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Portraits: ma vie de Rodriguais
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Portraits: ma vie de Rodriguais
Alors que les élections régionales auront lieu le 13 février, que le «nomination day», jour de l’enregistrement des candidats, est prévu le 22 janvier, comment vivent les habitants de l’île surnommée la «Cendrillon des Mascareignes» ? Qu’en est-il du mode de vie, de l’accès à l’eau potable, à Internet ? Petite incursion dans le quotidien de ce coin du monde qui a su garder son authenticité.
L’avenir, dit-on, appartient à ceux qui se lèvent tôt. C’est le cas pour beaucoup de Rodriguais, planteurs, éleveurs ou pêcheurs, qui vivent au rythme de la nature et des marées.
Tandis que la tranquillité est perturbée par la campagne électorale, le Rodriguais lambda continue son train de vie. Le soleil se lève une demi-heure plus tôt à Rodrigues qu’à Maurice, même s’il n’y aucun décalage horaire officiel. Frédéric Romuald, habitant de Gravier, une des plus belles plages de l’Est de l’île, en profite rarement bien qu’il se réveille à 4 heures du matin. Cet homme de 31 ans est pêcheur depuis l’âge de 17 ans, mais il ne fait pas que ça. «Quand je me réveille, je donne à manger aux cochons, cabris et bœufs. J’en profite aussi pour faire sortir les moutons», raconte-t-il. Ce n’est que le début de sa journée.
Aussitôt terminé avec les animaux, il se rend au bord de la mer si la marée est basse pour pik ourit. Cette pêche ne dure que deux heures car il faut faire attention. La marée qui monte très vite risque de le surprendre. À 10 heures, il est déjà de retour. «Par la suite, je m’occupe de la maison et il faut déplacer les animaux qui sont au soleil, comme les moutons», explique-t-il. Le pêcheur-éleveur a un cheptel d’une trentaine de moutons et 17 cabris. Sa journée n’est pas terminée. Il surveille ensuite la marée pour aller pêcher des cordonniers les après-midi et des capitaines la nuit.
De l’autre côté de l’île, une femme connue pour ses vidéos live – malgré la connexion internet qui n’est pas toujours du gâteau – se lève également à 4 heures. Celle qui confectionne des pâtisseries est connue à Rodrigues comme Mimi-Doux et elle ne veut absolu- ment pas qu’on publie ses prénom et nom. «C’est un secret. Mimi-doux c’est mon pseudo», insiste-t-elle. Elle connaît bien les sucreries puisqu’elle confectionne des douceurs traditionnelles comme les gâteaux maïs, gâteaux manioc et la tourte rodriguaise. Elle fait aussi des gâteaux d’anniversaire et des compotes. À l’aube, elle prépare les différentes pâtes. «Je dois faire des livraisons à travers l’île après que mon fils est parti à l’école. Si je me réveille à 7 heures, je n’aurai pas le temps de tout faire. De plus, je dois me rendre souvent à la poste car j’ai aussi des commandes de l’île Maurice», confie-t-elle.
Les planteurs se réveillent aussi aux aurores. Nous appelons Alain, planteur de maïs dans l’Ouest. Il est pratiquement 16 heures, mais il ne répond pas. Quinze minutes plus tard, il revient vers nous et il est pressé. «J’aurais aimé vous raconter ma vie, mais il pleut. Je suis très occupé à ramasser l’eau de pluie», dit-il avant de raccrocher. Un moment de pluie est considéré comme une manne tombée du ciel. Planteurs ou pas, il est très commun pour les habitants de l’île de récolter l’eau de pluie pour l’usage domestique et l’irrigation. Si à Maurice, il y a des manifestations quand l’eau ne coule pas pendant 24 heures, à Rodrigues, ils attendent parfois des semaines.
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