Publicité
Xavier-Luc Duval: «Les Mauriciens continueront à s’appauvrir cette année»
Par
Partager cet article
Xavier-Luc Duval: «Les Mauriciens continueront à s’appauvrir cette année»
Depuis les élections générales fin 2019, notre roupie a connu une dévaluation accélérée…
En effet ! C’est du jamais vu. Perdre un quart de sa valeur vis-à-vis de la livre sterling, 21 % vis-à-vis de l’euro et 20 % contre le dollar en si peu de temps, c’est stupéfiant.
C’est le résultat d’une politique délibérée pour engendrer des milliards de profits pour la Banque de Maurice (BoM), car les actifs de la Banque centrale en devises réalisent automatiquement des gains artificiels sur la réévaluation. Ces «profits» sont ensuite versés au ministère des Finances.
En même temps, les recettes de la TVA à l’importation augmentent aussi par la même proportion que la dévaluation, ce qui ramène énormément d’argent à la MRA.
Qui sont les gagnants et les perdants ?
En sus du gouvernement et la BoM, tous les exportateurs de biens et services se trouvent eux aussi automatiquement beaucoup plus riches. C’est donc une politique ultra-capitaliste. Voyez les belles bagnoles sur nos routes…
…et les perdants ?
C’est la grosse majorité des Mauriciens, c’est-à-dire tous les travailleurs, les petits entrepreneurs et les pensionnaires, représentant 95 % de la population.
Quels sont les effets sur le coût de la vie?
Avec une dévaluation d’une telle ampleur, l’effet sur les prix est exponentiel. Car sur le nouveau coût CIF, il faut ajouter premièrement les 15 % de TVA mais aussi le pourcentage de marge de l’importateur et du distributeur. Un article qui coûte Rs 500 de plus à l’arrivée du produit peut augmenter de plus de mille roupies au supermarché.
Comme trois quarts de ce que nous consommons est importé, l’effet sur notre pouvoir d’achat est vraiment dévastateur.
Quid des subventions du gouvernement ?
Les subventions gouvernementales, en sus de la farine, du riz ration et du gaz ménager couvrent 300 autres produits.
Dans un supermarché typique, il y a plus de 40 000 produits. Donc la grande majorité des achats des Mauriciens auront connu une forte augmentation. De quoi réduire substantiellement le niveau de vie des familles de classe moyenne et celles au bas de l’échelle. Les Mauriciens continueront à s’appauvrir cette année aussi.
Que faire alors ?
Renverser le mouvement de dépréciation et engendrer une montée en valeur de la roupie aiderait à rétablir le pouvoir d’achat. Mais dans la conjoncture, ce serait impossible car cela engendrerait un énorme trou dans la Balance Sheet de la Banque centrale (en réduisant la valeur en roupies des actifs étrangers) et la mettrait en faillite. Néanmoins, nous devons exiger un arrêt immédiat de la politique de dépréciation menée conjointement par la BoM et le ministère des Finances.
Vu la faiblesse de la «Balance Sheet» de la Banque centrale, comment pourrat-elle défendre notre roupie, surtout après les Rs 158 milliards versées au gouvernement et à la MIC?
Une recapitalisation de la BoM, comme recommandé récemment par le Fonds monétaire international, est donc plus que jamais nécessaire. Mais les personnes qui nous gouvernent sont incompétentes et têtues. Un double défaut très dangereux pour notre pays. D’ailleurs on voit aujourd’hui l’optimisme béat de nos dirigeants qui croient toujours au chiffre irréaliste de 650 000 touristes sur 12 mois en pleine pandémie.
Publicité
Les plus récents