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Quasi-collision de deux avions de MK: «Pilots are unhappy and this is not good»

19 janvier 2022, 20:00

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Quasi-collision de deux avions de MK: «Pilots are unhappy and this is not good»

La collision évitée de justesse entre deux avions d’Air Mauritius (MK) le 6 janvier dans l’espace aérien soudanais est trop sérieuse pour être prise à la légère. Alors qu’une enquête est en cours à MK, comme le veut la procédure, le département des opérations de la compagnie aérienne nationale a, quant à lui, émis, le 14 janvier, une piqûre de rappel des Procédures et vigilance dans l’Africa-Indian Ocean (AFI) Region, dans une Briefing Notice à l’intention des pilotes. Le but, peut-on lire : «minimiser le risque de séparation réduite (NdlR, entre deux appareils) dans la région AFI».

Toutefois, ces procédures figurent déjà dans le manuel des opérations comme nous le signalent ceux concernés du côté de MK. C’est-à-dire que les pilotes doivent connaître les spécificités des espaces aériens qu’ils survolent. Puis, quand un aiguilleur (Air Traffic Controller - ATC) leur donne un code transpondeur, cela ne veut pas dire qu’ils sont sous le contrôle radar de l’ATC.

Par ailleurs, dans l’espace aérien soudanais, ils doivent toujours signaler leur position aussi bien que tout changement d’altitude à l’ATC et, exceptionnellement, à tous les avions. Sans compter qu’ils ne doivent pas mettre à exécution aveuglément toute autorisation de l’ATC.

Cependant, des pilotes trouvent fort regrettable que la notice fait totalement abstraction de l’état émotionnel et psychologique des pilotes «qui sont à bout». Ils sont d’avis qu’ils ont été des boucs émissaires de l’administration volontaire de MK en se retrouvant aujourd’hui avec une réduction de 40-50 % de leur salaire, voire plus que ça, après la déduction de la taxe et de la Contribution sociale généralisée alors que d’autres ont tout bonnement vu leur contrat être résilié.

Du côté des pilotes, l’on concède qu’ils ont accepté une baisse de leur rémunération. Cependant, ce qu’ils n’ont pas accepté, c’est la façon dont ils disent être traités. «Hormis la baisse de 50 % du salaire, nous sommes toujours sous l’épée de Damoclès du congé sans solde de plus de dix mois jusqu’à présent pour certains. Et ça peut aller jusqu’à 18 mois. Pis, ne pas savoir à quel moment on peut être mis en congé sans solde équivaut à une incertitude et une peur au ventre à chaque fin de mois à la sortie du roster. On y pense tous les jours. Comment faire si cela m’arrive ? Aurais-je le temps de trouver un autre travail. C’est un stress constant», indique-t-on.

Pour revenir à la collision évitée de justesse entre deux aéronefs du transporteur national, un pilote témoigne : «MK fait cette route tous les jours depuis des années. On ne vient pas de découvrir l’Amérique. Il faut comprendre que MK n’a jamais perdu un avion ou eu un accident avec des blessés car MK a des professionnels dans le cockpit.»

Une chose pareille ne s’est jamais produite entre deux avions de MK. Il faut se poser la bonne question. On ne peut attendre une performance à 100 % de pilotes qui sont sous tension. Nous sommes des professionnels mais nous sommes humains avant tout. L’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne tout comme l’International Civil Aviation Organization recommandent un programme de soutien aux pilotes avec l’impact du Covid-19. D’autres compagnies dont les pilotes ont été moins affectés que ceux de MK ont mis en place ce qu’on appelle un peer support. Il n’y en a aucun à MK. «C’est business as usual alors que business is not usual. Pilots are unhappy and this is not good.»

Avec des pilotes dans l’incapacité de rembourser leur emprunt aujourd’hui, le stress s’est installé dans le cockpit où des professionnels ont, chaque jour, entre leurs mains la vie de centaines de passagers. «Ce n’est plus uniquement le problème des pilotes aujourd’hui mais celui de toute l’île Maurice si un accident grave venait à se produire. Des pilotes à bout est ce qu’on appelle dans le jargon un ‘hazard’. Tout ‘hazard’ doit être analysé et les risques potentiels étudiés. Cependant, MK n’accepte même pas que l’état psychologique et émotionnel de ses pilotes est un sérieux ‘hazard’. Et l’aviation civile dans tout ça ? Alors que couve la catastrophe, on espère que ceux aux commandes se réveillent. On ne peut plus laisser les pilotes travailler dans des conditions actuelles. Aujourd’hui on l’a échappé belle. Est-ce que demain on aura la même chance ?» fait-on ressortir chez MK.