occasionnés par le phénomène qu’est le changement climatique risquent d’augmenter le niveau de vulnérabilité du secteur financier. D’où leur suggestion pour qu’une attention particulière soit accordée à ce segment du secteur financier dont les atouts seront directement affectés par les activités susceptibles de subir les effets du changement climatique.

Qu’en est-il donc de la posture de la roupie dans le jeu des taux de change entre devises, une roupie assujettie à une dépréciation inévitable surtout vis-à-vis du dollar américain, devise préférée des fournisseurs tant de service que des produits de consommation étrangers ?

Le rapport de la Banque centrale indique que le marché des devises est largement stabilisé grâce à une volatilité minime par rapport à l’écart qu’il peut y avoir entre la demande et l’offre en particulier pour le dollar américain. La Banque centrale explique qu’une telle situation résulte, en grande partie, de son intervention régulière sur le marché pour éviter un déséquilibre au détriment de la roupie mauricienne.

Forces du marché

Sa dernière intervention date du 24 décembre. Des billets verts d’une valeur de Rs 10 millions ont été vendus sur le marché des devises à Rs 43,10 le dollar. C’est ainsi que la valeur du dollar s’est stabilisée depuis le 27 décembre autour de Rs 43,55. Une situation qui assure que la valeur de la roupie par rapport au dollar ne subit pas, de façon excessive, les effets de la demande et de l’offre pour cette devise et ne risque pas d’enregistrer une dépréciation décidée unilatéralement par les forces du marché.

Et pour faire la démonstration que l’instabilité financière n’est pas à l’ordre du jour en ce début de 2022, les analystes de la Banque centrale soutiennent que, durant le second trimestre, l’économie mauricienne s’est offert une croissance réelle de 19,3 %. Une situation qui va se maintenir durant le troisième trimestre. Les analystes soulignent également que parmi les éléments qui ont contribué à l’émergence d’une telle situation se trouvent, entre autres, le soutien assuré tant par les autorités monétaires que fiscales, le renforcement des mesures visant à inciter la population à se faire vacciner et les signes évidents que les activités de certains secteurs clés se portent bien et se trouvent en pole position pour rattraper le retard accumulé et la relance du secteur du tourisme. Autant d’éléments, indiquent les signataires de ce rapport, sur la stabilité financière qui ont amené la Banque centrale à revoir le taux de croissance à 5 %.